Plus de 82 000 intentions d’embauches dans le Nord et le Pas-de-Calais

Le chômage n’a jamais été aussi haut, tout comme les intentions d’embauches des 116 609 employeurs de la région (hors administration d’État) interrogés en décembre pour cette année. Selon l’enquête publiée mercredi par Pôle emploi avec le CRÉDOC, les besoins de main-d »uvre exprimés dans le Nord progressent de 1,3 % (54 530 projets) et de 5,5 % dans le Pas-de-Calais (27 518 projets), département qui s’aligne sur la moyenne nationale (+ 5,1 %, 1,8 million de projets).

Au final, 82 048 projets de recrutements, c’est le total le plus élevé depuis sept ans avec une évolution constante à la hausse depuis 2010. «
Et c’est une bonne nouvelle car on sait que 80 % des intentions d’embauches finissent par devenir des embauches réelles en cours d’année
», explique Corina Paris, responsable de la statistique à la direction régionale de Pôle emploi à Lille.

Surtout dans les métiers peu ou pas qualifiés

Les enseignements de l’enquête sont multiples. Si l’évolution est moins marquée à la hausse des besoins d’embauches dans le Nord, ces derniers concernent d’abord, dans l’ordre, les professionnels de l’animation socioculturelle (4 910 projets), les femmes ou hommes de ménage (3 068 projets) ou les ouvriers non qualifiés dans l’emballage et la manutention (1 737 projets).

Dans le Pas-de-Calais, on retrouve le socioculturel (2 562 projets) et les agents d’entretien de locaux (1 558 projets), mais la médaille de bronze est attribuée aux aides et apprentis de cuisine (1 063 projets).

Dans les deux départements, la plupart des intentions d’embauches les plus nombreuses concernent des métiers peu ou pas qualifiés avec l’exception des cadres de l’informatique. Dans le Nord, plus d’un quart des projets d’embauches (27, 3 %, 1,8 pt) sont estimés difficiles à réaliser, c’est près de trois projets sur dix dans le Pas-de-Calais (28 %, + 1,7 pt).

Dans le bassin lensois, 31 % des projets sont jugés difficiles à réaliser, 34 % dans l’Artois-Ternois, 29 % à Lille, 22 % à Dunkerque.

L’enquête est accessible à tous. Les demandeurs d’emploi peuvent accéder aux offres, même dans les autres régions. Voir le site http://bmo.pole-emploi.org/static/bmoenquete2016

16 % privé…

L’enquête de Pôle emploi renvoie à celle réalisée il y a deux mois par la chambre régionale de commerce et d’industrie (CCIR). D’après celle-ci, 14 000 projets de recrutement furent recensés dans notre région dans le seul secteur privé en 2015 et 16 % des dirigeants déclaraient en décembre une intention d’embauche en 2016. La prudence est de rigueur pour le réseau consulaire puisque 72 % des dirigeants interrogés tablent sur une stabilité des effectifs, 10 % les envisageant à la hausse, 10 % à la baisse et 8 % ne se déclarant pas. Manque de visibilité…

Small is beautiful

L’emploi repart en attendant l’inversion de la courbe du chômage. L’enquête de Pôle emploi ne le dit pas mais elle le laisse entendre aux analystes cuisiniers de la lutte contre le chômage. Dans la grande marmite du marché du travail, éviter surtout les suppressions de postes dans les grandes entreprises (autant dire y maintenir les emplois) et créer des postes dans les petites (autant dire les aider à se développer).

La tendance est la même en 2016 que les années précédentes : sept intentions d’embauches sur dix émanent d’entreprises de moins de 50 salariés, les PME. Et près de la moitié sont déclarées dans les établissements de moins de dix salariés, les TPE. Seule une intention d’embauche sur six (14 %) se situe dans les groupes de plus de 200 salariés. À tous les politiques, ce message du marché du travail : priorité aux petits ! D’autant qu’un tiers des postes sont difficiles à pourvoir et surtout dans les PME pour des métiers peu ou pas qualifiés. «
C’est le Nooooord’
»

Yannick Boucher