Présidentielle gabonaise , suspense et inquiétude en attendant les résultats

Présidentielle gabonaise , suspense et inquiétude en attendant les résultats

Le Monde.fr avec AFP

Le 31.08.2016 à 09h33

Mis à jour le 31.08.2016 à 10h25

Dans une rue de Libreville, le 30 août 2016.
Crédits : MARCO LONGARI/AFP

Le Gabon s’est réveillé, mercredi 31 août, sans connaître le nom de son président après une vaine nuit de réunion à la commission électorale qui n’a pas départagé le chef de l’Etat sortant, Ali Bongo Ondimba, et son rival, Jean Ping.

« Pourquoi s’amuse-t-on à se faire peur ‘ Il faut qu’on en finisse avec le suspense », conseille, mercredi, le journal national L’Union, proche du pouvoir. Le quotidien reproduit en « une » l’appel à la retenue lancé la veille par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, à MM. Bongo et Ping, qui revendiquent tous deux la victoire.

Réunion plénière

Redoutant des troubles, les Gabonais vivent au ralenti dans l’attente de la proclamation du résultat final par le ministre de l’intérieur, prévue à l’issue d’une réunion plénière de la commission électorale nationale (Cénap) en présence des délégués de MM. Ping et Bongo.

Lire aussi : Gabon : jour J pour Ali Bongo et Jean Ping

Dans le centre de Libreville, le dispositif policier et militaire reste important, malgré une levée des barrages autour du siège de la présidence sur le front de mer, a constaté une journaliste de l’AFP.

Les habitants sortent timidement, à pied le plus souvent, faute de taxis habituellement très nombreux. Les commerces ouvrent leurs rideaux sans exclure de finir la journée plus tôt que prévu, comme la veille.

Troubles post-éléctoraux

Habitués à la paix civile, les Gabonais se souviennent pourtant des troubles post-électoraux de 2009 dans la capitale économique Port-Gentil (pillages, consulat de France incendié) qui avaient fait plusieurs victimes.

Lire aussi : Présidentielle au Gabon : les deux camps revendiquent la victoire

Les délégués de MM. Bongo et Ping ont veillé toute la nuit au siège de la commission électorale, qui centralise les procès-verbaux d’une élection à un tour avec un peu plus de 628 000 inscrits.

Mais l’assemblée plénière de tous les dangers a-t-elle vraiment commencé ‘ La télévision publique proche du pouvoir l’a annoncé au milieu de la nuit, une information démentie par l’opposition jusqu’au matin. De source concordante, les débats butent sur les résultats dans la province du Haut-Ogooué, le fief d’Ali Bongo et de son père et prédécesseur Omar Bongo, au pouvoir pendant quarante et un ans, jusqu’à sa mort en 2009.

Gonfler les chiffres

L’opposition soupçonne le pouvoir de vouloir gonfler les chiffres de la participation électorale en faveur d’Ali Bongo dans cette province qui compte 71 123 électeurs inscrits.

Lire aussi : Au Gabon, le sort incertain de la dynastie Bongo

« Pour gagner, Ali Bongo devrait obtenir plus de 60 000 voix dans le Haut-Ogooué, avec un taux de participation dépassant les 90 % », a avancé dès mardi soir le directeur de campagne de M. Ping, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi.

Deux observateurs de l’Union européenne étaient présents mercredi matin à la commission électorale. Mardi, M. Ping, 73 ans, a répété qu’il se considérait vainqueur de cette élection. L’entourage du président Bongo évoque également depuis samedi une « avance » qui lui garantirait la victoire.

Les invectives

Malgré l’appel du secrétaire des Nations unies, les invectives n’ont pas cessé mardi. Le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nze, a dénoncé « des ingérences multiples » au bénéfice de M. Ping, visant la France et un présumé proche du président ivoirien Alassane Ouattara, qui a été congédié par le pouvoir à Abidjan.

Lire aussi : Une élection présidentielle sous haute tension au Gabon

Ex-baron du régime du président Omar Bongo, opposant tardif après l’élection de son fils Ali en 2009, Jean Ping, 73 ans, prétend renverser la famille au pouvoir depuis 1967. Ses électeurs énumèrent des doléances sans fin dans ce petit pays pétrolier de 1,8 million d’habitants frappé par la chute des cours du baril : « La victoire, ce n’est pas pour Ping, c’est pour le peuple. En février, je pars à la retraite, j’aurai quoi ‘ Le salaire de base, c’est 80 000 francs CFA [120 euros] », déplore Germaine Menga, 55 ans, agent d’accueil à l’hôpital, devant le siège de l’opposant.

« Nous sommes fatigués qu’on nous vole chaque fois la victoire », prévient-elle, un discours récurrent chez tous les électeurs de M. Ping. Ali Bongo, 57 ans, a défendu son bilan avec des « investissements sans précédent » et la diversification de l’économie, en promettant « l’égalité des chances » et de faire mieux pour le logement.

Passionnant l’Afrique francophone, l’élection au Gabon intéresse évidemment la France, l’ancienne puissance coloniale qui compte au moins 10 000 ressortissants sur place. M. Ping a été reçu à sa demande à l’ambassade de France dimanche. Objectif de cette démarche : « éviter le passage en force d’Ali Bongo », selon son entourage.

Leave A Reply