Tourcoing , privés d’ascenseur depuis quatre mois des locataires se sentent abandonnés

Tourcoing , privés d'ascenseur depuis quatre mois des locataires se sentent abandonnés

«
Compter le nombre de marches Non. J’évite, ça me fatiguerait encore plus
», sourit Marie. Alors, on a compté pour elle : 88 marches que la jeune femme emprunte à raison de huit fois par jour. Chaque jour, elle monte et descend la bagatelle de 704 marches. «
C’est pour ça que tout le monde me dit que j’ai maigri, sourit la jeune femme. Et encore, huit fois, ce n’est que pour emmener ou aller chercher mes enfants à l’école.
»

Depuis février, la vie de cette habitante, déficiente visuelle, a viré au calvaire quand l’ascenseur de sa résidence est subitement tombé en panne. Elle vit au cinquième. «
Il y a eu des fuites d’eau au niveau du toit, raconte une autre locataire. De l’eau a coulé dans la cage d’ascenseur. Il y a eu un court-circuit. L’ascenseur est hors-service
».

Depuis près de quatre mois, les habitants montent et descendent inlassablement les escaliers de cet immeuble flambant neuf. «
Moi, je ne vois plus grand-chose. Je suis aveugle d’un il et j’ai moins un dixième au second. Mais heureusement, les cages d’escalier sont bien éclairées, il y a des fenêtres et j’ai réussi à prendre mes marques pour ne pas chuter
».

Le système D se met en place

Qui plus est, le centre social de Belencontre, ce quartier de Tourcoing, a mis à disposition des «
hommes en bleu
». Des personnes habillées de chemises turquoise qui aident les habitants en galère. Le service «
solidarité voisinage
», pour des aides au quotidien tourne également à plein régime. «
Mais ces hommes en bleus ne sont pas toujours là, grince Marie. Et les jours où ils sont présents, ils sont là de 10 heures à midi et de 14 heures à 16 heures. Jamais les week-ends. Pourtant c’est bien le week-end qu’on fait nos courses et qu’on aurait besoin d’eux
».

Alors le système D se met petit à petit en place. Le fils de l’un qui aide la voisine. Le mari de l’autre qui monte les courses trop lourdes. «
Certains locataires laissent leurs packs d’eau dans le coffre de leur voiture, sur le parking et ils remontent des bouteilles deux par deux. Moi, je fais mes courses petit à petit
».

À ce petit jeu, il ne faut pas oublier d’acheter une course ou un paquet de cigarettes. «
Plusieurs fois, je me rends compte que j’ai oublié un truc. Tant pis, ça attend le lendemain
», en rigole une habitante. Mais les rires sont de courte durée.

Se sentant abandonnés par leur bailleur Vilogia, les habitants souhaitent se faire entendre et envisagent de déposer une pétition en mairie de Tourcoing, sur le bureau de Gérald Darmanin, le premier magistrat. La dernière marche

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