Trump et les républicains , la détente à défaut d’un soutien

Trump et les républicains , la détente à défaut d'un soutien

Donald Trump et les responsables du Parti républicain ont entamé, jeudi 12 mai, les premiers pourparlers à Washington en vue de mettre fin aux profondes divisions internes et bâtir un front commun contre la démocrate Hillary Clinton.

Dans un communiqué conjoint Donald Trump et Paul Ryan, l’homme fort du Congrès, président de la Chambre des représentants (« speaker ») et la personnalité républicaine la plus éminente ayant refusé à ce jour de soutenir formellement le candidat à la présidentielle, ont fait état des progrès dans le rapprochement :

« Les Etats-Unis ne peuvent pas se permettre quatre années supplémentaires d’Obama à la Maison Blanche, or c’est ce qu'[une élection d’] Hillary Clinton représenterait. C’est pourquoi il est crucial que les républicains se rassemblent autour de nos principes communs, promeuvent un programme conservateur, et fassent tout leur possible pour gagner cet automne. Bien que nous soyons honnêtes sur nos différences, nous avons constaté qu’il existait aussi de nombreux terrains d’entente. Il s’agissait de notre première rencontre, mais ce fut une étape très positive vers le rassemblement. »

Aucun des participants n’a expliqué ce qu’étaient les « principes communs », mis à part leur opposition à Hillary Clinton et Barack Obama.

La rencontre s’est tenue dans les locaux du Parti républicain, sous l’égide de son président, Reince Priebus, qui, fataliste, s’est rallié assez rapidement à Donald Trump. Des dizaines de manifestants démocrates cernaient l’immeuble. Un peu plus tard, Donald Trump s’est rendu de l’autre côté de la colline du Capitole pour voir les responsables républicains du Sénat lors d’une réunion qualifiée de « très constructive » par le chef de la majorité, Mitch McConnell.

Avec Donald Trump, ils ont discuté de principes, tels que la séparation des pouvoirs, l’interprétation de la Constitution, l’avortement, et le rôle de la Cour suprême ; des sujets chers aux conservateurs, et sur lesquels Donald Trump a envoyé des signaux contradictoires dans le passé. Paul Ryan a ajouté qu’il présiderait bien la convention d’investiture de Cleveland, du 18 au 21 juillet, comme les règles le prévoient, à la demande du candidat, et lui a apporté son soutien, du bout des lèvres.

Avant de quitter la capitale fédérale, le candidat a commenté sur Twitter : « Très bonne journée à Washington avec Paul Ryan et les chefs républicains. Les choses se passent très bien ! » Il a exprimé la même satisfaction après sa rencontre au Sénat.

Paul Ryan joue une carte personnelle

Paul Ryan, auquel les observateurs politiques prêtent des ambitions pour la présidentielle, n’a pourtant pas exprimé son soutien à Donald Trump. Interrogé sur la question, le « speaker » est resté évasif, se contentant de dire que la rencontre avait été encourageante.

L’unité « ne se fera pas en quarante-cinq minutes », a prévenu Paul Ryan. « Personne n’ignore que Donald Trump et moi avons des divergences. Nous avons parlé de ces divergences aujourd’hui, a-t-il expliqué. Je pense que nous creusons un sillon en vue d’une unité. »

Pour le président de la Chambre des représentants, la question est de savoir quelle conséquence pourrait avoir un soutien explicite à Trump sur son image de chef de file conservateur, qu’il cultive depuis plusieurs années et sur laquelle il mise probablement pour 2020.

La résistance de M. Ryan pourrait en outre lui permettre de négocier un socle de principes et peut-être de propositions précises, afin d’éviter le délitement des républicains à l’approche de la présidentielle. En ne précipitant pas son ralliement, il facilite la transition du Parti républicain au sein duquel beaucoup restent consternés par la personnalité et les idées de Donald Trump, notamment sa proposition en décembre de fermer les frontières aux musulmans. Donald Trump a d’ailleurs expliqué mercredi que ce n’était « qu’une suggestion », au micro de la radio Fox News.

L’équipe de campagne de Trump estime, elle, que le soutien de Paul Ryan est secondaire et fait valoir que l’essentiel, ce sont les dix millions d’électeurs que le candidat a déjà rassemblé depuis le début des primaires.

A ce stade, la perspective d’un candidat dissident à la présidentielle pour sauver l’honneur conservateur s’estompe. Beaucoup de républicains veulent sauver les meubles et conserver la fragile majorité républicaine au Sénat, les législatives ayant lieu en même temps que la présidentielle. La majorité à la Chambre est en revanche solide.

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