Sa déclaration d’amour pour Roubaix lui avait valu une pluie d’injures

Sa déclaration d'amour pour Roubaix lui avait valu une pluie d'injures

Lyne k. s’est longtemps demandée comment réagir. Car jamais elle n’a pensé que sa vidéo sur Roubaix pourrait susciter ce type de commentaires, certains allant jusqu’à l’incitation à la haine raciale ou à la violence. Une pluie d’injures d’autant plus incompréhensible pour l’artiste qu’elle n’avait pas réalisé une vidéo militante mais simplement exprimé un sentiment personnel et positif sur sa ville d’adoption. «
J’ai pris une claque quand même
», confie Lyne k. dont la vidéo Roubaix a été vue près de 22 000 fois sur YouTube.

C’est là que ce qu’il est courant d’appeler la fachosphère pour désigner la mouvance d’extrême droite sévissant sur le web s’est déchaîné pendant deux semaines. Un site spécialisé dans le dénigrement de Roubaix avait relayé la vidéo d’une « bobo » repérée dans nos colonnes, Lyne k. Et voilà comme un petit documentaire a priori consensuel a suscité tant de réactions haineuses. Voilà aussi comment Lyne k. a découvert une inquiètante libération de la parole raciste en France.

« démunie »

Alors comment réagir «
Je me suis sentie très démunie, convient-elle. J’ai fait un signalement mais il ne s’est rien passé. Fallait-il effacer les commentaires Fallait-il y répondre
» Elle n’y a pas répondu, elle ne les a pas effacés. Elle les garde sur sa page youtube comme «
une photographie du climat actuel
». Une façon de montrer que les commentaires affichés dans sa nouvelle vidéo existent. Car après réflexion, elle a choisi d’y répondre dans Fachosphère, mise en ligne jeudi et coréalisée avec l’artiste Alb.

La vidéo entre, comme la première, dans le cadre d’un concours de documentaires courts. La thématique : «
Sauf votre respect.
» Parce que les réactions lui font penser qu’elle a froissé des gens, parce qu’elle aurait été irrespectueuse… Une vidéo qui ne filme plus Roubaix mais le petit village où elle a grandi dans les Vosges. Ce village où elle a appris l’anti-racisme et son école où elle collait des autocollants « Touche pas à mon pote ». Défendre ces valeurs était alors une évidence même dans la France profonde. «
Aujourd’hui, je me rends compte que ça n’est plus du tout le cas
», regrette-t-elle, convenant qu’elle ne l’avait pas forcément vu venir.

Jusque-là, l’artiste n’avait pas senti le besoin de défendre ses valeurs parce qu’elle les pensait «
partagées par le plus grand monde
». Cette pénible expérience a changé son approche. C’est ce qu’elle répond sobrement à la fachosphère pour conclure sa vidéo : «
Sans vouloir vous offenser, j’exprimerai dorénavant mes valeurs aussi haut et aussi fort qu’il le faudra. Pour que votre voix ne soit jamais la seule audible.
»

Une vidéo vue 22 000 fois

Lorsqu’en février, nous avions rencontré Adeline, sa vidéo sur Roubaix commençait à faire le buzz. Essentiellement vue par des Roubaisiens ou des gens qui y avaient vécu, elle racontait l’attachement d’une femme originaire des Vosges à une ville qu’elle ne connaissait pas et qui traînait une mauvaise réputation. Lyne k. s’y est rapidement plu au point d’envisager d’acheter une maison au Fresnoy-Mackellerie. Mais la médiatisation de ce que nous avions appelé sa «
déclaration d’amour
» a déchaîné la « fachosphère ». Et les commentaires positifs ont été submergés par une avalanche de réactions racistes et injurieuses de courageux anonymes. Et cette vidéo vue 22 000 fois s’est presque transformée en « bad buzz ».

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