Primaire socialiste , Benoît Hamon cherche son élan

Primaire socialiste , Benoît Hamon cherche son élan

Le Monde
| 27.08.2016 à 07h35
Mis à jour le
27.08.2016 à 10h48
|

Par Cédric Pietralunga

L’encéphalogramme reste plat. Révélée en pleine torpeur estivale, le 16 août, sur le plateau du 20 heures de France 2, afin d’éviter l’embouteillage de la rentrée politique, la candidature de Benoît Hamon à la primaire organisée par le Parti socialiste (PS), prévue les 22 et 29 janvier 2017, peine à mobiliser.

Dans le baromètre Ipsos-Le Point publié mardi 23 août, 24 % des personnes interrogées disent avoir une opinion favorable de l’ancien ministre, un score en progression de seulement deux points, alors que le sondage a été réalisé quelques jours après l’annonce de sa candidature. Chez les sympathisants du PS, le score est à peine meilleur : 32 % ont une bonne opinion de lui’ mais ils sont autant à le juger défavorablement.

Même attentisme du côté des élus. Pour l’instant, le député des Yvelines, 49 ans, n’a pas réussi à convaincre de grandes figures de rallier son panache. Sollicitées, la maire de Lille, Martine Aubry, celle de Paris, Anne Hidalgo, ou l’ex-garde des sceaux, Christiane Taubira, n’ont pas (encore) donné suite. Pis, Henri Emmanuelli, le député des Landes, a qualifié d’« irresponsable » sa décision de concourir à la présidentielle.

Démarrage poussif

« Certains confondent le fait de disputer le leadership de la gauche au sein du PS et conquérir la présidence de la République », a taclé le vieux grognard, pourtant l’un des proches de l’ex-ministre de l’éducation nationale, dans un entretien à Sud Ouest le 20 août.

M. Hamon revendique bien l’appui d’une vingtaine de parlementaires, mais la plupart sont déjà membres de son courant, « Un monde d’avance ».

Pour autant, ce démarrage poussif n’inquiète pas l’intéressé. Accélérer ‘ L’ancien député européen et conseiller régional d’Ile-de-France dit avoir le temps. « Je n’ai pas besoin de passer la deuxième ou la troisième, explique-t-il. La campagne va durer jusqu’en janvier, j’ai le temps de défendre mes idées. » La première étape a lieu ce week-end, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où l’élu rassemble ses troupes. Un millier de personnes sont attendues et « quelques surprises aussi ». Sans plus de précisions.

Sévère réquisitoire du quinquennat

Lors de son discours, prévu dimanche, M. Hamon entend dresser un sévère réquisitoire du quinquennat, qui a abouti à un « pays fracturé ». « Durant quatre ans, François Hollande n’a jamais parlé de progrès social mais toujours de réduction des déficits, tacle l’ancien porte-parole du PS. Son échec n’est pas celui de la gauche. S’il a failli, c’est parce qu’il a mené la même politique que ses prédécesseurs. »

Selon lui, la polémique sur le « burkini » est exemplaire de la régression des valeurs de gauche, contre laquelle il se bat. « Je ne méprise pas la question identitaire, mais je trouve tragique qu’elle prime sur les questions sociales », explique-t-il, pointant particulièrement le rôle du premier ministre Manuel Valls dans cette inversion des normes.

Lui assume de ne pas axer sa campagne sur les thèmes régaliens, omniprésents dans le débat depuis les attentats. « Je ne crois pas aux solutions miracles, je ne participerai pas au concours Lépine sur la question sécuritaire », affirme-t-il. S’il a toutefois des idées sur la question, comme le rétablissement de la police de proximité, il préfère rester sur le registre des valeurs, mettant en avant l’idée d’une « République métissée ». « L’honnêteté, la tempérance et la concorde seront les trois axes de ma campagne », prévient l’élu.

Remobiliser l’électorat de gauche

À l’inverse, il compte multiplier les propositions en matière économique et sociale, manière selon son entourage de remobiliser l’électorat de gauche. Réduction du temps de travail, instauration d’un « revenu universel d’existence », taxe sur les transactions financières’ « Demain, nous créerons plus de richesses avec moins d’emplois, il faut donc inventer de nouvelles façons de redistribuer », explique l’élu d’origine bretonne. Et tant pis s’il ne fait pas le buzz avec ces thèmes. « Je fais le pari de l’intelligence des électeurs », assume-t-il.

De quoi inquiéter ses adversaires à la primaire, où les candidatures issues de la gauche du PS se bousculent ‘ « Personne n’écoute ce que dit Hamon : cela ne provoque aucune adhésion. Ses propositions sur les 32 heures, sur le cannabis, sur la fin du productivisme’ cela n’imprime pas », se rassure-t-on dans l’entourage d’Arnaud Montebourg, où l’on mise sur les sondages pour faire la différence.

Forfanterie ou conviction, Benoît Hamon se dit en tout cas « certain d’être au second tour de la primaire ». Mieux, il se projette déjà vers l’élection présidentielle. « J’ai la capacité de rassembler au-delà du PS, de rallier des écolos, des communistes’ », affirme-t-il. Comprenez : à l’inverse de mes adversaires.

Quant à ceux qui l’accusent de se présenter uniquement pour prendre date et peser lors de l’après-2017, il affirme qu’ils n’ont rien compris à sa démarche. « Mon but n’est pas de préserver un courant, on n’est pas candidat à la présidentielle pour cela. Je me présente car je crains une défaite morale en rase campagne de la gauche », assure le quadragénaire.

Mais si François Hollande se présente et gagne la primaire, le soutiendra-t-il ‘ « Je m’engage à respecter la règle’ parce que je pense que je peux gagner la primaire. »

La primaire, mode d’emploi

Les dates

La primaire organisée par le parti socialiste (PS) se déroulera les 22 et 29 janvier 2017. Elle est « ouverte aux acteurs de la Belle Alliance populaire » (PS et écologistes pro-gouvernementaux).

Les candidats

Marie-Noëlle Lienemann, Benoît Hamon, François de Rugy, Jean-Luc Bennahmias et Gérard Filoche se sont déclarés. Arnaud Montebourg laisse planer le doute. François Hollande a promis de passer par la primaire s’il briguait un nouveau mandat. La date limite de dépôt des candidatures a été fixée au 15 décembre.

Les conditions

Les modalités du vote (nombre de bureaux, de signatures requises, etc) seront ratifiées le 2 octobre par le Conseil national du PS. Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, s’est engagé à ce qu’elles soient proches de celles fixées lors de la primaire de 2011.

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