Rentrée , au collège c’est le grand chambardement

Rentrée , au collège c'est le grand chambardement

Avec les rythmes scolaires, la réforme du collège est le deuxième grand volet de la fameuse refondation de l’école lancée en 2012 par Vincent Peillon. Après un an de préparation, elle est lancée cette année. Elle est philosophiquement révolutionnaire et se veut de gauche : l’objectif affiché est de casser le moule de la reproduction sociale avec cette idée que certains élèves ont besoin d’être intéressés et valorisés autrement. Comment En travaillant en groupes et autour de projets concrets. «
Donner du sens aux apprentissages
», tonne le recteur.

« Une manière différente d’apprendre »

Cela se fait déjà beaucoup en éducation prioritaire, mais c’est ici généralisé. Tous les élèves de 5e, 4e et 3e vont avoir des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires). Exemple au collège Boris-Vian à Lille-Fives avec l’EPI New York. Plusieurs enseignants : français, histoire-géo, anglais, arts plastiques, musique. À deux ou trois reprises, ils seront ensemble devant les élèves, mais travailleront le plus souvent le projet commun chacun de leur côté avec pour finalité une exposition.

«
Ce n’est absolument pas du ludique, ce qui est fait colle au programme, c’est juste une manière différente d’apprendre
», insiste Axel Raix, le principal de cet établissement où ça se passe plutôt bien. Méthode douce auprès des enseignants à qui il n’a rien imposé au forceps et habitude du travail en équipe (c’est un collège REP+). Quelques établissements ont expérimenté les EPI dès l’an dernier, comme à Divion, où la principale se dit très satisfaite des résultats obtenus, avec des jeunes en difficulté qui ont adhéré à ces projets-là.

Une journée d’actions le 8 septembre

Si elle a tous ses EPI prêts et ficelés pour la rentrée, ce ne sera pas le cas partout, loin de là. Ça va tâtonner ! D’autant que les programmes sont concomitamment nouveaux à tous les niveaux, ce qui est une première ! Et préoccupe les enseignants au premier chef. De plus, pour Jean-François Caremel, du puissant SNES-FSU, «
personne ne va vers les EPI la fleur au fusil
». Son syndicat très à gauche s’oppose à la réforme et appelle même à une journée le 8 septembre. Selon l’organisation, dans beaucoup d’établissements, lesdits EPI seront appliqués à minima.

François, prof de techno dans le Pas-de-Calais, est très investi dans son métier et pratique beaucoup le travail en équipe, par groupes, sur des projets. Mais ce qu’il reproche à la réforme, c’est son côté imposé. Selon lui, ça ne peut marcher que quand ça émane de profs volontaires, qui aiment cette façon de travailler et qui ont envie de bosser ensemble. En revanche, l’appel du 8 septembre l’agace : «
Avant de faire grève, ce serait quand même pas mal que l’on essaie.
»

En chiffres

852 715. Le nombre d’écoliers, collégiens, lycéens et post-bac du public et du privé font leur rentrée dans l’académie à partir d’aujourd’hui : 459 593 élèves du premier degré, 213 860 collégiens, 96 478 lycéens, 57 339 lycéens professionnels, 25 445 post-bac et 22 060 élèves handicapés scolarisés

52 886. Le nombre d’enseignants du public qui vont faire leur rentrée : 22 541 professeurs d’école et 30 345 du second degré.

Madame la réforme, au tableau

26 heures par semaine.

La semaine est plafonnée à 26 heures et chaque collège devient autonome pour fixer 20 % des horaires, pour du travail en petits groupes, de l’accompagnement personnalisé (AP) et des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI).

Nouveaux programmes, nouveaux manuels.

Tous les programmes changent, du CP à la 3e. Et ils ne sont plus annuels mais conçus par cycles de trois ans (CP-CE2, CM1-6e, 5e-3e). Une notion qui n’a pas été assimilée en 5e peut l’être en 4e, voire en 3e. Tous les collégiens doivent donc avoir cette année de nouveaux manuels de français, maths et histoire-géographie.

Accompagnement personnalisé des élèves (AP).

Actuellement limité aux sixièmes et facultatif, il est généralisé : trois heures en 6e et au moins une heure ensuite. Ce ne sont pas des heures de soutien en plus pour les élèves en difficulté, mais des plages de travail personnalisé comprises dans l’emploi du temps et qui s’adressent à tous, y compris aux bons élèves.

Enseignements interdisciplinaires.

Les EPI mêlent plusieurs disciplines au sein d’un même cours. Ils démarrent en 5e. Huit thèmes sont proposés (santé, transition écologique, langues et culture de l’Antiquité’). Les élèves en suivront deux par an et au moins six des huit thématiques entre la cinquième et la troisième.

Langues déliées.

Les sections européennes et une partie des classes bilangues disparaissent. L’apprentissage de la deuxième langue démarre désormais en 5e et plus en 4e. Et le brevet est rénové.

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