Prime des instituteurs , comment le gouvernement ménage le suspense

Prime des instituteurs , comment le gouvernement ménage le suspense

Le Monde
| 03.05.2016 à 08h56
Mis à jour le
03.05.2016 à 09h13
|

Par Mattea Battaglia

Quelle forme va prendre la revalorisation des salaires des enseignants du primaire ‘ La question aura tenu en haleine la plupart des participants à la première des deux journées célébrant, les 2 et 3 mai sous les ors du palais Brongniart, dans le 2e arrondissement de Paris, la « refondation » de l’école impulsée par la gauche. Cette mesure aura réussi à éclipser, au grand dam du gouvernement organisateur de l’événement, grand nombre des thématiques mises en débat parmi les 2 000 participants : école inclusive, climat scolaire, stratégie numérique, valeurs de la République, etc.

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Aucun doute sur l’imminence de cette revalorisation : en inaugurant ce grand show sur l’école, lundi matin, la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, n’a pas manqué de rappeler sa légitimité : « C’est reconnaître que nous ne cessons de confier aux professeurs des responsabilités, que la société leur demande beaucoup », a-t-elle justifié. En clôture de cette même journée, le président de la République a, lui, insisté sur le caractère « indispensable » de cette reconnaissance, en martelant un message de confiance à l’adresse de la communauté éducative.

Pas de mystère non plus sur le montant du coup de pouce salarial : pour atteindre la parité avec l’indemnité annuelle de 1 200 euros versée aux enseignants du second degré l’ISOE, dans le jargon de l’école , ce sont 800 euros qui seront ajoutés à la prime de 400 euros répondant au doux nom d’ISAE et créée en 2013, au bénéfice des instituteurs, par l’ex-ministre de l’éducation, Vincent Peillon.

Les syndicats veulent des versements avant la fin du quinquennat

Seule inconnue : le calendrier de cet alignement sur lequel le gouvernement s’était engagé voilà trois ans. Il reviendra au premier ministre, Manuel Valls, de lever le secret sur son échelonnement, mardi 3 mai en fin d’après-midi, en conclusion des deux « journées de la refondation ». D’ici-là, les syndicats d’enseignants, au-delà de leurs divergences, défendent peu ou prou le même scénario : 800 euros versés en une, voire deux échéances, avant le scrutin présidentiel de mai 2017, et pas au-delà. « En un ou deux versements avant la fin du quinquennat, ça passe, mais en trois fois, ça ne le fera pas », avertit Sebastien Sihr, porte-parole du SNUipp-FSU, sûr que « l’engagement gouvernemental, s’il était légué à une prochaine mandature, deviendrait très hypothétique ».

Le syndicat, majoritaire parmi les professeurs des écoles, a chiffré le « geste » à 265 millions d’euros. « C’est une somme, certes, mais je la pense facilement absorbable par la sixième puissance économique du monde, soutient le syndicaliste. Cinq cents millions d’euros ont été débloqués en urgence en juillet pour les agriculteurs. Est-ce qu’on ne peut pas investir la moitié pour des instituteurs qui ont charge d’enfants ‘ »

« Ce serait très décevant que l’ISAE à 1 200 euros ne soit pas inscrite au budget 2017, réagit dans la même veine Frédéric Sève, du SGEN-CFDT. Autrement dit que la gauche laisse à la prochaine mandature le soin de finir le job ». « Tout reste possible », voulait encore croire, le 2 mai, Christian Chevalier, secrétaire général du SE-UNSA, en rappelant que l’arbitrage relève in fine du premier ministre.

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Les « hussards » de la République

Dans une tribune publiée sur Facebook lundi soir, Manuel Valls aura, en tout cas, mis noir sur blanc son intention :

« Nous avons lancé des travaux pour construire de nouveaux parcours de carrière et mieux reconnaître le métier d’enseignant. C’est dans ce cadre que nous allons poursuivre la revalorisation des salaires dans le premier degré, initiée en 2013. Nous le devons à ces maîtres, qui restent les hussards’ de la République. »

Reste à savoir comment ces « hussards » à qui la gauche rend hommage de manière appuyée à un an de l’échéance présidentielle, mais dont le salaire reste très en deçà de celui de leurs homologues européens, accueilleront les annonces.

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