Migrants de Calais , les forces de l’ordre dépassées par la pose d’obstacles sur la rocade portuaire

Migrants de Calais , les forces de l'ordre dépassées par la pose d'obstacles sur la rocade portuaire

Les policiers se disent dépassés

Chaque nuit, depuis plus de trois semaines,
les migrants s’introduisent sur la rocade portuaire
, au niveau de l’intersection avec l’autoroute A16. Dans la nuit de dimanche à lundi, encore, vers 2 h, à la jonction de l’A16 et la sortie Marcel-Doret, des migrants ont déposé des objets des branchages pour bloquer les poids lourds. Ils agissent systématiquement selon le même mode opératoire. Sans être inquiétés, malgré la forte présence des forces de l’ordre sur la rocade, notamment aux abords de la « jungle ». En cause, des CRS qui «
manquent de moyens
» humains mais «
surtout matériel
», d’après Denis Hurth, délégué syndical UNSA-Police. «
On les repousse avec des grenades lacrymogènes mais dès qu’on arrête de tirer, ils avancent de nouveau.
» Denis Hurth précise que si personne n’est interpellé, c’est en partie car le centre de rétention de Coquelles est plein
: «
On en interpelle, de temps en temps, mais il faut les transporter dans d’autres villes, ce qui implique des hommes en moins sur le terrain à Calais.
»

Les associations « ne cautionnent pas »

François Guennoc, secrétaire de L’Auberge des migrants, qui précise que «
les associations ne sont pas impliquées
», voit dans ces assauts sur la rocade des actes désespérés : «
Plus on leur met d’obstacles, plus les migrants cherchent à passer. Le tarif des passeurs augmente, le port est bloqué…
» Le blocage de poids lourds sur la route portuaire serait, en quelques sortes, leur dernière chance. «
Certains ont réussi à passer comme ça.
» D’après l’associatif, ces intrusions ne sont pas encouragées par les passeurs, qui «
n’y ont pas d’intérêt
». «
On n’approuve pas, mais on comprend ces actions, poursuit François Guennoc, au nom de l’ensemble des associations d’aide aux migrants. Nous, on essaie de trouver des solutions avec les autorités. On sait bien que les mineurs, notamment, prennent trop de risques à essayer de monter dans les camions, mais ils ne nous demandent pas notre avis.
»

Le directeur du port en a « ras-le-bol »

Les acteurs économiques du port ont déjà alerté sur cette situation. Interrogé lundi, Jean-Marc Puissesseau, président de la Société d’exploitation des ports de Calais et Boulogne-sur-Mer, s’est dit excédé par «
cette situation aberrante
» : «
Le port, en tant que tel, est étanche. Concernant l’accès au port, on pensait dans un premier temps que la pose de grillage le long de la zone des Dunes allait suffire. Ce n’est pas le cas. J’ai proposé en décembre un plan de sécurisation de toute la rocade. Il est d’autant plus urgent de l’obtenir que ces attaques se répètent chaque nuit, à en devenir dangereuses pour les automobilistes. Je dis stop.
» La seule solution, pour lui : «
Le démantèlement complet de cette jungle

».

L’État compte « s’adapter à ces nouveaux modes opératoires »

«
Les personnes qui seront interpellées seront déférées devant la justice avec des sanctions extrêmement lourdes. » Lundi soir, le sous-préfet de Calais, Vincent Berton, s’est montré ferme quant au «
comportement irresponsable et meurtrier
» des migrants qui bloquent la rocade avec des obstacles.

Pour autant, depuis trois semaines, le phénomène perdure. «
Des migrants sont interpellés toutes les nuits aux abords de la jungle ou de la route ferroviaire
», précise le sous-préfet, mais «
aucun parmi ceux qui jettent des objets sur la rocade portuaire
». Pourquoi «
La rocade n’est pas éclairée partout. Les migrants agissent la nuit, par petits groupes. Ils jettent les branchages sur la route et se retirent rapidement. » Laissant les forces de l’ordre, pourtant nombreuses sur la rocade, au dépourvu.

«
Leurs actions changent tout le temps de lieu, ce n’est pas toujours au même niveau de la rocade. Ce n’est pas toujours à la même heure non plus. Il n’y a pas vraiment de règle. » La semaine dernière, la préfecture du Pas-de-Calais précisait qu’entre le moment où les migrants quittaient la « jungle » et leur action sur la rocade, ils empruntaient «
des chemins
», «
sans arme ni matériel
», donc sans enfreindre la loi. «
Il nous faut prendre le temps de bien comprendre et d’adapter notre réponse à ces modes opératoires pour mettre ces personnes hors d’état de nuire
», poursuit le sous-préfet.

Le temps que l’État développe sa défense, cependant, les actions des migrants se poursuivent, risquant chaque nuit de provoquer des accidents. Vendredi, vers 5 h 30,
trois voitures ont été accidentées à cause d’un tronc d’arbre et de branchages sur la chaussée
, faisant quelques blessés légers.

Le chantier de l’extension du grillage de la rocade ne démarrera pas cette semaine, contrairement à ce qu’annonçait le sous-préfet, le dossier étant « encore à l’étude ».

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