Roubaix , Alice Petit 18 ans lauréate du premier prix Charlie Hebdo

Roubaix , Alice Petit 18 ans lauréate du premier prix  Charlie Hebdo

Parce qu’elle aime écrire. Parce qu’elle a de l’humour. Et parce qu’elle lit Charlie Hebdo «
de temps en temps
». Alice Petit, 18 ans, a participé à la première édition du prix littéraire lancé par l’hebdomadaire satirique
(lire ci-dessous). Un peu par hasard, au détour «
d’une actualité sur mon fil Facebook
». Mieux, l’étudiante roubaisienne termine le concours parmi les trois lauréates. «
Je ne m’y attendais pas
», pouffe-t-elle.

Son texte est passé, parmi cinq mille autres, entre les mains de neuf membres de la rédaction parisienne dont Riss, Coco ou encore Gérard Biard, avant d’être soumis au vote des internautes pour départager les dix finalistes. Ils voulaient «
de la folie, de l’originalité, de l’irrévérence
», lit-on sur le site du prix. Alors, Alice Petit a mis un peu de tout ça dans «
le seul texte de fiction
» primé.

Jour maudit

«
Il fallait envoyer 4 000 caractères maximum sur le thème : Jour J, et si on remplaçait le bac par’
», explique la jeune fille. La voilà qui transforme ce «
jour J
» en un «
jour maudit
», dans lequel son candidat meurt «
avant d’avoir connu les sueurs froides procurées par sa dissertation de philo
» (lire encadré).

«
Une petite revanche
» sur cette épreuve pour cette grande stressée, qui a passé son bac l’an dernier à l’École supérieure des arts appliqués et du textile (ESAAT), son établissement depuis la seconde. «
C’est une très bonne élève, témoigne Nouara Manseur, la conseillère principale d’éducation. Elle l’a eu avec une mention très bien.
» Depuis, elle suit un BTS design graphique «
parce qu’il faut bien avoir un métier
». Sinon, elle écrit aussi «
des romans fantastiques
» et chronique l’actualité sous le pseudo Kaptain’Globule, un alien tout droit sorti de son imagination de collégienne à l’époque. Des textes presque confidentiels.

Jour béni

Alice Petit écrit surtout pour elle, alors composer pour Charlie, en voilà un défi. «
Je n’ai rien dit à ma famille, juste à quelques amis.
» Le 1er juin, son téléphone sonne. C’est le jour J, celui de l’annonce des résultats, un jour béni. Ce prix «
C’est un peu un rêve. Ça me motive
», confie-t-elle. La lauréate emporte un chèque de 1 000 , qu’elle conserve pour des projets futurs, de «
lourdes
» anthologies du journal. Et surtout, Alice Petit décroche une parution dans le « Charlie Hebdo » du 8 juin, encore en kiosque. «
On est très fier
», livre la CPE de l’ESAAT.

Quant à ceux qui passent le bac bientôt, «
cette feuille de PQ décorée de lauriers
», mieux vaut «
ne pas trop stresser
», conseille Alice Petit. L’important, c’est la passion, sinon «
ça ne sert pas à grand chose d’avoir un diplôme
».

Le texte signé par Kaptain’Globule

Voici des extraits du texte d’Alice Petit alias Kaptain’Globule. L’intégralité est à lire sur leprixcharlie.fr.

« Il y a des jours où le destin nous fauche en plein vol. Un peu comme ce camion poubelle avec moi, en ce matin de juin. (‘) Le destin aurait pu en rester là, (‘), mais non. Il venait de frapper le « Jour J ». Le jour du Bac. (‘) Mourir fauché par un camion poubelle le matin de la première épreuve du bac. (‘) Coché absent. Quel malheur.

(‘) À croire que ce diplôme, cette feuille de PQ décorée de lauriers, aurait donné un tout autre sens à ma vie. Pendant que je rendais mon dernier souffle,(‘) mon fantôme s’éleva doucement au-dessus de la montagne d’ordures. Je planais à présent, contemplant la ville polluée et suivant une marée de lycéens aux visages blêmes, convergeant tous vers un même point. Le centre d’examen Bernard Trouffion. «
Épreuve de philosophie, huit heures du matin
», était-il marqué sur ma convocation. (‘) Mon regard croisa l’intitulé du premier sujet : «
La mort donne-t-elle un sens à la vie
» Jour J, jour maudit. Je saisis le paquet de sujets étalé sur le sol de mes mains transparentes. (‘) D’un seul geste, presque théâtral, je jetais les sujets du haut du bâtiment. Une pluie de feuilles encore classées secret-défense s’abattit sur la cour surpeuplée.(‘) Le chaos national s’en suivit. Sujet découvert, annulation de l’épreuve, panique totale, apocalypse au Ministère de l’Éducation Nationale. (‘) Et cela donnait un sens à ma mort tragi-comique. Un sourire se dessina tout à coup sur mes lèvres ectoplasmiques. Oh oui, sans aucun doute, j’allais revenir demain matin, pour les mathématiques. »

Un prix post attentats

Il s’agit de la première édition du « prix Charlie Hebdo ». Les candidats, collégiens, lycéens ou étudiants, étaient invités à composer sur le thème : Et si on remplaçait le bac par’ Ils sont 1 349 jeunes, âgés de 12 à 22 ans, à avoir envoyé un texte. Pour participer, il suffisait d’être francophone, peu importait le pays de résidence. Et pour se faire remarquer des jurés, il ne fallait pas hésiter à tremper sa plume dans l’humour noir, l’absurde, le grotesque, le pince-sans-rire ou le débile.

«
On aime l’ironie mordante, la parodie loufoque, l’humour vache
», indiquait le jury sur son site spécialement dédié au prix. Un prix né après les attentats de 2015. «
Nous avions reçu beaucoup de dessins de jeunes, souvent spontanés, avec un ton très libre. Ce prix est une façon de continuer le dialogue entre cette génération et Charlie
», indiquait récemment Riss, le directeur de la rédaction, dans une interview au Parisien.

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