Un Dunkerquois de 21 ans en voie de radicalisation condamné pour avoir recueilli deux mineurs

Un Dunkerquois de 21 ans en voie de radicalisation condamné pour avoir recueilli deux mineurs

Sorti de prison le 28 décembre, Vincent Guillère comparaissait devant le tribunal de Dunkerque, ce jeudi. Le Dunkerquois répondait de faits de soustraction de mineurs, un garçon de 16 ans et une adolescente de 14 ans. Deux jeunes gens qui ne se sont jamais rencontrés mais qui ont en commun d’avoir été mis en relation avec le prévenu par un certain Nadir, via Facebook.

Sur Internet, le Dunkerquois au parcours chaotique se fait appeler Hicham et a pris le nom de jeune fille de sa mère, chez qui il vit, à Hazebrouck, depuis sa sortie de prison. Il s’est converti à l’islam. Et a entamé une procédure pour changer de prénom. Sur son compte, le jeune homme publie des photos de soldats armés de l’État islamique et tient, selon le tribunal, des propos radicaux sur le djihad. Des écrits de nature à «
retourner la tête
» de l’adolescente avec qui il est parti à Paris, estime le parquet.

C’était le 1er mars. Ce jour-là, l’Hazebrouckoise ne se rend pas au collège. Elle disparaît. Quelques jours plus tôt, son père et sa belle-mère ont été alertés par la marraine de l’adolescente de ses relations peu fréquentables sur Facebook. Elle serait la petite amie dudit Hicham, âgé de 21 ans. La belle-mère de la jeune fille remonte jusqu’à lui. Au téléphone, Vincent-Hicham dit être en déplacement et ne pas savoir où se trouve la collégienne. Ils sont en fait à Paris, où le Dunkerquois allait acheter des livres sur l’islam. Il n’aurait emmené la demoiselle que parce qu’elle le « collait ». Le duo est interpellé par les policiers le soir même à la gare de Laon, sur alors qu’il regagne le Nord. À propos du retour, les versions divergent : selon elle, ils n’avaient pas d’argent pour aller à l’hôtel ; selon lui, il aurait insisté pour que la jeune fille, qu’il dit violentée par son père, rencontre un éducateur’

Le prévenu nie aussi toute relation amoureuse et assure ne pas connaître son âge. Des échanges de SMS prouvent le contraire (lire ci-dessous). Lui, se contentait de dire son mal-être à vivre en France, un pays avec lequel il n’est pas en phase en raison de ses lois, de ses concepts (comme le mariage gay) ; elle, a dit son intention de partir en Syrie «
un pays où il y a plus de libertés (‘),
un pays sans racisme où l’on s’occupe des pauvres
». Son envie, aussi «
d’apprendre des trucs de musulmans
».

Il n’aurait cependant pas parlé religion avec l’autre mineur concerné par cette affaire, un fugueur de 16 ans hébergé à douze reprises. Le prévenu a eu beau dire qu’il voulait éviter aux ados des violences ou de dormir dehors, il a été condamné à huit mois de prison ferme auxquels s’ajoutent deux mois en raison de la révocation d’un sursis. Il a été maintenu en détention.

Des SMS qui en disent long

Le prévenu a expliqué aux enquêteurs que le concept occidental de petite amie était incompatible avec sa foi. Des SMS échangés avec celle dont le père a déposé plainte pour soustraction de mineur (sans fraude ni violence) tendent à prouver le contraire :

‘ Lui : « Tu vas devenir une ado puis une femme. Je te love jusqu’à la fin du monde commence à t’intéresser au Coran ».

‘ Lui : « T’es la mieux, je kifferais trop que t’aies mon âge et j’me serais mis direct en appart avec toi ».

‘ Elle : « Tu es le garçon que j’ai attendu pendant quatorze ans. Aujourd’hui je t’ai trouvé. »

Il interdisait à l’adolescente de poser le regard sur un autre homme que lui.

Le gang des barbares de Dunkerque

Le passé de Vincent Guillère n’a pas joué en sa faveur. Le prévenu avait quinze condamnations à son actif, principalement pour dégradations, violences, outrages.

Lors de l’audience, et comme le veut la procédure, le tribunal a épluché son casier. Un passage imposé pas du goût du prévenu. Il faut dire que le jeune homme était impliqué dans l’affaire dite du « gang des barbares de Dunkerque ».

Le 29 mars 2012, un jeune homme avait été entraîné dans une cave de la rue Poincaré, où il avait subi toute une série de sévices sans réel motif.

En 2013, Vincent Guillère, encore mineur, avait été condamné à une lourde peine par le tribunal pour enfants.

Il n’avait pas eu à retourner en prison, ayant purgé sa peine dans le cadre de la détention provisoire.

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