Si le sexe était aussi médicalisé que l’accouchement ce serait beaucoup moins drôle

Si le sexe était aussi médicalisé que l'accouchement ce serait beaucoup moins drôle

Le Monde
| 16.05.2016 à 09h39
Mis à jour le
16.05.2016 à 12h15
|

Par Anne-Aël Durand

Le jeune couple arrive dans une salle d’hôpital, entouré d’un médecin et d’une femme en blouse verte qui s’empressent de prendre leur température, de vérifier leur rythme cardiaque, de leur faire enfiler des pyjamas.

Alors qu’ils se lancent timidement dans les préliminaires, ils sont interrompus en permanence par un membre du corps médical :

pour que la femme se mette dans la bonne position (allongée sur le dos ou les pieds dans les étriers),pour que l’homme effectue les bons mouvements (« 1, 2, 3, poussez ! Non, pas comme ça ! »),pour imposer des perfusions sans consentement.

Autant d’interventions qui entravent toute spontanéité.

Gabriella Pacini, sage-femme et présidente de l’association, explique l’objectif de ce court-métrage de sept minutes :

« La comparaison avec le sexe, basé sur des réalités hormonales, aide à la fois les hommes et les femmes à mieux comprendre le problème suscité par les mauvais traitements et le manque de respect autour de la naissance. »

Tourné avec des « bouts de ficelle », le film a obtenu une mention spéciale au Docscient International Scientific Film Festival en 2014 pour sa « surprenante capacité à poser des questions sur certains paradigmes scientifiques en utilisant un récit génial, paradoxal et extrêmement efficace ».

Le film rappelle que la plupart des accouchements dans les pays occidentaux, en Italie mais aussi en France, se déroulent dans de telles conditions médicalisées : position imposée pour les femmes, monitoring permanent du rythme cardiaque f’tal, interdiction de boire et de manger durant les longues heures qui précèdent la naissance, perfusions d’hormones de synthèse (ocytocine) pour accélérer le travail.

Selon un guide publié par l’OMS, « dans le cadre d’une naissance normale, il faut une raison valable pour intervenir dans le processus naturel ». Les femmes « devraient être libres de choisir, et encouragées à le faire, la position qu’elles préfèrent ».

Sous-titré en plusieurs langues, il a été vu 850 000 fois et continue à être régulièrement partagé sur les réseaux, notamment à l’occasion de la Semaine mondiale de l’accouchement respecté, qui commence ce 16 mai.

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