Saint-Omer , six mois de prison pour avoir filmé sa cellule sur Periscope

«
Vous avez vu la vidéo Pour vous, est-ce que c’est ma voix
», interroge calmement le prévenu, en direction du juge. «
Je ne suis pas expert’
», convient le président du tribunal, Bertrand Duez. Ce mercredi, Yacine Daoudi, incarcéré à Longuenesse, nie être l’auteur du film qui a été diffusé en direct sur Periscope en mai. Les faits avaient été rapportés par La Voix du Nord le 2 juin.

« Il n’aurait pas pris le risque de filmer sa cellule »

Le trentenaire est incarcéré dans une aile « ouverte » de la prison où, indique son avocate, les cellules ne sont pas fermées à clé en journée. C’est ainsi qu’il explique que des images ont été tournées à son insu. «
Il a une intelligence correcte, il n’aurait pas pris le risque de filmer sa cellule
», plaide Juliette Clerbout. Elle ajoute : le vidéaste explique qu’il a «
pris 17 ans
», alors que son client a été condamné à moins. «
Il ne se serait pas trompé sur sa peine !
»

Elle plaide la relaxe, pour le film, pour également des faits de recel en mars : dans sa cellule, ont été trouvés des stupéfiants, un téléphone, des clés USB’

Le tribunal rappelle que des codétenus l’ont désigné, que des surveillants ont reconnu sa voix. Des agents qui ne le connaissaient que depuis peu, réplique l’avocate. «
Est-ce qu’en deux semaines, on peut se familiariser avec une voix
»

« La prison c’est devenu le club Med »

La substitut du procureur ne veut pas croire à une «
conspiration
», mise en place contre le prévenu. Élodie Buguel souligne que l’agencement de la cellule a changé une fois la vidéo révélée. Surtout le parquet s’émeut de «
l’image déplorable de l’institution pénitentiaire
» que la vidéo renvoie. «
La prison c’est devenu le club Med
» ont commenté des Internautes en direct. Comme si le passage en prison était «
une sinécure
», juge Élodie Buguel : «
Ça montre la défiance de M. Douadi à l’égard des institutions, malgré ses années de détention, il n’a pas évolué ! On se moque de l’institution
». Enfin, elle relève les risques qu’une telle vidéo fait courir aux agents pénitentiaires si elle était utilisée pour planifier une évasion.

Incarcéré depuis sept ans pour braquage, Yacine Daoudi, dont jusque-là le parcours carcéral semblait exemplaire, explique avoir connu une descente aux enfers depuis décembre lorsque son aménagement de peine a été refusé. Il a écopé de six mois de prison supplémentaire.