Radicalisation, La prévention est une étape essentielle

Radicalisation, La prévention est une étape essentielle

La voix de la maman dans le film, c’est la sienne. Celle qui se demande pourquoi sa fille a changé, pourquoi elle s’isole, et qui est loin de se douter que son ado est sur le départ pour un pays qui n’est pas nommé mais qui, clairement, fait penser à la Syrie. «
Pour nous, c’est sans ambiguïté, on parle de radicalisation, explique Lydie. La jeune fille s’isole, se voile d’un coup, pense qu’elle part faire de l’humanitaire.
»

Non, ce n’est pas exactement l’histoire de sa fille toujours là-bas en Syrie avec son compagnon jihadiste et ses enfants. «
À l’époque, lorsqu’elle venait à la maison, elle ne nous montrait pas qu’elle avait changé. C’était une étudiante brillante. On a tous été très surpris’ D’autant plus que, il y a quatre ans, on ne parlait pas de radicalisation chez les jeunes.
» C’est aussi pour cela que Lydie s’est investie auprès du CAFFES (Centre national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire, basé à Lille) et qu’elle a travaillé sur ce film : «
La prévention est essentielle. Tant qu’on ne cherchera pas à comprendre ce qu’il se passe, tant qu’on ne passera pas à l’action avec de la sensibilisation, il y en aura d’autres !
»

En vidéo

Le centre suit une trentaine de familles dans la grande région. «
Nous sommes en lien avec les cinq préfectures, explique Charline Delporte, présidente. Et nous avons de plus en plus de cas.
» Ce qui a poussé l’association à financer ce film qui reprend les personnages d’un manga utilisé par le centre depuis 2011. «
La BD ne suffisait plus. Pour la réalisation, nous avons fait appel à un vidéaste, les voix sont celles de mes élèves, raconte Lydie, enseignante dans un lycée professionnel du Pas-de-Calais. Lorsqu’ils ont lu mon histoire dans votre journal, ils ont été très touchés. Il y a eu un déclic. Du coup, ils étaient contents de participer et ils ont aimé le résultat.
» Le centre compte montrer la vidéo à la ministre de l’Éducation : «
Nous allons tout faire pour la rencontrer. Il n’y a pas d’outils de prévention sur ce thème auprès des jeunes
», s’étonne la présidente, qui martèle : «
Il faudrait des centres d’écoute et d’accompagnement. » Agréé Jeunesse et Sports, le CAFFES est soutenu par la Région, les Départements, les préfectures’ «
On nous soutient financièrement mais on ne nous écoute pas encore assez.
» Toujours très émue lorsqu’elle parle de sa fille, Lydie lâche avant de partir : «
Vous savez, j’ai peur tout le temps pour elle, ses enfants. Je sais que, pour ma fille, ce film serait arrivé trop tard, parce qu’elle était déjà dans la spirale mais s’il peut en aider d’autres’
»

1. Lydie ne souhaite donner ni son nom ni celui du lycée où elle travaille.

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