Roland-Garros J14 , la joie de vivre selon Serena Williams

Roland-Garros J14 , la joie de vivre selon Serena Williams

Vingt-deuxième titre du Grand Chelem pour Serena Williams, ou grande première pour Garbiñe Muguruza L’Américaine blasée et la souriante Espagnole s’affrontent en finale, samedi à 15 heures (en direct commenté sur lemonde.fr).

Pour pimenter la finale, Serena Williams jouera cet après-midi en tournant le dos à son adversaire. AFP PHOTO / MARTIN BUREAU

Tout ça pour ça. Au bout de deux semaines de bavardage sur les forfaits, et la pluie, et le toit, et les abandons, et la pluie, et les places non remboursées, et la pluie, et l’éventualité d’une conclusion le lundi, Roland-Garros 2016 va donc s’achever à l’heure prévue, et avec les deux finales qu’on attendait depuis le départ : Novak Djokovic contre Andy Murray demain, Serena Williams contre Garbiñe Muguruza aujourd’hui (15 heures à chaque fois). Deux duels indécis, alléchants, dont on espère qu’ils nous permettront, après quinze jours où ça n’a pas été le sujet principal, de pouvoir enfin parler de tennis. Allez, on arrête les bêtises, Roland-Garros commence cet après-midi.

N’allez quand même pas dire ça à Serena Williams, qui risquerait de mal le prendre vu le parcours du combattant qu’elle s’est cogné pour arriver jusque-là. Un sprint final de quatre matchs en quatre jours depuis mercredi, dont deux où l’Américaine n’a pas été loin de laisser sa peau et sa Coupe Suzanne-Lenglen, face à Yulia Putintseva en quart (5-7, 6-4, 6-1) et Kiki Bertens en demie (7-6, 6-4). La n°1 mondiale a dû sauver de multiples balles de set, ou de break à des moments cruciaux, mais elle a fini par confirmer l’axiome qui régit le tennis féminin actuellement : Serena Williams dispose d’une telle marge sur la concurrence qu’elle peut faire absolument n’importe quoi pendant un match, et quand même retomber sur ses pattes. Ça ne dépend que d’elle, pas des autres.

‘ Lire aussi l’entretien du Monde avec Patrick Mouratoglou, l’entraîneur de Serena Williams : « Le physique de Serena est inadapté au tennis »

Cela n’empêche pas les autres de gagner de temps en temps, et Roberta Vinci à l’US Open (demi-finale) puis Angelique Kerber à l’Open d’Australie (finale) ont habilement sauté sur les occasions ces derniers temps. Garbiñe Muguruza a tout à fait le profil pour imiter ses cons’urs, et on ne promet pas à Serena Williams que ses trous d’air contre la 60e il y a deux jours, puis contre la 58e hier, resteront impunis face à la 4e joueuse mondiale aujourd’hui.

Roland-Garros 2014. Le sourire de Garbiñe. AFP PHOTO / DOMINIQUE FAGET

Muguruza, grande (1,82 m) et souriante Espagnole de 22 ans au fort caractère et à la puissance de bisonne (la femelle du bison), sait comment battre Serena Williams : elle l’a fait lors de leur seule rencontre à Roland-Garros, au deuxième tour, en 2014 (6-2, 6-2). Certes, elle sait aussi comment perdre face à Serena Williams : elle l’a fait lors de leurs trois autres confrontations, notamment l’été dernier, en finale de Wimbledon (6-4, 6-4). Mais beaucoup voient en elle la successeuse (‘), la succédrice (‘), bref, celle qui prendra un jour la succession de Serena Williams, qui remportait son premier tournoi du Grand Chelem alors que Garbiñe Muguruza avait 5 ans (US Open 1999).

Eh oui, si vous avez moins de 25 ans, Serena, qui en a 34, doit vous donner l’impression d’avoir toujours fait partie du décor. Est-ce cette exceptionnelle longévité qui la rend si indolente L’interrogation nous est venue plusieurs fois pendant la quinzaine : Serena Williams aime-t-elle encore jouer au tennis Son air blasé sur le court ou face aux médias laisse planer le doute. On a parfois l’impression qu’elle en a ras le bol de tout ce cirque qui semble la saouler au plus haut point, que jouer au tennis est une souffrance, et répondre aux journalistes un calvaire.

« VOUS AVEZ PRESQUE L’AIR TRISTE »

Après avoir sorti Kristina Mladenovic au troisième tour, l’Américaine tirait une tronche d’enterrement. Un journaliste s’en était inquiété : « Vous n’avez pas l’air de bonne humeur comme un vainqueur devrait l’être, j’aimerais savoir pourquoi. Y a-t-il quelque chose qui ne va pas Vous avez presque l’air triste. » Réponse : « Non, c’est juste que je suis très concentrée. C’est tout. C’est juste que je suis là pour faire de mon mieux, et voilà. » Les conférences de presse de Serena Williams sont les seules où les questions, même quand elles ne font qu’une phrase, sont toujours plus longues que les réponses.

A la décharge de la n°1 mondiale, il faut reconnaître que devoir répondre des centaines de fois aux mêmes interrogations sur une rencontre expédiée en une heure, sur l’adversaire au prochain tour, ou sur l’importance d’égaler le record de Steffi Graf en Grand Chelem, a de quoi brider la meilleure volonté du monde. « Le record, on lui en parle tous les jours, toute l’année, depuis deux ans, j’exagère à peine, explique son entraîneur, le Français Patrick Mouratoglou. Tant qu’elle ne l’aura pas battu, on ne lui parlera que de ça. »

Pour Serena Williams, malgré des adducteurs qui sifflent, l’occasion est belle, cet après-midi, de rejoindre l’Allemande aux 22 trophées majeurs en s’imposant pour la quatrième fois à Roland-Garros (après 2002, 2013, 2015). L’Américaine « est la plus grande joueuse de l’histoire, estime son coach Patrick Mouratoglou. Encore deux Grands Chelems à gagner et il n’y aura plus aucune discussion. » On voit pourtant déjà comment la discussion va se poursuivre : une fois qu’elle aura rattrapé Steffi Graf, il lui faudra répondre aux questions sur l’importance d’égaler l’Australienne Margaret Smith Court, et ses 24 victoires en Grand Chelem. On n’a peut-être pas fini de voir le visage blasé de Serena Williams.

Le petit plus de Garbiñe Muguruza pour assurer le spectacle aujourd’hui : elle lâchera sa raquette et fermera les yeux entre chaque frappe. AFP PHOTO / MARTIN BUREAU

Henri Seckel

LE PROGRAMME INTÉGRAL DE LA FINALE DAMES (15 heures)

Serena Williams (USA, n°1) Garbiñe Muguruza (ESP, n°4)

LE PARCOURS DES DEUX JOUEUSES JUSQU’EN FINALE

Serena Williams1er tour : Magdalena Rybarikova (SVK) 6-2, 6-02e tour : Teliana Pereira (BRÉ) 6-2, 6-13e tour : Kristina Mladenovic (FRA, n°26) 6-4, 7-6Huitième : Elina Svitolina (UKR, n°18) 6-1, 6-1Quart : Yulia Putintseva (KAZ) 5-7, 6-4, 6-1Demie : Kiki Bertens (NED) 7-6, 6-4

Garbiñe Muguruza1er tour : Anna Karolina Schmiedlova (SVK) 3-6, 6-3, 6-32e tour : Myrtille Georges (FRA) 6-2, 6-03e tour : Yanina Wickmayer (BEL) 6-3, 6-0Huitième : Svetlana Kuznetsova (RUS, n°13) 6-3, 6-4Quart : Shelby Rogers (USA) 7-5, 6-3Demie : Samantha Stosur (AUS, n°21) 6-2, 6-4

BONUS ALIZÉ CORNETRien à voir avec la choucroute du jour, mais puisqu’on on est tombé là-dessus par hasard, on ne saurait clore le tournoi féminin sans rendre un dernier hommage à celle qui en aura été l’une de ses actrices principales. Et qui tenait un rôle secondaire dans l’inoubliable série L’Instit quand elle était petite.

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