Pas de pagaille  en 2010 ‘ La grosse amnésie de Nicolas Sarkozy

 Pas de pagaille  en 2010 ' La grosse amnésie de Nicolas Sarkozy

« Chienlit », « prise d’otages » : alors que le conflit autour de la réforme du code du travail se tend, avec des blocages de raffineries et de dépôts d’essence, le vocabulaire utilisé par les hommes politiques, notamment d’opposition, se durcit également. Et certains, à l’instar de Nicolas Sarkozy, vont même plus loin, en se lançant dans des comparaisons, quitte à quelque peu revisiter le passé.

L’ex-chef de l’Etat et patron des Républicains a ainsi lancé, mercredi 25 mai, en marge d’un meeting :

« On tourne la page de la retraite à 60 ans, ce qui n’était pas facile [‘]. Pas de pagaille, pas de violences, pas de 49.3’ Aujourd’hui, la loi El Khomri, c’est rien. Grâce à ce rien, on a le 49.3 et, grâce à ce rien, on a l’anarchie. Voilà la différence entre un quinquennat et un autre. »

Pourquoi M. Sarkozy fait preuve d’amnésie ‘

Nicolas Sarkozy fait donc un comparatif entre la réforme des retraites de 2010 et le projet de loi travail. Mais sa mémoire semble lui faire quelque peu défaut.

72 policiers blessés, 2 254 interpellations

La réforme des retraites de 2010 a déclenché l’un des plus importants mouvements sociaux de la France d’après-guerre, avec huit journées de mobilisation et de manifestations partout dans le pays, auxquelles ont participé jusqu’à 1,12 million de personnes selon la police (le 7 septembre 2010).

Et, inévitablement, des mouvements sociaux de cette ampleur ont bien déclenché de la « pagaille » et des « violences ». Citons pêle-mêle :

– 22 policiers blessés et 264 casseurs interpellés le 27 septembre 2010 en marge d’une manifestation ;

– des occupations de lycées dans toute la France à partir du mois de septembre 2010, qui culmineront le 20 octobre avec une dizaine d’universités bloquées et jusqu’à un millier de lycées ;

– on comptera aussi deux permanences UMP murées le 12 octobre 2010.

Dans un bilan publié le 26 octobre 2010, l’AFP évoque le chiffre de 2 254 interpellations de « casseurs » depuis le 12 octobre, et de 72 policiers blessés. « Des voyous qui se cachent derrière des cagoules et qui sont là pour vous attaquer et casser du flic’, comme ils disent », assure alors le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux.

3 000 stations-service en rupture de stock

Autre point intéressant et oublié par M. Sarkozy : en 2010 comme en 2016, les syndicats ont utilisé l’arme du blocage de raffineries pétrolières, qui se sont toutes mises en grève. On comptera d’ailleurs près de 3 000 stations-service en rupture de stock le 18 octobre, autant sinon plus que ces derniers jours.

Seul point qu’on peut concéder à M. Sarkozy : disposant d’une majorité disciplinée et large, il n’a jamais eu recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire passer en force une loi durant son quinquennat.

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