Opérations des commerçants agriculteurs et transporteurs contre la  jungle  de Calais

Opérations des commerçants agriculteurs et transporteurs contre la  jungle  de Calais

Afin de faire pression sur le gouvernement pour obtenir un démantèlement au plus tôt de la « jungle », les commerçants et les acteurs économiques de Calais (Pas-de-Calais) entendaient mener, lundi 5 septembre au matin, une double opération escargot et effectuer une chaîne humaine.

Pour eux, le camp de la Lande, où vivent entre 6 900 personnes d’après la préfecture et plus de 9 000 selon les associations, fragilise l’économie de la région.

En dépit de la visite du ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, vendredi à Calais et de l’annonce du démantèlement prévu du plus grand bidonville de France, cette opération coup de poing, la première de ce type organisée depuis le début de la crise migratoire, a été maintenue.

« Vous aimez votre ville, votre port. Vous désirez que la situation change à Calais. Malgré les annonces faites par le ministre de l’intérieur, la sécurisation n’est pas assurée. L’urgence n’est pas traitée, nous maintenons la manifestation », a affirmé sur sa page Facebook le Grand Rassemblement du Calaisis, qui se présente comme un mouvement « citoyen et apolitique ».

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Les transporteurs exigent une « sécurisation immédiate »

A 6 h 30 lundi, des agriculteurs et des transporteurs routiers se sont rassemblés à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) et à Loon-Plage (Nord), près de Dunkerque, pour démarrer, à 7 h 30, une opération escargot avec pour destination Calais. Selon les organisateurs, près de 80 camions sont mobilisés ainsi qu’une centaine de tracteurs, en comptant les deux opérations escargots.

« Certes, M. Cazeneuve a annoncé le démantèlement, mais on a besoin d’une sécurisation immédiate. Si le démantèlement a lieu dans trois mois, il va y avoir pendant trois mois de nouvelles agressions de transporteurs ou des violences sur les particuliers. Il faut traiter au plus rapide », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) David Sagnard, président de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) du Pas-de-Calais. « Cette manifestation, c’est pour crier le mécontentement, plus que le mécontentement, vraiment le ras-le-bol de la profession, des transporteurs routiers » face aux « actes d’incivilité dont nous sommes victimes au quotidien. Aujourd’hui ce que l’on réclame c’est d’avoir des mesures d’urgence pour que l’on puisse rouler en toute sécurité sur l’autoroute A16 et sur la rocade portuaire », a-t-il expliqué.

« Marquer le coup »

Sous une fine pluie, les deux imposants convois, encadrés par des forces de l’ordre, roulaient à faible allure et recevaient régulièrement, à coups de klaxon, le soutien d’automobilistes et routiers roulant dans le sens inverse. Leur point de chute : l’autoroute A16 Paris-Ostende, qu’ils veulent bloquer pour obtenir gain de cause. Cet axe est particulièrement utilisé par les transporteurs européens pour rejoindre l’Angleterre via le port de Calais, premier de France pour le trafic passager, ou le tunnel sous la Manche.

Parallèlement, plusieurs centaines de personnes, essentiellement des commerçants de Calais ou des employés du port, vêtus de gilets jaune de sécurité, ont commencé à former une chaîne humaine. Conduits par Natacha Bouchard, la maire (Les Républicains) de la ville, qui brandissait un tee-shirt « J’aime Calais », les manifestants approchaient vers 9 H 30 de la rocade portuaire. « Calaisiens enfermés, migrants libres ! » ou « Le gouvernement doit déclarer le Calaisis en état de catastrophe économique », peut-on lire sur des banderoles confectionnées par la Fédération du commerce du Calaisis.

Frédéric Van Gansbeke, porte-parole du collectif des entreprises et commerces du Calaisis, espère « marquer le coup » avec cette opération, une première depuis le début de la crise migratoire dans la région. « La date du démantèlement n’a pas été donnée par M. Cazeneuve, peut-être pour ne pas créer d’affolement dans le camp, ce que je peux comprendre », a-t-il à l’AFP.

« Mais on proteste car on est loin » de la satisfaction des revendications, « notamment l’aide aux entreprises – on n’a ni montant ni date -, la création de la grande zone franche, ou la mise en secteur difficile du Calaisis. On n’a pas de réponses, donc on bloque », a-t-il ajouté. « Ce blocus peut durer longtemps! Il nous faut des réponses concrètes », a répété M. Sagnard.

Vers 10 heures, les camions et les tracteurs, dont certains équipés de remorques agricoles, devaient« ramasser » les manifestants formant la chaîne humaine pour les intégrer à leur convoi. En prévision de ces perturbations, la préfecture du Pas-de-Calais et la police ont invité les usagers de la route à ne pas emprunter l’A16 entre Boulogne et Dunkerque au cours de la journée, et de ne circuler que sur les routes nationales, départementales et les voies communales.

La solution de Sarkozy : un « centre fermé » au Royaume-Uni

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Vendredi, Bernard Cazeneuve avait annoncé la « fermeture la plus rapide possible » du camp de la Lande, sans toutefois donner de calendrier.

Interrogé par le journal La Voix du Nord, le candidat à la primaire de la droite pour l’élection présidentielle de 2017 Nicolas Sarkozy a suggéré la création d’un « centre fermé » outre-Manche, afin de traiter les demandes d’asile des migrants souhaitant rejoindre le Royaume-Uni.

« Puisque la plupart de ces étrangers viennent à Calais pour passer en Grande-Bretagne, je veux que nos amis britanniques assument désormais le traitement des demandes de ceux qui veulent l’asile chez eux, dans un centre fermé, en Grande-Bretagne, et qu’ils assument également le retour de ceux qui seront déboutés », a-t-il affirmé.

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