Sarah morte dans les Grands Moulins de Paris , un drame prévisible

Avenue des Grands Moulins de Paris, en lettres blanches sur fond rouge, trois panneaux proclament l’interdiction d’entrer dans la friche industrielle, «
sous peine de sanctions pénales
». La municipalité a pris un arrêté de péril imminent pour cet espace privé, en 1996. C’est là que Sarah, 16 ans, et deux amies, lycéennes à Jean-Perrin, à Lambersart, sont allées, dans la nuit de samedi à dimanche
. Sarah est tombée dans un silo à farine, d’une hauteur de 20 mètres ; les secours l’ont retrouvée morte, peu avant minuit. Selon les premiers éléments, les trois copines auraient raconté à leurs parents qu’elles allaient dormir chez l’une ou chez l’autre. La police marcquoise est saisie de l’enquête. La thèse accidentelle est largement privilégiée ; dans la nuit noire et la brume humide, il est aisé de glisser. Une autopsie devait avoir lieu hier, et des analyses toxicologiques détermineront si drogue ou alcool ont été absorbés. Une canette de bière a été retrouvée près du silo.

Ce lundi matin, les deux amies, Andrésiennes, ne sont pas allées en cours, et n’y retourneront probablement pas avant les vacances, imminentes. Sur Twitter depuis dimanche, ont été postés des hommages : «
Repose en paix Sarah, t’étais une fille adorable, on pense tous fort à toi.
» Sarah était la plus jeune d’une famille de quatre enfants, sa grande s’ur est en terminale à Jean-Perrin.

Dans cette affaire, l’imprudence est en cause, mais les trois amies étaient loin d’être les seules à se faufiler entre les blocs de béton. «
C’est un vrai défilé, lancent des salariés de l’entreprise Tournaux, à l’entrée du site. Des jeunes, des gens qui font des films, des photos, même des retraités avec un pique-nique ! On déconseille mais on ne peut rien faire de plus.
» La police municipale passe souvent. «
Pendant la fête des Chapons dimanche, renseigne le maire Jean Delebarre, ils ont arrêté 13 gamins et un couple. Je vais convoquer les parents. Je l’ai déjà fait, je recommencerai.
» Jusqu’à ce que le ministère de l’Économie, entre les mains duquel le dossier d’agrément fiscal attend depuis un an et demi pour ce site classé à l’inventaire des Monuments historiques, donne suite. Et laisse libre cours au projet d’appartements de standing.