Quatre ans après les promesses non tenues de l’incinérateur Flamoval à Arques

Quatre ans après les promesses non tenues de l'incinérateur Flamoval à Arques

La dimension

« Le tonnage par an sera de 92 500 tonnes » : FAUX.

C’est le premier constat d’erreur concernant Flamoval : sa dimension. En 2007 et 2008, cela ne faisait aucun doute pour les élus et les cabinets d’études : il y aurait largement assez de déchets pour nourrir l’outil. Les plans tablaient sur un apport de 92 500 tonnes d’ordures par an.

En décembre 2007, le SMFM (syndicat créé pour gérer l’incinérateur) l’assurait dans nos colonnes : «
Nous nous engageons à ne pas accepter des déchets de l’étranger (‘). Le tonnage va se stabiliser par foyer mais va progresser à cause de l’augmentation de la population.
» Autre déclaration, à la même période : «
Le gisement des déchets sur le territoire s’élevait à 185 000 tonnes en 2004. Actuellement, 75 000 sont triées. Il reste 110 000 à traiter. Or la capacité de Flamoval sera de 92 500 tonnes. Il en restera 17 500.
»

Sauf que le scénario ne s’est pas passé comme prévu. Aujourd’hui, Flamoval n’a pas assez d’ordures et doit en chercher ailleurs. Cela a été confirmé officiellement, il est «
en surcapacité
». Or, le problème, c’est que pour fonctionner normalement, un incinérateur doit être au maximum de sa capacité. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.

Le prix de la tonne

« Une tonne coûtera entre 80 et 85 » : FAUX.

La déclaration est d’André Bonnier qui était alors président du SMFM et date de septembre 2008 : «
Au final, une tonne incinérée coûtera entre 80 et 85 contre 55 à 80 pour l’enfouissement en fonction des zones.
» Là aussi, la réalité est très loin de ces annonces : la tonne incinérée coûtait 122 en 2015 et elle est prévue à 119 pour 2016.

Pourquoi un tel écart avec les tarifs annoncés il y a huit ans «
Il faut rajouter une trentaine d’euros pour l’investissement
», défend l’ancien président du SMFM, Joël Duquenoy. L’explication vient aussi du fait que Flamoval n’est justement pas rentable’ moins il y a d’ordures, plus cela coûte cher de les brûler.

Aujourd’hui, contrairement à ce qui était prévu, Flamoval va donc avaler de nouveaux déchets apportés par des sociétés privées (dans l’espoir de faire baisser le prix de la tonne de 6 , calcule le syndicat). Ce qui sera toujours plus cher que ce qui était prévu avant la construction. «
Si déjà on arrive à 100 la tonne, ce serait un exploit !, considère pour sa part Philippe Brouteele, président du SMICTOM (syndicat de gestion des ordures de Flandre). 90 comme cela avait été annoncé, je n’y crois pas’
»

Le coût de Flamoval

« Un coût global de 70 millions d’euros » : FAUX.

En 2007, la facture de Flamoval se détaillait ainsi, selon le SMFM : «
Nous avons passé un appel d’offres pour le process, soit 50 millions d’euros. L’appel d’offres pour le génie civil est estimé à 18 millions d’euros, soit un coût global de 70 millions d’euros.
» Mais en 2008, déjà, le budget était légèrement revu à la hausse : 78 millions. «
Mais tout sera remboursé sur plusieurs années.
»

Pour financer la construction, la collectivité a en fait emprunté 93,3 millions d’euros (sans compter les intérêts). En 2016, il reste 82 M’ à rembourser. Les emprunts ont été renégociés. En contrepartie, la durée de remboursement a été allongée jusqu’en 2036. Un choix assumé. «
À terme, cela coûtera un peu plus cher, mais nous demandons moins aux contribuables chaque année. Le but est que la taxe d’ordures ménagères n’augmente pas
», souligne le vice-président du SMFM Michel Hermant. Pour l’heure, les élus veulent que Flamoval reste « indolore » sur nos factures mais cet incinérateur, les contribuables le paieront’ longtemps.

L’essentiel

L’incinérateur Flamoval, situé à Arques, brûle les ordures ménagères de 170 communes (soit un peu plus de 300 000 habitants) réparties entre Flandre et Audomarois. Cela correspond plus précisément aux déchets de trois syndicats (SM Lys Audomarois, SIROM et SMICTOM sauf quelques communes comme Renescure dont les déchets sont encore enfouis).

En dates

L’idée de l’incinérateur est ancienne : depuis des années, les élus du territoire cherchaient une solution pour se débarrasser des déchets ménagers (l’un des objectifs était de mettre fin à l’enfouissement, très peu écolo). C’est en 2000, qu’un syndicat a été créé pour le gérer : le SMFM ou syndicat mixte Flandre Morinie. Deux ans après, est prise la décision d’implanter l’incinérateur à Arques.

En 2003, débute la contestation. Une manifestation monstre avec 4 000 personnes a lieu à Saint-Omer en 2008. En 2009, les travaux commencent et en 2012, Flamoval brûle ses premiers déchets.

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