Mettez vos enfants au tapis !

Mettez vos enfants au tapis !

Le Monde
| 30.04.2016 à 07h34
Mis à jour le
30.04.2016 à 16h37
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Par Florent Bouteiller

Judo : le plus populaire

Vainqueur par K.-O.’ ou plutôt par ippon. Avec ses 600 000 licenciés répartis dans près de 5 600 clubs en France, c’est le champion des sports de combat. Le judo (« voie de la souplesse » en japonais), art martial inventé par le ­Nippon ­Jigoro Kano en 1882, est plébiscité par les parents, notamment pour ses vertus éducatives.

« Le judo possède un code moral. Tout petits, les judokas sont obligés de l’intégrer pour progresser. On leur enseigne le respect, le contrôle de soi, la politesse’ Bref, tout plein de valeurs qui leur serviront dans la vie de tous les jours’ », explique Djamel Niar, professeur à l’AJCP 12 à Paris. « Les médecins nous ont fait une publicité d’enfer, ajoute Thierry Rey, champion olympique en 1980, qui en avait fait le constat dans sa jeunesse. Quand un gamin était un peu turbulent ou introverti, les toubibs conseillaient aux parents de l’envoyer au judo. C’est toujours vrai. Dès qu’un enfant foule un tatami, il en ressort forcément un enseignement. »

Car l’autre avantage du judo est de développer les qualités physiques de chaque enfant, aussi bien à travers des exercices ludiques et des enchaînements de prises que des randoris (combats). A savoir, tout de même : peu continueront à l’âge adulte. En France, 80 % des judokas ont moins de 8 ans. Les plus persévérants pourront grossir le rang des 50 000 ceintures noires, et éventuellement embrasser une carrière à haut niveau pour imiter la star mondiale du judo, le Français Teddy Riner, fort de son titre olympique et de ses huit médailles d’or mondiales.

Le site de la Fédération française de judo : www.ffjudo.com

Pour certains, il aurait vu le jour sur l’île d’Okinawa, au Japon. Pour d’autres, il aurait été élaboré en Chine au VIe siècle après J.-C. Au-delà de ces querelles de clocher, le karaté (« la voie de la main vide ») a traversé le temps sans prendre trop de rides. En France, il comptabilise 200 000 licenciés.

Contrairement au judo, il n’est plus question de projections (ou si peu), mais de techniques de poings ou de pieds pour frapper toutes les parties du corps. Pas d’inquiétudes pour les plus douillets, les karatékas en herbe et les autres aussi sont encadrés par des professeurs diplômés d’Etat et recouverts de multiples protections (gants, protège-dents, casque et plastron) pour pratiquer en toute sécurité. « Physiquement, c’est un sport très complet qui développe la souplesse, l’agilité, la coordination et la précision », assure Yann Baillon, champion du monde en 2002 et entraîneur de l’équipe de France.

Le site de la Fédération française de karaté : www.ffkarate.fr

Capoeira : le plus ludique

Bien plus qu’un art martial, la capoeira pourrait être qualifiée de « danse de combat ». Le rythme impulsé par berimbau, pandeiro, atabaque et agogo, les principaux instruments de ce « sport » bien connu en France depuis que les maîtres brésiliens l’ont exporté dans les années 1970, va de pair avec ses mouvements amples, aériens et spectaculaires. Pas étonnant donc que la capoeira recueille un véritable succès auprès des enfants. « C’est une discipline complète qui développe la souplesse et l’équilibre. Elle n’est pas dangereuse. La première chose que l’on apprend, c’est à porter des coups sans intention de faire mal et, surtout, à esquiver. Le tout en musique et dans la joie », vante Bamba, professeur à l’association Jogaki, à Paris, qui dispense des cours aux enfants dès l’âge de 4’ans. « C’est aussi l’un des rares arts martiaux à créer une émulation de groupe car les capoeiristes forment un cercle, la roda, dans lequel deux adversaires s’affrontent. De ce fait, tout le monde participe », ajoute l’expert.

Outre l’apprentissage des différents instruments, les pratiquants sont sensibilisés, à travers les chansons, à la langue et à la culture brésiliennes. Car la capoeira puise ses racines dans les méthodes de combat et les danses des peuples africains du temps de l’esclavage.

Le site de l’école Jogaki Capoeira Paris : www.paris-capoeira.fr

Autre voie, celle de « l’épée », le kendo est l’héritage direct des samouraïs, à ceci près que le katana tranchant des mercenaires de l’ère Edo a été remplacé par le shinaï, sabre composé de quatre lattes de bambou. L’armure (kendo-gu), elle, est restée, avec son casque pourvu d’une grille métallique (men), ses gants (kote), son plastron (do) et son fameux hakama, le pantalon traditionnel nippon. Mais attention, il ne s’agit pas pour autant de taper comme un forcené sur l’adversaire. Le maniement du shinaï demande dextérité et précision. C’est d’ailleurs ce qui décourage la plupart des apprentis kendokas.

« En règle générale, il faut entre trois et six mois pour revêtir l’armure, met en garde Cyril Edou, 6e dan. L’apprentissage des fondamentaux est extrêmement long et répétitif. » Le kendo n’en demeure pas moins idéal pour permettre aux enfants, à partir de 6 ans, d’acquérir de la rigueur, grâce aux nombreuses étiquettes (salut, façon de plier le kimono, etc.) qui régissent cette discipline. Persévérance sera donc le maître mot pour progresser. Très onéreux il y a encore quelques années, le kendo est aujourd’hui plus abordable, avec le prêt d’armures mises à disposition dans la plupart des clubs.

Le site du Comité national de Kendo : www.cnkendo-dr.com

Savate : le plus frappant

Apparue au XIXe siècle, la boxe française, également appelée « savate », a été popularisée par Louis-Napoléon Bonaparte. L’empereur en imposa l’apprentissage au Bataillon de Joinville puis dans les salles des maîtres d’armes.

Aux techniques de poings de la boxe anglaise s’ajoutent des techniques de pieds. « C’est le sport éducatif par excellence, explique Arnaud Vivier, moniteur fédéral de la Team Della Corte à Marseille. A la savate, les enfants apprennent le respect de l’adversaire, du matériel et du professeur. » A l’instar du judo, la boxe française utilise des codes pour marquer la progression, la couleur des gants variant du bleu à l’argent en fonction des années de pratique. En compétition, seules les touches et l’esthétique comptent, les K.-O. étant interdits. « C’est une discipline complète qui sollicite tous les groupes musculaires, ajoute Arnaud Vivier. Mes entraînements ont même des vertus thérapeutiques. Le lendemain, mes élèves me disent qu’ils ont dormi comme des bébés ! » Un argument de taille qui ne manquera pas de convaincre les parents en quête de solutions pour leur progéniture un brin turbulente.

Le site de la Fédération française de savate-boxe française : www.ffsavate.com

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