Terrorisme , les forces d’intervention sur le qui-vive

Terrorisme , les forces d'intervention sur le qui-vive

Le Monde
| 10.06.2016 à 06h37
Mis à jour le
10.06.2016 à 08h58
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Par Julia Pascual

Pour les forces d’assaut spécialisées dans le ­contre-terrorisme, l’Euro 2016 est un rendez-vous de première importance. Pendant plus de quatre semaines, les policiers du RAID (Recherche, assistance, intervention, dissuasion), de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) ainsi que les gendarmes du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) seront lourdement mobilisés.

Tous seront prêts à intervenir en cas d’attaque majeure et ils seront aussi au contact des sélections nationales dont ils assureront la protection rapprochée. Le principe était déjà à l »uvre lors des deux grandes dernières compétitions sportives organisées dans l’Hexagone, la Coupe du monde de football en 1998 et celle de rugby en 2007. Mais « la problématique terroriste n’avait pas alors la même acuité », rappelle le colonel Hubert Bonneau, commandant du GIGN.

Les attentats de janvier et de novembre 2015 ont rendu la menace « plus élevée que jamais », ainsi que le répète le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve. En outre, les interventions des groupes d’élite à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Dammartin-en-Goële, au Bataclan ou à Saint-Denis, ont pu mettre en lumière les rivalités existantes entre les différentes unités.

Depuis, Bernard Cazeneuve a remis à plat l’emploi des forces d’assaut. Un schéma national d’intervention, rendu public en avril, tend à clarifier les zones de compétences de chacune d’elles et leur éventuelle coordination en cas de crise majeure.

A chaque unité son équipe star

La protection rapprochée des vingt-quatres équipes a par ailleurs été répartie à parts égales entre la police et la gendarmerie, comme à l’accoutumée. Chaque unité a sa « pépite » : au RAID, l’équipe de France, et au GIGN, les champions du monde allemands.

C’est, en revanche, inédit : la BRI, qui dépend de la Préfecture de police de Paris, aura pour la première fois la responsabilité d’escorter une sélection. Ce sera l’Espagne, qui a remporté la précédente édition de la compétition, en 2012. Une façon de récompenser l’action de ses hommes au Bataclan, le 13 novembre 2015 ‘ Quoi qu’il en soit, cinq hommes de l’unité sont actuellement positionnés sur l’île de Ré (Charente-Maritime), où se trouve le camp de base de la Roja. Ils parlent espagnol, sont aguerris et, accessoirement, aiment beaucoup le football.

Pour protéger une équipe et son staff les « prendre en compte », dans le jargon , « on s’inscrit dans un dispositif global », souligne le colonel Bonneau. Sur le camp de base, en déplacement ou dans les hôtels de transfert, les hommes du GIGN seront « en liaison avec l’organisateur et les services territoriaux », qu’il s’agisse de gendarmes ou de policiers départementaux, de la police aux frontières ou de la gendarmerie des transports aériens.

Tout au long de la compétition, leur présence est permanente et la plus discrète possible. « C’est très lourd, tout le monde a conscience des enjeux, poursuit le patron du GIGN. Ça dépasse le bodyguard’ [garde du corps]. On anticipe les mouvements de la délégation, on vérifie par exemple que l’hôtel de transfert a été sécurisé, que le terrain d’entraînement a été visité’ »

Chaque équipe sera protégée par trois hommes du GIGN et un officier de liaison a minima. L’effectif peut monter à six hommes pour les équipes sensibles. Pour le GIGN, il s’agit de l’Allemagne, de la Belgique et du Portugal. Une analyse des risques a été menée par l’Unité de coordination de lutte antiterroriste (Uclat), notamment selon l’engagement des Etats au sein de la coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI) , et une « cotation » des équipes en découle. Le dispositif de sécurité privé des sélections reste à la discrétion de celles-ci, de même que le choix de privatiser tout ou partie des hôtels dans lesquels elles résident.

« Travail en amont »

Il n’en demeure pas moins que « depuis six mois, il y a un travail en amont ». « Tous les endroits ont été visités par nos équipes, ont fait l’objet d’un audit et d’un dossier d’objectif, précise le colonel ­Bonneau. On a les plans, on connaît l’épaisseur des murs, le sens d’ouverture des portes’ »

Le deuxième volet de la mission qui incombe aux forces d’intervention et certainement le plus sensible réside dans leur préparation à une crise majeure. Toutes seront notamment prépositionnées les jours de match : le RAID est compétent sur sept stades, dont le Stade de France, le GIGN sur les stades de Toulouse et de Saint-Etienne, tandis que la BRI aura le Parc des Princes en ligne de mire. Quinze de ses hommes seront prêts à déclencher un assaut lourd.

Les fan-zones ont également été réparties, notamment en fonction de la présence d’antennes régionales du RAID et du GIGN. Celle de Paris, située au Champ-de-Mars, sera du ressort de la BRI, qui prépositionnera une équipe de huit hommes pendant les heures d’ouverture et à quelques mètres à peine.

En plus de ces effectifs, les dispositifs d’alerte « classiques » continuent de fonctionner. Au siège du GIGN, à Satory (Yvelines), vingt-cinq personnes peuvent être mobilisées en quinze minutes, tandis qu’à la BRI, au 36, quai des Orfèvres, quinze hommes sont « projetables » en vingt minutes. « La plaque parisienne étant d’une sensibilité très forte, nous sommes prêts à compléter les dispositifs », précise encore le colonel Bonneau.

Julia Pascual

Des heurts entre supporteurs anglais et jeunes marseillais

Environ 200 supporteurs anglais ont été dispersés à l’aide de gaz lacrymogène par la police, dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 juin à Marseille. Les forces de l’ordre sont intervenues après que des heurts ont éclaté entre les Anglais rassemblés autour d’un pub et des jeunes gens de la ville. Le match Angleterre-Russie est programmé samedi 11 juin, à 21 heures, au Stade Vélodrome. Entre 300 000 et 500 000 supporteurs britanniques sont attendus en France durant l’Euro 2016. Comme d’autres pays, le Royaume-Uni a délégué des policiers pour aider leurs homologues français à identifier les potentiels hooligans.

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