Quel avenir pour Lyft le grand rival américain d’Uber

Quel avenir pour Lyft le grand rival américain d'Uber

Lyft est à la croisée des chemins. Ces dernières semaines, la plate-forme américaine de voitures avec chauffeur (VTC), grande rivale d’Uber aux Etats-Unis, étudie en effet ses options stratégiques, et plus particulièrement une cession au plus offrant. Face aux milliards de dollars levés par son concurrent, la start-up peine à suivre le rythme. Et ses perspectives se sont encore plus détériorées fin juillet avec le retrait d’Uber de Chine, ce qui lui permettra d’affecter ses ressources ailleurs.

Selon le New York Times, les dirigeants de Lyft auraient sondé plusieurs repreneurs potentiels. Parmi eux: Uber, Apple, Amazon ou encore Alphabet, la maison mère de Google qui testerait une plate-forme de taxis sans conducteur. La société et sa banque conseil Qatalyst Partners, mandatée en juin, auraient également contacté Didi Chuxing, le géant chinois du marché avec lequel elle a déjà noué une alliance. Surtout, elle aurait été approchée par General Motors, le premier constructeur automobile américain.

LA PISTE GENERAL MOTORS

GM constitue la piste la plus crédible. En début d’année, le géant de Détroit a investi 500 millions de dollars dans Lyft. Les deux entreprises prévoient aussi de développer ensemble un réseau de taxis autonomes. Les négociations en vue d’un rachat auraient buté sur le prix. D’après le site Recode, Lyft réclamerait 9 milliards de dollars, soit une prime importante par rapport à sa valorisation actuelle de 5,5 milliards. « Nous ne cherchons pas d’acheteur », assure cependant John Zimmer, son président, interrogé par Business Insider.

Fondée en 2012 à San Francisco, Lyft a été la première à populariser le recours aux chauffeurs particuliers, conduisant leur propre véhicule ce qui permet de proposer des prix inférieurs à ceux des taxis. Pour autant, l’entreprise a été dépassée par la vitesse d’exécution de sa rivale, capable de lancer son service très rapidement dans de nombreuses villes américaines. « Nous gagnons des parts de marché sur les 20 principaux marchés », assurait au printemps M. Zimmer.

Mais l’écart demeure encore important. En juillet, Lyft a réalisé 14 millions de trajets aux Etats-Unis, selon des documents internes obtenus par Recode, contre 62 millions pour Uber. Toujours le mois dernier, Lyft a franchi la barre des 2 milliards de dollars de recettes brutes en rythme annuel. Cela correspondrait à un chiffre d’affaires net d’environ 400 millions. Pour rattraper son retard, la start-up dépense énormément afin d’attirer de nouveaux chauffeurs et de gagner de nouveaux clients.

LOURDES PERTES

D’après le Wall Street Journal, la jeune pousse aurait ainsi accusé une déficit opérationnel de 360 millions de dollars en 2015, soit une moyenne de 30 millions par mois. Et les pertes se sont encore creusées cette année: jusqu’à 50 millions par mois. Avec 1,4 milliard de dollars dans ses caisses, Lyft dispose encore d’une confortable trésorerie. Ses dirigeants assurent même que cette somme sera suffisante pour financer les investissements nécessaires afin de parvenir à la rentabilité.

Mais être rentable ne suffira pas pour justifier la valorisation actuelle de Lyft. Sur un marché qui accorde une importante prime au leader, la société n’a pas d’autres choix que de continuer à investir massivement afin de stimuler sa croissance. Problème: Uber dispose d’un trésor de guerre bien plus conséquent et peut donc répliquer à toutes les offensives de son concurrent. Le temps joue en outre en sa faveur. Plus le statu quo se prolonge aux Etats-Unis et plus la position de Lyft se fragilise.

Dans ces conditions, trouver de nouveaux investisseurs pourrait devenir de plus en plus difficile pour les dirigeants de la société. Le rapprochement entre Didi et la filiale chinoise d’Uber complique encore plus la situation. Non seulement Uber ne va plus perdre un milliard de dollars par an pour tenter de percer en Chine. Mais cela remet aussi en question l’avenir de l’alliance internationale anti-Uber, lancée l’an passé à l’initiative de Lyft et de Didi. Dès lors, une vente à une entreprise disposant d’importantes ressources financières pourrait s’imposer.

Photo: Raido

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