Mohamed Ali une icône olympique

Mohamed Ali une icône olympique

Le Monde
| 04.06.2016 à 10h57
Mis à jour le
04.06.2016 à 11h12
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Par Mustapha Kessous

Dans sa vie pleine de gloire et de romance, une longue histoire passionnelle s’est nouée entre Mohamed Ali et les Jeux olympiques.

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Tout commence aux Jeux de Rome, en 1960. Un jeune boxeur de 18 ans va se promener sur le ring italien. Cet inconnu porte encore son « nom d’esclave » : il s’appelle Cassius Clay. Son allure intrigue. Sa peau ambrée tranche avec ses habits blancs. Son style est naissant. Il ne danse pas encore dans l’arène, il n’est pas encore « le plus grand », mais il est déjà le plus fort, balayant ses quatre adversaires avec une facilité insolente. Et que dire de cette finale des mi-lourds (75-81 kg) ‘ Avec grâce, il domine sans forcer le redoutable et expérimenté polonais, Zbigniew Pietrzykowski, triple champion d’Europe.

Cette médaille d’or lui ouvre la voie à une carrière hors norme. Mais malgré cette consécration olympique, l’homme va se sentir humilié. Un jour, un restaurant de Louisville refuse de le servir. Il a beau avoir apporté l’or à son pays, les Etats-Unis, il continue à être un homme à la peau sombre, un « nègre », dans cette Amérique ségrégationniste. Offensé, il jette sa breloque en or dans la rivière Ohio. « Ma médaille a perdu de son éclat », dira-t-il plus tard. Mais est-ce la réalité ‘ Cela fait partie de la légende en construction.

Reconnaissance américaine

Des décennies après son titre à Rome, Mohamed Ali ne monte plus sur le ring mais la légende ne se nourrit plus seulement de ses couronnes mondiales. Aux Jeux d’Atlanta, en 1996, il incarne désormais l’Amérique : c’est lui qui est choisi pour allumer la vasque olympique. Le public, massé dans le stade, découvre la silhouette fatiguée et la main tremblante d’un homme malade et vieillissant. Au stade, plus les spectateurs crient « USA, USA », plus la main d’Ali tremble. L’image fera le tour du monde.

Quelques jours plus tard, l’ancien champion va être médaillé une seconde fois. Le 3 août, lors de la finale du tournoi de basket entre les Etats-Unis et la Yougoslavie, le président du Comité international olympique (CIO), Juan Antonio Samaranch, lui offre une nouvelle médaille, la même qu’il avait si aisément remportée à Rome puis jetée dans la rivière Ohio. Sur le parquet, Ali, polo rouge siglé « USA », pose crânement avec sa breloque autour du cou, entouré des vedettes de la Dream Team.

Le mouvement olympique rendra d’autres hommages à l’icône de la boxe. Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Londres, le 27 juillet 2012, Ali, 70 ans, apparaît encore une fois dans le stade bondé. Il est très affaibli. Assis sur une chaise, il se lève quand le drapeau olympique porté notamment par Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies , s’approche de lui. L’étendard aux cinq anneaux s’arrête quelques minutes devant lui. Péniblement, le vieil homme touche le fanion blanc, comme pour le bénir. Au même moment, le public acclame l’ex-champion en costume blanc et lunettes noires. A Rio, cet été, l’esprit de Mohamed Ali planera encore sur la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques.

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