Woody Allen en noir et rose ouvre le 69e festival de Cannes

Woody Allen en noir et rose ouvre le 69e festival de Cannes

Pas très chaude la Croisette, rhabillée depuis lundi, par le vent pas vraiment le sirocco et la pluie ! Dès l’aube, le ciel plombé par d’inquiétantes nuances cendrées incite à ne pas sortir sans son parapluie. Ainsi, on ne saurait trop conseiller à Fabrice Luchini qui, paraît-il, tourne plus volontiers dans le Midi que dans le Nord et à Catherine Deneuve personne n’a oublié qu’elle déclarait l’an dernier préférer vivre à Saint-Germain-des-Près qu’à Dunkerque de se munir d’une petite laine. Quant à l’idole des jeunes jamais avare de bons mots ce Johnny qui chante avec davantage d’entrain à Papeete qu’à Maubeuge, il n’a pas prévu de stationner sur la Croisette.

Il fait bon vivre sous le soleil du nouveau Woody Allen
Café Society (en salles dès aujourd’hui). Kristen Stewart et Jesse Eisenberg, ses jeunes et brillants interprètes, sentent bon le sable chaud. Dans sa nouvelle comédie romantique chargée d’inaugurer le 69e festival de Cannes, le cinéaste choisit de reconstituer le Los Angeles et le New York des années 1930. Avec faste et entrain, son sens de la fantaisie constamment menacé par des vagues de mélancolie.

Langue de bois devant la presse

Nul autre que lui n’est capable, sans qu’on ne trouve à y redire, de broder d’énièmes variations sur le triangle amoureux. Derrière une intrigue apparemment superficielle sur laquelle plane l’ombre du Francis Scott Fitzgerald de Gatsby le magnifique, armé de ses irrésistibles vieilles recettes, l’octogénaire misanthrope nous dit que «
l’amour sans retour fait plus de victimes que la tuberculose
».

Sa peinture d’un monde immoral duquel Dieu est absent, son regard sans aménité sur des personnages corrompus ou dépourvus d’idéaux, ne laissent aucun doute sur sa vision de l’humanité. Tout cela bien enrobé dans un écrin doré flattant les sens. Glamour toujours. Quel savoir-faire éblouissant !

Il fait toujours un peu étouffant dans la salle de conférences de presse fin prête mercredi en début d’après-midi à accueillir des jurés très appliqués à décliner les multiples nuances de ce qu’on appelle la langue de bois. Arnaud Desplechin lui-même ne se mouille pas en déclarant qu’il n’est pas là pour juger mais pour partager. Seul Donald Sutherland rompt la monotonie en brandissant son humour pince-sans-rire.

Bruno Dumont, quant à lui, a posé ses valises mercredi vers 15 h 30. Dix-sept ans après le sacre de L’Humanité, une décennie après Flandres, l’homme du Nord revient
narguer la meute festivalière avec son cinéma sans concession. Ce dont il sera question dans nos deux prochaines éditions.

Cannes au fil des jours: demandez le programme !

Dans onze jours, au crépuscule du dimanche 22, le nom de l’heureux détenteur de la nouvelle Palme d’or sera sur toutes les lèvres. Qui de Pablo Almodovar ou de Bruno Dumont, de Jeff Nichols ou d’Asghar Farhadi, pour ne citer que les plus courus, succédera à Jacques Audiard

Armons-nous de patience et sachons saisir les perches que nous tendent vingt et un cinéastes internationaux d’inspiration très différente. Certains Almodovar, Verhoeven, Dolan, Chan-wook sont allés puiser dans la littérature tandis que d’autres Dardenne, Nichols, Mungiu traquent leur inspiration là où se nichent les faits divers et de sociétés.

Certains Jarmusch, Dumont, Assayas, Refn sont plutôt de nature à faire flamber leur imaginaire et en récolter les braises. Il en est qui s’épanouissent dans la fantaisie. On en connaît d’autres à qui le mélodrame sied à ravir. À n’en pas douter, la tendresse et la cruauté, le sacré et le sordide vont se côtoyer.

Les secrets de famille, les relations parents-enfants, ces thèmes-là grimpent au rideau. Les histoires d’amour, celles qui défient les préjugés, celles qui se délitent, celles qui s’épanouissent, s’accrochent à la rampe. Les conflits, les actes de résistance et de rébellion sont toujours d’actualité. Toute la société d’hier, d’aujourd’hui et sans doute de demain servie sur un plateau d’argent.

Direction donc la Palme d’or. Avec, par ordre d’apparition sur les marches’

Jeudi 12 : Alain Guiraudie, Jodie Foster, Cristi Puiu.

Vendredi 13 : Bruno Dumont et Ken Loach.

Samedi 14 : Park Chan-wook et Steven Spielberg.

Dimanche 15 : Nicole Garcia, Andrea Arnold, Ryan Gosling

Lundi 16 : Jim Jarmusch et Jeff Nichols.

Mardi 17 : Pedro Almodovar et Olivier Assayas.

Mercredi 18 : les frères Dardenne et Brillante Mendoza.

Jeudi 19 : Cristian Mungiiu, Xavier Dolan et Iggy Pop.

Vendredi 20 : Sean Penn et Nicolas Winding Refn.

Samedi 21 : Paul Verhoeven et Asghar Farhadi.

Dimanche 22 : cérémonie de clôture et palmarès.

PHL.

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