Mondial de handball , les Bleus visent le sacre à domicile

Mondial de handball , les Bleus visent le sacre à domicile

Après être allée gagner aux quatre coins du globe depuis dix ans, la France accueille le 25e championnat du monde de handball dont le coup d’envoi sera donné par les Bleus, mercredi à 20 h 45, face au Brésil (en direct sur ce blog).

Paris, le 10 (et le 29 ) janvier 2017, sur les coups de 22 h 30. AFP/THOMAS SAMSON

En 1998, on avait attendu que l’équipe de France gagne la Coupe du monde pour projeter la tronche de Zizou sur l’Arc de triomphe. Nikola Karabatic, lui, a eu droit à cet honneur dès hier soir, vingt-quatre heures avant le coup d’envoi du 25e Mondial de handball. Le visage du maître à jouer des Bleus, étalé sur 50 mètres de haut au sommet de la plus belle avenue de la terre : voilà qui dit bien la place que « Niko » et ses camarades, à force de gagner partout, tout le temps, ont fini par offrir au hand dans le paysage sportif français.

Autre indice de l’essor dans notre pays de ce qui, il y a un quart de siècle, était encore considéré avec un léger mépris comme un « sport de préau » : le débat de l’entre-deux-tours de la primaire de la gauche, prévu jeudi 26, a été avancé de 24 heures, pour ne pas subir la concurrence de la demi-finale que les Bleus joueront ce soir-là, si tout se passe bien, ce que l’on ose espérer. Sécher le dernier carré cette année serait une sacrée faute de goût de la part des Experts, qui sont allés soulever des trophées aux quatre coins du globe ces dix dernières années dans des atmosphères parfois bien hostiles (Zagreb 2009, maman’).

ACHTUNG À ALLEMAGNE, OPMÆRKSOMHED AU DANEMARK

Les voilà enfin chez eux, déterminés à ressentir le grand frisson du sacre à domicile vécu par leurs aînés de 2001, que les increvables Thierry Omeyer (40 ans) et Daniel Narcisse (37 ans), déjà de la partie à l’époque, pourront raconter à Ludovic Fabregas (20 ans) ou Nedim Remili (21 ans) le soir avant de les border. Après avoir entamé les précédentes éditions du Mondial devant trois pelés, un tondu et quelques journalistes, dans l’anonymat d’Osijek (Croatie 2009), Kristianstad (Suède 2011), Granollers (Espagne 2013) et Duhail (Qatar 2015), les Bleus vont cette fois débuter devant 16 000 personnes dans l’immense arène de Bercy, qu’ils espèrent revoir dans deux semaines pour les demi-finales et la finale.

Il faudra, pour retrouver l’enceinte parisienne dans quinze jours, passer sur les corps des handballeurs japonais, norvégiens, russes et polonais au premier tour à Nantes, avant de déménager à Villeneuve-d’Ascq pour défier, si la logique est respectée dans les autres groupes, ce qui n’est jamais le cas, les Tunisiens ou les Macédoniens en huitièmes de finale, puis les Suédois ou les Qataris en quarts. Dans le dernier carré sont attendus les Allemands, champions d’Europe, les Danois, champions olympiques, les Espagnols, champions de rien mais revanchards après avoir loupé les Jeux de Rio, voire les Croates, champions de rien mais revanchards après avoir subi l’insolente réussite tricolore depuis tant d’années.

France-Brésil, Rio 2016. Suis-je le seul à ne pas comprendre comment Luc Abalo a pu marquer sur ce coup-là AFP/ROBERTO SCHMIDT

Et avant toute chose, lors du match d’ouverture ce soir, il faudra se débarrasser des Brésiliens, qui avaient causé bien du souci aux Bleus à Rio l’été dernier, en quarts de finale des JO. A l’époque, l’équipe de France n’était déjà plus championne d’Europe, mais elle était encore championne olympique pour quelques jours, et Claude Onesta prenait encore place sur le banc pendant les matchs. Le néo-manager général des Bleus ira désormais s’asseoir en tribunes, laissant le terrain aux néo-co-entraîneurs Didier Dinart et Guillaume Gille. « Ça me fait bizarre par moments, nous a confié « Claudius ». J’étais à Bercy [hier] pour l’entraînement, et j’ai fini par demander où est-ce que j’irais m’asseoir [aujourd’hui], pour savoir si je verrais bien le match. »

« MÊME SI ON DEVAIT PERDRE, RIEN NE S’EFFONDRERA »

On ne sait pas à quel point Onesta manquera à ses joueurs sur le champ de bataille, mais on sait combien il manquera aux journalistes en zone mixte ou en conférence de presse. Sa parole risque d’être rare au cours des prochaines semaines. Alors profitons de celles recueillies mardi, à la veille d’une aventure au bout de laquelle les Bleus tâcheront de conserver leur titre mondial pour broder une sixième étoile sur leur maillot, et surtout de perpétuer une tradition d’excellence en dépit du bouleversement que représente le retrait de leur ancienne figure de proue :

« Tout autre résultat qu’une victoire, on le percevrait, nous, comme un échec. Mais l’échec est relatif : il y a l’échec qui te tue, l’échec qui te construit, l’échec qui n’est qu’une étape’ Beaucoup de choses, au cours de ce tournoi, nous permettront d’avoir une analyse plus fine et de savoir si on reste dans la bonne direction, ou si on est en situation délicate et s’il faut opérer plus de modifications qu’on en a fait jusque-là.

Le paradoxe voudrait que la victoire nous sauverait de tout, et que la défaite nous plongerait dans le néant, mais je peux vous assurer qu’il y a des situations où même la victoire pourrait être préoccupante. Parfois, tu gagnes une compétition parce que tu as su jongler avec une ou deux difficultés, mais tu peux quand même avoir l’impression que la situation risque de se dégrader. Au contraire, sur certaines compétitions, tu peux ne pas gagner, mais avoir le sentiment que tu as vraiment franchi des paliers, que tu es sur la bonne route, et que demain sera meilleur.

On est les premiers à tout mettre en uvre pour que le moment qui s’ouvre soit un moment de grande réussite. Mais on est tous conscients aussi que, derrière une réussite ou un échec, et l’agitation médiatique que ça pourrait générer, l’histoire est beaucoup plus posée. Même si on devait perdre, rien ne s’effondrera. Les choses seront peut-être à analyser différemment, mais le handball français ne s’arrêtera pas demain. Ce Mondial, ça va être une belle histoire, quoi qu’il arrive. Bien évidemment, l’histoire serait merveilleuse si, en plus, l’équipe de France était au rendez-vous. »

Henri Seckel

Cédric Sorhaindo, Daniel Narcisse et Nikola Karabatic vous souhaitent un bon Mondial 2017. Twitter/@NKARABATIC

LE CALENDRIER DE L’ÉQUIPE DE FRANCEPremier tourMercredi 11 : France-Brésil (20 h 45), à ParisVendredi 13 : France-Japon (17 h 45), à NantesDimanche 15 : France-Norvège (17 h 45), à NantesMardi 17 : France-Russie (20 h 45), à NantesJeudi 19 : France-Pologne (17 h 45), à NantesPuis, éventuellementSamedi 21 : huitièmes de finale (18 heures), à Villeneuve-d’AscqMardi 24 : quarts de finale (19 heures), à Villeneuve-d’AscqJeudi 26 ou vendredi 27 : demi-finales (20 h 45), à ParisDimanche 29 : finale (20 h 45), à ParisToutes les rencontres seront diffusées sur BeIN Sports, le quart et la demi-finale éventuels sur TMC et la finale éventuelle sur TF1, carrément.

LES 16 BLEUSThierry Omeyer (PSG, gardien), Vincent Gérard (Montpellier, gardien), Luc Abalo (PSG, ailier droit), William Accambray (PSG, arrière gauche), Adrien Dipanda (Saint-Raphaël, arrière droit), Ludovic Fabregas (Montpellier, pivot), Michaël Guigou (Montpellier, ailier gauche), Luka Karabatic (PSG, pivot), Nikola Karabatic (PSG, demi-centre, arrière gauche), Kentin Mahé (Flensburg, demi-centre, ailier gauche), Timothey N’Guessan (Barcelone, arrière gauche), Daniel Narcisse (PSG, demi-centre, arrière gauche), Olivier Nyokas (Nantes, arrière gauche), Valentin Porte (Montpellier, arrière, ailier droit), Nedim Remili (PSG, arrière droit), Cédric Sorhaindo (Barcelone, pivot). Yanis Lenne (Sélestat, ailier droit) sera le 17e homme, présent dans le groupe en cas de blessure.

LE PALMARÈS DE L’ÉQUIPE DE FRANCEChampionne olympique en 2008 et 2012(et vice-championne olympique en 2016)Championne du monde en 1995, 2001, 2009, 2011 et 2015(et vice-championne du monde en 1993)Championne d’Europe en 2006, 2010 et 2014

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