Peine d’humiliation numérique pour Johnny Depp et Amber Heard

Peine d'humiliation numérique pour Johnny Depp et Amber Heard

Les visages de la lassitude.

La bagarre juridique entre le gouvernement australien et les acteurs Johnny Depp et Amber Heard, accusés d’avoir introduit illégalement leurs deux petits chiens dans le pays, a pris fin, le 18 avril, avec une très clémente condamnation, un rappel de la législation très stricte sur la « biosécurité » et une vidéo assez… bizarre.

Amber Heard était poursuivie pour avoir sciemment mal rempli la fiche des douanes et caché l’existence de ses Yorkshire terriers en arrivant, via un vol privé, en Australie, où son mari tournait le 5e épisode de Pirates des Caraïbes en avril 2015. L’Australie impose une réglementation très stricte concernant les animaux entrant sur son territoire, afin d’éviter la propagation de maladies.

Après un an de menaces, de mises en garde ignorées et de déclarations par presse interposée, Heard avait accepté de comparaître devant la justice, présentant ses excuses et parlant d’un malentendu.

Humiliation et « biosécurité »

Verdict : un mois avec sursis et 1 000 dollars australiens d’amende. L’accusation d’avoir « importé illégalement des animaux », qui aurait pu valoir jusqu’à dix ans de prison, a été abandonnée.

En contrepartie, les deux acteurs se sont engagés à faire une vidéo pour vanter la beauté naturelle de l’Australie et son fragile équilibre, que pourrait détruire toute introduction illégale de faune. Comme l’a résumé la juge chargée du dossier, le clip de 40 secondes « allait être plus bénéfique au pays » qu’une simple condamnation.

D’un côté, elle a eu raison. La vidéo, mise en ligne dans la nuit de dimanche à lundi, a largement tourné sur les réseaux sociaux, partant d’Australie et tombant sur les fils des internautes du reste du monde qui commençaient leur semaine. Les médias l’ont relayé, commenté et moqué.

Car les images ressemblent à un celles d’une vidéo de prise d’otage : le couple hollywoodien, assis dans une pièce, lit un script d’une voix monotone avec une fatigue à peine cachée et une émotion proche de zéro. Le texte, imposé par le gouvernement australien, est très lyrique. Il vante « le trésor de plantes, d’animaux et de gens uniques » de l’Australie et l’importance des lois de « biosécurité ».

Le contraste est comique lorsque les deux acteurs le récitent péniblement. Quand l’un parle, on préfère regarder l’autre, qui fixe longuement la caméra, en imaginant ce qu’il pense.

On écoute à peine ce qu’ils disent. La morale de la vidéo pourrait être : voilà ce qui arrive quand vous ne respectez pas les lois en Australie. On vous humilie sur Internet.

« Je n’ai pas du tout honte »

Un homme qui a adoré cet exercice de contrition numérique a été le ministre de l’agriculture et vice-premier ministre australien, Barnaby Joyce, qui mène, depuis un an, le combat juridique et médiatique contre Depp, Heard et leurs deux chiens. Celui qui avait menacé d’expulser, voire d’euthanasier les deux petits animaux car ils présentaient « un énorme risque » pour toute l’Australie.

« Je n’ai pas du tout honte », a-t-il dit après le verdict, après avoir participé à l’enregistrement de la vidéo, et après l’avoir rapidement mise en ligne sur sa page Facebook. « Je ne pense pas que c’est quelque chose qu’ils auraient fait de leur propre chef ».

« Je veux qu’elle soit vue le plus largement possible (‘), plus elle est regardée, plus les gens connaîtront nos exigences biosécuritaires et quand ils viendront dans notre pays, ils sauront que c’est une chose sur laquelle les Australiens sont complètement intransigeants. »

Comme par hasard, Johnny Depp marmonne à la fin de la vidéo à peu près la même chose que Barnaby Joyce, un homme qu’il avait un jour qualifié « d’Australien bedonnant et plein de sueur ». Mais il le dit bien plus succinctement, la voix débordante d’exaspération :

« Si vous ne respectez la loi australienne, ils vous le diront très fermement. Déclarez tout lorsque vous venez en Australie. »

Luc Vinogradoff

Signaler ce contenu comme inapproprié

Leave A Reply