Musique , PJ Harvey revient de terrains dévastés avec un puissant nouvel album (VIDÉOS)

Musique , PJ Harvey revient de terrains dévastés avec un puissant nouvel album (VIDÉOS)

Comme un symbole, l’enregistrement d’une partie des chansons du neuvième album de la fille du Dorset a eu lieu au Somerset House, à Londres, dans le cadre d’une installation artistique intitulée « Recording in Progress ». Le public pouvait, après achat d’un ticket, assister derrière un miroir sans tain à une session de travail de PJ, entourée de son groupe, de ses complices Flood et Parish et des « ingé son ».

Avec quelle matière Dans une interview qu’elle nous avait accordée juste avant de monter sur la grande scène du Main Square Festival en 2011 (elle n’en donne aucune cette fois, l’ouverture a ses limites), PJ Harvey dévoilait l’évolution naturelle de son rapport à l’art : «
J’ai toujours été très concernée par l’actualité, même quand j’étais encore adolescente. Mais je ne m’étais encore jamais sentie capable de traduire ça en chansons. J’ai enfin eu suffisamment confiance en moi pour essayer.
»

Avant de préciser, à propos de Let England Shake, consacré à la guerre et à ses implications pour l’homme
: «
J’ai préféré m’attarder sur la condition humaine dans ces circonstances si spécifiques, ce qui est universel. Tout le monde peut se sentir concerné et ressentir de l’empathie.
»

Évolution confirmée pour ce nouvel opus. L’artiste a étanché sa soif de témoigner avec des voyages au Kosovo, en Afghanistan et dans les quartiers désolés de Washington DC, en compagnie du photographe Seamus Murphy, habitué de ces terrains. Elle a amassé quantité d’impressions, qui ont d’abord donné vie à des poèmes (et un ouvrage avec les photos de Murphy), puis aux chansons de cet album.

L’Anglaise y brosse un état des lieux impressionniste de territoires ravagés par la guerre ou la désaffection de l’État (The Hope 6 Demolition Projet fait référence à un vaste projet immobilier).

À défaut d’être totalement séduit par le propos parfois fort et juste mais quelquefois maladroit, nous reste l’opportunité d’apprécier le travail musical qui enrobe ses « reportages ». Là, l »uvre est encore de haute volée. Entourée de ses habituels complices, elle délivre de vraies chansons, exaltantes et enjouées (The Community of Hope), puissantes et éminemment rock ou blues rock comme The Ministry of Defence ou The Ministry of Social Affairs (très « Bad Seeds » compatible), Near The Memorial To Vietnam and Lincoln ou The Wheel, avec le constant renfort de ch’urs masculins. D’autres titres plus tourmentés dévoilent toute sa sensibilité (A Line in The Sand ou River Anacostia, sans oublier le Dollar, Dollar final).

Les cuivres et percussions sont omniprésents, sans trop renforcer l’aspect martial de l’ensemble, et donnent une teinte brass band à quelques titres (comme Chain of Keys). Et la voix précieuse de Polly Jean déploie toute son ampleur, à pleine puissance ou en voltige dans les aigus. Pour la dixième étape, on rêve déjà en grand.

The Hope Six Demolition Project, Island/Universal Music, 17 .

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