Procès de l’ex-juge béthunois Pichoff , le procureur cogne

Procès de l'ex-juge béthunois Pichoff , le procureur cogne

Il faut bien le reconnaître : on rit parfois, dans cette salle d’audience où se joue le sort judiciaire d’un homme qui en a jugé tant d’autres. Ce n’est pas lui qui prête à rire. Pierre Pichoff est du mauvais côté de la barre, et ce rôle ne lui va pas du tout. Il était apprécié dans son habit de magistrat, il est ici très mal à l’aise. Parfois un peu pathétique.

Ce sont plutôt ses acolytes, ses «

mauvaises fréquentations

», comme a dit le président Géron, qui donnent une touche pittoresque à ce procès délocalisé à la capitale. De Guy Mollet, ex-bras droit de Gérard Dalongeville à Hénin-Beaumont, qui ne sait plus s’il a parlé à un Ch’ti ou à un psy, au cours de l’instruction («

Vous savez, le gars qui pose des questions pour savoir si on est normal’
»), à José Lefrère, intarissable conteur d’histoires invraisemblables.

Une mitraillette, celui-là. Le président n’en revient pas : «
Le problème, M. Lefrère, c’est que quand vous avez fini de me répondre, je ne sais plus quelle question je vous avais posée.
» Parfois, pourtant, il est plein de bon sens : «
Pourquoi je serais allé corrompre un juge en faisant des chèques, alors que, travaillant en Belgique, j’avais des billets roses plein les poches
» Il voit bien que cela demande un développement, et il est toujours partant : «
Ben oui, le liquide. Le blanchiment, c’est la coutume.
»

Ils nient tous

Des chèques sont arrivés sur le compte de Pierre Pichoff, c’est vrai. «
Mais c’était pour me dépanner. En ami
», dit celui-ci, qui était criblé de dettes. Il y a eu du liquide, aussi, si on en croit l’accusation. Trois mille euros, dans une enveloppe reçue dans une voiture, sur un parking au bord de l’autoroute. Pierre Pichoff l’a reconnu en garde à vue, mais c’est parce qu’il était «
complètement fatigué
».

Aujourd’hui, il nie. Ils nient tous, d’ailleurs, et vont jusqu’à rappeler l’origine de cette accusation : une lettre écrite par le déjà cité Gérard Dalongeville, du fond de sa cellule. «
Je trouve qu’on donne soudain beaucoup de crédit à ce qu’affirme M. Dalongeville
», s’étonne un prévenu. Sourires complices et clins d »il’

C’est le procureur qui sonnera la fin de la récré. Il ne s’est pas amusé un instant. On ne sait pas vraiment où il est allé trouver «
des éléments matériels incontournables

», mais il a surtout vu «
un magnifique ballet en pas de deux très bien orchestré
». Et il demande de deux à trois ans de prison ferme, pour les sept prévenus, qui n’ont plus envie de rire du tout.

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