Métropole lilloise , burkini à la piscine pas besoin d’arrêté là où les règlements suffisent

Métropole lilloise , burkini à la piscine pas besoin d'arrêté là où les règlements suffisent

Pour faire de la politique, Sébastien Leprêtre, maire Les Républicains de La Madeleine, a toujours préféré la toile émeri aux édredons. Et l’été n’est pas une saison propice à l’adoucir. Le 19 août, il s’est fendu d’un tweet pour soutenir les élus du sud dans leur combat contre le burkini et assurer qu’« à La Madeleine, on précisera le règlement en ce sens ».

L’annonce n’a elle-même pas été précisée par l’élu, qui n’a pas répondu à notre demande d’interview. Nous ne saurons pas, par exemple, si une femme a déjà tenté d’entrer dans la piscine avec la tenue islamique. En revanche, le règlement intérieur est visible aux yeux de tous avant de se rendre aux vestiaires. Que dit-il Que « le port de caleçons, shorts, bermudas, linges de corps, pantalons et assimilés est interdit ». Le burkini intégrant un pantalon, on voit mal comment celui-ci pourrait passer le pédiluve.

Usage empêché

Ce cadre vestimentaire se retrouve dans l’ensemble des piscines de la métropole. Sans que les mots soient identiques, il empêche à chaque fois l’usage du burkini. Jointes par téléphone, les directions des piscines de Lomme et de Loos-Haubourdin le confirment : leur règlement, depuis toujours (en tout cas bien avant l’affaire de cet été), précise que les femmes doivent porter un maillot de bain traditionnel, une ou deux pièces, et bannit les combinaisons, même en cas de maladie de peau. Cas qui, lui, s’était déjà présenté à Lomme.

Sébastien Leprêtre a reçu, logiquement, le soutien de son camp. Gérald Darmanin (lire ci-dessous), maire de Tourcoing, et Bernard Gérard, maire de Marcq-en-Bar’ul, saluent le geste, sans l’imiter. Quand l’un argue que sa piscine (Tourcoing-les-Bains) n’est pas municipale, l’autre considère que « pour l’instant », il ne voit pas d’intérêt à préciser le règlement de la sienne. Cela dit, Bernard Gérard estime que « la République doit être vigilante à tout ce qui peut diviser ». « La décision de Sébastien Leprêtre a une valeur symbolique, c’est à prendre en compte », analyse-t-il.

L’appel à un débat métropolitain

« Il serait bon qu’il y ait un débat entre tous les élus de la métropole lilloise. Pas simplement sur le burkini, mais plus généralement sur le communautarisme. » L’appel vient de Bernard Gérard, député-maire LR de Marcq-en-Bar’ul. « Il faut s’écouter les uns les autres, précise-t-il. Ce serait intéressant d’avoir une position éclairée et pas forcément unanime sur les sujets » qui touchent au quotidien les maires : cantines, jours de congés, sécurité… Damien Castelain, président de la Métropole européenne de Lille, n’a pas répondu pour l’heure à l’appel.

POUR : Gérald Darmanin (LR) : « Je comprends les maires »

Gérald Darmanin, maire LR de Tourcoing, soutient les élus qui prennent des arrêtés : «
Je comprends les maires qui prennent des arrêtés. Il est évident que la défense de la liberté de culte ne peut être la défense d’un instrument du salafisme. Je signale d’ailleurs que trois tribunaux administratifs n’ont rien trouvé à redire sur les arrêtés passés par les communes (le Conseil d’État statue actuellement sur la légalité de ces arrêtés). Dans le cas de La Madeleine, qu’un arrêté vienne redire ce que stipule un règlement, on peut considérer cela politique mais la répétition fixe la notion. J’ai moi-même déjà pris des arrêtés redondants pour donner à ma police municipale les moyens de lutter contre l’insécurité. C’est fait aussi pour le faire savoir, c’est un message politique et médiatique à l’adresse à la fois des auteurs et des victimes.

Mais, au-delà, j’aimerais que l’État donne une règle commune à la laïcité dans les entreprises, les villes et les services publics. De la même manière qu’il y a un Code de l’urbanisme, il devrait y avoir un Code de la laïcité.
»
J. L.

CONTRE : Gérard Caudron (DVG) : « Le doigt dans l’engrenage »

Gérard Caudron, maire divers gauche de Villeneuve-d’Ascq, s’oppose aux arrêtés contre le burkini. Une «
surenchère identitaire
», selon lui : «
Un arrêté anti-burkini à La Madeleine Pourquoi, il y a une plage Parce que dans les piscines, il n’y a pas besoin d’arrêté. C’est très réglementé.

Concernant le débat général, si on met le doigt dans l’engrenage des tenues autorisées ou de la nudité, on ne va pas s’en sortir. Je viens de passer quinze jours à la mer, on voit de tout sur les plages ! Et quelle est la question : on n’a pas le droit de se baigner Ou on n’a pas le droit d’aller à la plage Et à partir de combien de centimètres d’eau considère-t-on qu’on se baigne Je me souviens, quand j’étais jeune, avoir vu des bonnes s’urs relever leur robe pour tremper leurs pieds dans la mer’ Franchement, on tombe dans le grotesque en répondant à cette provocation. C’est une bataille d’identitaires : des identitaires musulmans contre des identitaires de l’Europe éternelle. Je suis incontestablement contre le port de signes religieux dans les équipements publics, les écoles et même les universités : tout ce qui va dans le sens du communautaire, je suis contre ! En tant que Français, en tant que républicain, en tant que laïc, je n’ai pas envie qu’on me dise comment je dois m’habiller ! C’est de la surenchère identitaire qui ne peut que profiter à l’extrême droite.
»
F. B.

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