Un Roubaisien raconte sa s’ur partie épouser un combattant de Daech en Syrie

Un Roubaisien raconte sa s'ur partie épouser un combattant de Daech en Syrie

Il veut l’appeler Leïla. Pour ne pas donner son vrai prénom, et épargner sa famille. «
C’est un cauchemar, une vraie traversée du désert
», souffle-t-il. Membre d’une fratrie de six enfants, Amine Elbahi était particulièrement proche de sa s’ur aînée, qui a un an et demi de plus que lui. Pour autant, il n’a pas vu grand-chose venir.

Issu d’une famille de culture musulmane, pratiquante uniquement pour les grandes occasions, il avait tout de même remarqué que Leïla s’intéressait à la religion. Elle s’est d’abord acheté L’islam pour les nuls, puis un tapis de prière, puis un voile. «
Ça ne me posait pas plus de problème que ça, à part que je me demandais ce qu’elle pouvait penser de moi
», confie Amine. Il apprendra plus tard que dès qu’elle sortait de la maison, sa s’ur revêtait le niqab, le voile intégral. Qu’elle fréquentait deux mosquées roubaisiennes, un peu Da’Wa (Alma) et surtout Abou Bakr (Pile), où elle a assisté en 2013 aux prêches de deux prédicateurs saoudiens en théorie interdits de séjour en France.

Incitée à partir en Syrie depuis une mosquée roubaisienne

«
J’avais confiance dans cette mosquée, parce que c’est une institution reconnue. J’ai appris plus tard que c’est là qu’elle a rencontré les personnes qui l’ont incitée à partir en Syrie !
», raconte-t-il. C’est via ses personnes qu’elle a pu acquérir des livres d’un genre différent de L’islam pour les nuls. Des livres violents, interdits en France, qui incitent à migrer pour le « califat ».

Tout cela, la famille d’Amine Elbahi l’a bien entendu découvert après le départ de Leïla. Jusque-là, elle se gardait bien d’éveiller les soupçons : quelques jours avant de partir, elle avait même critiqué les exactions de l’État islamique lors d’un repas familial. Et puis le 28 août 2014, elle a quitté les siens alors qu’elle n’a que 19 ans. «
Elle est partie au marché de Wazemmes, elle m’a dit au revoir, elle n’est jamais revenue. L’après-midi même, elle était en Turquie
», se souvient le jeune Roubaisien.

Le fil ne s’est jamais rompu

Sa famille a assez vite compris. Des contacts ont été noués, via Twitter, sur lequel Leïla possède un compte où elle vante les mérites du califat et attaque les «
mécréants
». Le fil ne s’est jamais rompu, malgré des périodes de coupure forcément angoissantes. La jeune femme a habité à Raqqa, le fief de Daech, avant de déménager plusieurs fois. Elle vivrait aujourd’hui dans la région d’Alep. «
Elle a épousé un combattant là-bas, on ne sait rien de lui à part que lui aussi est français
», raconte Amine. Le couple vient d’avoir un garçon, il y a quelques mois.

Le jeune homme continue de dialoguer avec sa s’ur, via WhatsApp. «
Quand je lui parle, je ne la juge pas même quand elle me dit qu’elle veut mourir en martyr. J’essaie de savoir ce qu’elle fait, de lui parler de ce qu’elle aimait à Roubaix, de ses amies, de ses lieux préférés.
» Sa manière à lui de continuer à avoir une relation avec sa grande s’ur.

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