R’ux , des baigneurs bravent l’interdit au lac Bleu et s’expliquent

Il faut longer un petit chemin en bordure de champ, puis franchir un grillage déjà bien esquinté par les passages incessants pour accéder aux sentiers du lac Bleu de R’ux. Un site protégé, géré par l’association Eden 62, interdit entre juin et septembre pour éviter que les baigneurs n’y piquent une tête. Il s’agit ainsi de protéger certaines espèces végétales et ornithologiques, mais aussi garantir la sécurité des personnes et la tranquillité des riverains, par la même occasion. On a ainsi constaté la présence de nombreux déchets en bordure du lac, de canettes de bière aux sacs plastiques en passant par des chaussettes suspendues aux branches d’arbres.

Mais ce jeudi, par 38ºC, la tentation était trop forte pour plusieurs dizaines de personnes, finalement assez peu nombreuses au regard de ce qu’on a déjà pu constater il y a encore quelques années. La répétition des opérations de gendarmerie y est pour quelque chose.

« Ils sont là, les gendarmes »

Ce que confirme ce petit groupe venu du secteur de Lens. À peine croisent-ils notre chemin que la question est posée : «
Ils sont là les gendarmes
» On leur dit que non, pour l’instant. Ils nous expliquent alors qu’ils viennent de temps en temps, si possible plus tard dans la journée, quand les gendarmes sont moins susceptibles de venir. L’amende en jeu «
11 la piscine, ça va encore
» répond l’un d’eux, d’un ton bravache. «
Ils ne peuvent pas ouvrir ici, sérieux L’eau est claire, bonne, on ne nage jamais loin
».

Un autre groupe de quatre sort alors d’un petit chemin menant aux berges. Ils sont venus de Lille Sud et savent parfaitement que c’est interdit. Mais assurent qu’ils ignoraient pouvoir être verbalisés. «
On est venus ici parce que gens en parlaient sur les réseaux sociaux
» dit un des jeunes, peu bavard, regard fuyant.

« C’est interdit, comme de plus en plus de choses maintenant »

Venir au lac Bleu est resté une tradition pour beaucoup de jeunes. Les souvenirs s’y bousculent. On s’y baigne comme on croquerait une madeleine de Proust. «
Je venais ici il y a quinze ans, quand j’étais gamin, je venais à vélo, c’était autorisé, raconte cet homme de 30 ans, venu d’Hénin-Beaumont avec un ami, une jeune femme et son bull-terrier. Maintenant, c’est interdit, comme de plus en plus de trucs. De toute façon si les gendarmes viennent, je me mets à l’eau et je leur dis de venir me chercher. C’est dommage, c’est un beau lac ici
».

La jeune femme à ses côtés, en bikini, préfère se baigner dans un lac qu’à la mer. Nous prenons des photos. Elle ne veut pas être reconnue. «
On vous coupera la tête, rassurez-vous
» lui assure-t-on. «
Coupez mon corps plutôt
» dit-elle, gênée par ses courbes. Elle aussi ne comprend pas pourquoi on ne peut s’asseoir juste au bord de l’eau. Les lacs autorisés sont bondés.

Certains y vont alors de leurs propositions. Le lac est doté d’un parking, de sentiers, de petites avancées ombragées qui donnent envie, forcément, par temps de canicule. «
Pourquoi ne pas faire une partie pour les gens, avec buvette, baraque à frites, et fermer le reste
» Du côté de la mairie de R’ux et d’Eden62, on ne voit évidemment pas les choses de cette manière.