Une employée fait un AVC à La Poste qu’elle poursuit pour mise en danger

Une employée fait un AVC à La Poste qu'elle poursuit pour mise en danger

«
Si ma hiérarchie avait prévenu les secours à temps, je n’aurais pas toutes ces séquelles. Mais si mon collègue n’avait pas insisté pour que je sois secourue, je ne serais plus là pour vous en parler.
» D’une voix calme, E. B., 25 ans, mère de deux enfants, raconte sa terrifiante histoire. Le 19 février, cette jeune femme employée en CDD à la plateforme de distribution du courrier de Villeneuve-d’Ascq, appelle son chef pour signaler qu’elle ne se sent pas bien et qu’elle ne pourra pas venir travailler. Le cadre insiste, tant et si bien que la jeune femme se sent forcée de prendre son poste. «
Vers 6h40, je me suis sentie très mal, je suis allée plusieurs fois dans le bureau de l’encadrant qui m’a dit :
Finis ton travail, on appellera les pompiers tout à l’heure.
»

Paralysie partielle de la jambe

À 9 h 30, un collègue s’alarme de son état et somme les responsables d’appeler les secours. «
Ils m’ont répondu que je n’étais pas médecin, je me suis énervé et j’ai appelé les secours
», témoigne Stéphane (prénom d’emprunt). La victime sera finalement prise en charge par une ambulance privée. Elle subira un IRM à l’hôpital qui révélera son AVC avant d’être placée en soins intensifs. Depuis, elle est partiellement paralysée de la jambe gauche et subit un traitement très lourd ainsi que des séances de kiné quotidiennes. Membre du CHSCT, Stéphane demande la tenue d’un comité extraordinaire de cette instance pour mise en danger de la vie d’autrui. Et c’est là que les ennuis ont commencé pour lui. «
Je me suis retrouvé en suspension de fonction et en retrait de service. J’ai sauvé la vie de quelqu’un et je perds mon travail
», témoigne celui qui se dit psychologiquement abattu. Pire, le postier a fait 30 heures de garde à vue après une plainte de sa hiérarchie pour harcèlement.

Une plainte déposée

«
Ils veulent l’écarter tout simplement parce qu’il a mis le doigt sur une défaillance
», estime Virginie Stienne-Duwez son avocate. Stéphane est passé en conseil de discipline et pourrait être muté.

La victime a, quant à elle, déposé plainte pour non-assistance à personne en danger. Me Kazmierczak, son avocat, envisage d’engager une procédure devant les prud’hommes. L’inspection du travail a saisi le procureur de la République à Lille. De son côté, la direction régionale de La Poste prétend que c’est un encadrant qui a alerté les secours.

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