Uber va verser 100 millions de dollars pour clore des recours collectifs de ses chauffeurs

Uber va verser 100 millions de dollars pour clore des recours collectifs de ses chauffeurs

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Uber évite le pire. Menacée par deux class action (recours en nom collectif) qui auraient pu remettre en cause son modèle économique, la société américaine de transport urbain vient de trouver un accord à l’amiable avec les plaignants. Celui-ci « reconnait que les chauffeurs doivent rester des travailleurs indépendants, et non des employés », se félicite Travis Kalanick, son fondateur et patron. En échange, Uber va verser jusqu’à 100 millions de dollars à quelques 385 000 chauffeurs en Californie et dans le Massachusetts.

DÉSACTIVATION

Dans le cadre de ce règlement à l’amiable, l’entreprise de San Francisco a également accepté de modifier ses conditions d’utilisation. Elle s’est notamment engagée à ne plus désactiver les comptes des chauffeurs qui refusent trop souvent des courses. Jusqu’à présent, Uber pouvait mettre un terme à une collaboration sans explication ni avertissement. Désormais, la société avertira les chauffeurs. « Si les choses ne s’améliorent pas, nous pourrons les déconnecter de l’application pendant une période limitée », explique M. Kalanick.

La class action californienne était la plus menaçante pour Uber. Fin 2015, le juge Edward Chen, en charge de la procédure, avait accepté de l’ouvrir à tous les chauffeurs californiens ayant utilisé la plate-forme depuis 2009. Un procès était prévu pour le mois de juin pour déterminer le statut légal des conducteurs. « Si nous gagnons, nous avons l’intention de faire appel du jugement limitant cette affaire au seul Etat de Californie », avait prévenu l’an passé Shannon Liss-Riordan, l’avocat représentant les plaignants.

NI SALAIRE, NI AVANTAGE SOCIAL

Pour Uber, ses chauffeurs agissent en tant qu’indépendants car ils sont libres de travailler quand ils le souhaitent. Ils ne perçoivent donc pas de salaire fixe, mais sont rémunérés en fonction des trajets effectués. Et ils ne bénéficient aussi d’aucun avantage social : ni assurance santé, ni retraite, ni chômage, ni congés payés’ Ce statut est au c’ur du modèle économique d’Uber ; en limitant ses embauches, la plate-forme contrôle ses coûts et peut ainsi être bien moins chère que les taxis.

Le groupe se présente en effet comme une simple plate-forme technologique, mettant uniquement en relation ses chauffeurs avec des passagers. Il ne jouerait ainsi qu’un rôle d’intermédiaire, rémunéré par le prélèvement d’une commission. « Les chauffeurs utilisent Uber comme ils le souhaitent », faisait-il valoir. Les revendications des plaignants « sont contraires à la volonté de nombreuses personnes qu’ils assurent représenter mais qui ne souhaitent pas être salariées », ajoutait-il.

« AVANCÉES SIGNIFICATIVES »

A l’inverse, les plaignants estimaient qu’ils auraient dû être considérés comme des salariés de la société, et donc qu’elle aurait dû leur verser un salaire garanti, cotiser pour leur retraite et leur couverture santé, et leur rembourser les frais d’essence, d’assurance et de maintenance de leur véhicule. En juin, la commission du travail de Californie s’était prononcée en défaveur d’Uber. Elle l’avait ainsi condamné à rembourser plus de 4 000 dollars de frais annexes à une conductrice.

Une défaite judiciaire en Californie aurait eu d’importantes répercutions pour Uber, qui n’est pas encore rentable malgré sa valorisation de 62,5 milliards de dollars. D’autant plus qu’elle aurait aussi pu faire jurisprudence dans d’autres Etats américains. « Certains seront déçus par l’absence de procès, reconnaît Mme Liss-Riordan. Mais cet accord à l’amiable fournit des avancées significatives qui vont améliorer les conditions de travail des chauffeurs ». Le juge Chen doit encore approuver ce règlement à l’amiable.

Photo: Alper Cugun

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