Obama à Hiroshima une visite sous le signe de  la poursuite de la paix 

Obama à Hiroshima une visite sous le signe de  la poursuite de la paix 

Le Monde
| 27.05.2016 à 06h31
Mis à jour le
27.05.2016 à 07h54
|

Par Le Monde.fr

Le président américain Barack Obama devait se rendre à Hiroshima, vendredi 27 mai, pour rendre hommage, près de 71 ans plus tard, aux victimes de la bombe atomique larguée par les Etats-Unis sur la ville japonaise. Près de 140 000 personnes avaient été tuées sur le coup ou dans les jours qui suivirent. A Nagasaki, la bombe atomique larguée trois jours après, le 9 août 1945, tua 74 000 personnes.

La première visite d’un président américain en exercice sur le site de la catastrophe se fera après le sommet du G7. Elle ne sera pas placée sous le signe de la contrition ou du regret, mais sous celui de « la poursuite de la paix et de la sécurité dans un monde sans armes nucléaires ».

Pour accepter cette visite historique, la Maison Blanche a fait comprendre qu’il n’était pas question que les Etats-Unis présentent des excuses pour ces décisions de temps de guerre. D’ailleurs, le Japon ne les demande pas. Le but de la cérémonie est, selon les Américains, d’« honorer la mémoire d’innocentes victimes ». M. Obama a ajouté, à propos d’une quelconque responsabilité historique :

« C’est le rôle des historiens de poser des questions et de les examiner. »

« J’ai l’impression qu’on a fait en sorte de ne pas trop en demander’ »

Selon un sondage du Japan Times portant sur un panel de 115 personnes, 78,3 % des survivants de la bombe, les hibakusha, disent, eux aussi, ne pas souhaiter que le président américain s’excuse. A un questionnaire à réponses multiples, la majorité souhaite qu’il visite des lieux symboliques du bombardement (87 %), fasse un discours fort contre la prolifération des armes nucléaires (80 %) ou écoute le récit des survivants (79 %).

Cette position est majoritaire, mais pas unanime. Un groupe de survivants a demandé publiquement une rencontre avec M. Obama et dit encore espérer qu’il présente des excuses. L’un d’entre eux, Toshiki Fujimori, a déclaré à l’agence Associated Press :

« J’ai l’impression qu’on a fait en sorte de ne pas trop en demander pour être sûr qu’il vienne à Hiroshima. Mais de nombreux survivants ne peuvent pas se satisfaire d’une visite sans excuses. »

Shizuka Kamei, un élu d’Hiroshima et membre du Parti libéral-démocrate du premier ministre Shinzo Abe, est allé jusqu’à dire que « si Barack Obama n’a pas l’intention de s’excuser, il ne devrait pas venir ».

Terumi Tanaka, survivant de Nagasaki et secrétaire général de la Confédération japonaise des survivants des bombes atomiques, a confirmé le 19 mai que son organisme avait volontairement « mis de côté » l’espoir des associations de survivants d’entendre des excuses de la part des autorités américaines, de façon à faciliter la visite de Barack Obama. Mais il a ajouté qu’il espérait que le président américain s’excuserait « au moins » auprès des victimes et des familles des disparus, dont certaines devraient être présentes lors de son discours.

« Tout le monde préfère oublier les responsabilités »

L’historien Yuki Tanaka, qui a travaillé pour l’Institut pour la paix de Hiroshima, a adressé, au nom de plusieurs associations de victimes, une lettre ouverte à Barack Obama lui demandant de présenter ses excuses pour ce « crime contre l’humanité ». Mais il ne se fait aucune illusion, comme il l’explique au Monde :

« Si le président Obama s’excusait, il faudrait que le premier ministre Abe en fasse autant pour les exactions de l’armée impériale. Alors, tout le monde préfère oublier les responsabilités. »

Notre récit :
 

Hiroshima, la cicatrice

A minima, certains voudraient voir le président américain visiter le musée de Hiroshima, qui avait « profondément ému » son secrétaire d’Etat John Kerry. Le directeur du musée voudrait « qu’il voie ce qui est arrivé aux enfants d’Hiroshima, et qu’il nous dise ce qu’il ressent. Pas en tant qu’homme politique, mais en tant que père ».

Keiko Ogura, une hibakusha de 79 ans, dit n’attendre qu’une chose : « Pas d’excuses. Non, seulement en tant qu’être humain. Vous êtes ici, debout sur la même terre, au même niveau qu’elle, pour prier pour les morts. »

Keiko Ogura avait 8 ans quand la bombe est tombée à 2,5 kilomètres de là où habitait à Hiroshima. Elle se rappelle un grand flash de lumière avant de s’évanouir.

« Quand je me suis réveillé, tout était sombre, je ne pouvais rien voir ».

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