Tintin au pays d’Apple

Tintin au pays d'Apple

La société qui gère les droits dérivés d’Hergé a passé un accord avec Apple pour proposer « Tintin au pays des soviets » en version numérique sur iPhone et iPad.

Les tintinophiles ont cette semaine au moins deux motifs de crier au sacrilège. Une version colorisée de Tintin au pays des soviets, la première aventure du célèbre reporter est ainsi sortie, mercredi 11 janvier, en France, en Belgique, en Suisse et au Canada. Même réussie sur le plan technique, la publication post mortem, sous le nom d’Hergé d’un album qu’il n’a pas signé suscite en toute logique une polémique. Opposé à cette décision de Casterman et des Editions Moulinsart, le dernier secrétaire particulier d’Hergé, Alain Baran, juge ainsi que « le respect de toute uvre due à ce créateur impose qu’elle restât dans l’état où celui-ci l’a laissée ».

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Autre nouveauté, à la faveur d’un accord signé avec Apple, cet album est proposé depuis mercredi en version numérique et en trois langues (français, anglais et néerlandais) sur iPhone et iPad par le biais de l’iBooks Store. « Un moyen de toucher un plus grand public, moins tintinophile », selon Yves Février, directeur multimédia de Moulinsart la société anonyme belge qui gère les droits dérivés d’Hergé. Nick Rodwell, administrateur délégué de Moulinsart, est persuadé de pouvoir séduire « les plus jeunes, qui aiment zapper ». Mais là encore, les puristes sont bien obligés de constater que lire une double page de bande dessinée sur un téléphone altère forcément l’intégrité de l »uvre originale puisqu’il n’est possible de lire que case par case. « Le livre reste la bible, reconnait M. Rodwell, mais si vous n’êtes pas dans le numérique vous n’existerez plus très rapidement. »

« Le numérique est inéluctable »

« Si les résultats sont satisfaisants, les vingt-quatre albums de Tintin seront disponibles sur l’iBooks Store », affirme M. Février. La stratégie avec Apple n’est pas exclusive puisque Tintin est aussi disponible sur Google Books. En revanche, aucun accord n’a été signé avec Amazon et Izneo, le premier portail de distribution spécialisé en bande dessinée en Europe codétenu par la Fnac. Si les aventures de l’éternel jeune reporter qui fête quand même ses 88 ans ont permis de vendre plus de 230 millions d’albums traduits dans 80 langues ou dialectes, le numérique reste anecdotique.

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Le chiffre d’affaires de la BD dans le digital « ne représente que 1 % du marché », selon Claude de Saint-Vincent, directeur général de Média Participations (Dargaud, Dupuis, Le Lombard’) et président d’Izneo. « On peut se désoler ou se réjouir que cela aille aussi lentement parce que l’on vend quand même des albums à côté, mais le numérique est inéluctable », dit-il.

Moulinsart, qui défend avec une ardeur farouche les intérêts des héritiers Hergé, veille sur une autre échéance, cinématographique cette fois. Si Paramount, Steven Spielberg et Peter Jackson ne souhaitent pas donner de suite au premier film (Le Secret de la Licorne, 2011) qui n’a rapporté « que » 374 millions de dollars avec un budget initial dépassé de 200 millions, alors, la société belge récupérera ses droits fin 2018.

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