Mercure devant le Soleil , comment observer le phénomène en toute sécurité

Mercure devant le Soleil , comment observer le phénomène en toute sécurité

Mercure est trop petite pour être visible à l »il nu devant le Soleil, il faut donc un instrument optique et un moyen de protection adéquat pour observer le transit.

Cette image, réalisée lors du transit du 8 novembre 2006 par l’astrophotographe américain Fred Espenak, montre le petit disque noir de Mercure en dessous du centre du Soleil. Obtenu avec une lunette astronomique d’amateur, cet instantané révèle également quelques taches solaires proches du limbe de notre étoile : celles qui sont visibles à droite ont sensiblement la même dimension que Mercure, mais celle qui se profile sur la gauche est bien plus vaste et pourrait abriter plusieurs fois la Terre.Crédits : Fred Espenak/Sky & Telescope

Le lundi 9 mai 2016 de 11 h 12 à 18 h 42 en temps universel, soit 13 h 12 à 20 h 42 en heure légale d’été pour la France métropolitaine, Mercure transite devant le Soleil ; consultez la carte mondiale du phénomène pour savoir si vous pouvez observer tout ou partie de ce transit. Le diamètre apparent de Mercure lors du transit est près de 160 fois plus petit que celui du Soleil. Observer ce phénomène revient donc à regarder un petit point noir devant l’immense disque solaire éblouissant. La petitesse de Mercure ne nous permet pas de voir cette planète simplement avec des lunettes spéciales éclipses du type de celles qui avaient été largement distribuées à l’occasion de l’éclipse totale du Soleil du 20 mars 2015. Un instrument optique grossissant caméra, appareil photo, jumelles, lunette, télescope est indispensable pour voir Mercure transiter devant l’astre du jour. Et, naturellement, il faut impérativement utiliser des moyens de protection adéquats pour se prémunir de l’éclat solaire. Le Soleil est le seul astre de la voûte céleste dont l’observation peut s’avérer dangereuse si on ne respecte pas quelques règles de base. Nos yeux sont très sensibles aux infrarouges, aux ultraviolets et aux intenses luminosités et ils peuvent être blessés, voire définitivement altérés par une observation directe du Soleil sans protection ou avec une protection inadéquate.

Vous devez donc appliquer systématiquement ces deux règles de base : ne regardez jamais le Soleil directement à l »il nu ; vérifiez toujours que l’instrument optique caméra, appareil photo, jumelles, lunette, télescope dans lequel vous vous apprêtez à observer le Soleil est équipé du filtre adéquat !

Voici une liste, non exhaustive, de filtres qu’il ne faut en aucun cas utiliser pour observer le Soleil : lame de verre passée à la bougie ; un ou plusieurs CD ; filtre neutre photographique en verre ou en gélatine ; deux filtres polarisants croisés ; filtre improvisé avec des négatifs de films argentiques couleurs ou N&B ou avec des radiographies ; filtre solaire vissé dans l’oculaire d’un instrument, proscrire notamment tous les filtres marqués « SOLEIL » ou « SUN » parfois livrés avec les lunettes astronomiques ; lunettes de soleil, même plusieurs paires ; emballages alimentaires et, par précaution, tous les filtres qui ne sont pas réputés sûrs !

Le Soleil, photographié le 8 mai 2016 avec l’un des instruments de l’observatoire solaire spatial américain SDO. Notez la présence d’une belle tache solaire noire entourée d’une zone diffuse grise. Cette grande tache sera encore bien visible lors du transit de Mercure, le lundi 9 mai. La planète traversera de gauche à droite la moitié inférieure du disque solaire : son diamètre apparent sera un peu plus grand que celui de la petite tache visible pratiquement au centre de notre étoile, mais elle apparaîtra d’un noir plus dense.Crédits : NASA/SDO/HMI
La trajectoire et la dimension apparente du petit disque noir de Mercure lors du transit du lundi 9 mai 2016. L’image de fond montre l’aspect du Soleil le 8 mai 2016.Crédits : NASA/SDO/HMI & Fred Espenak

Voici à présent quelques moyens simples pour admirer le Soleil sans aucun danger : méthode par projection avec des jumelles ou une lunette, filtres solaires pleine ouverture sur une lunette ou un télescope, instrument solaire avec filtre H-Alpha.

Projection

Les lunettes et les télescopes sont souvent livrés avec un petit écran de projection qui s’accroche à l’aide d’une potence sur le porte-oculaire. Cela permet d’obtenir une image de l’ensemble du Soleil d’environ 10 centimètres de diamètre qui est suffisante pour distinguer le petit point noir de Mercure lors du transit et que l’on peut regarder sans danger. Si vous n’avez pas d’instrument optique, vous pouvez vous procurer le Solarscope, un appareil qui reproduit ce principe d’observation par projection. L’avantage d’une lunette est de pouvoir projeter l’image plus facilement sur un grand écran pour montrer le phénomène à un groupe.

Avec un instrument optique, il est possible de projeter l’image du disque solaire sur un grand écran pour suivre le transit de Mercure en groupe. Sur cette image, il s’agit de l’observation du transit de Vénus dans une classe ; le disque noir de Vénus apparaît près de cinq fois plus grand que celui de Mercure devant le Soleil.© François Cauneau

Mylar ou AstroSolar

Pour protéger correctement des jumelles, une lunette ou un télescope, vous pouvez acquérir dans les magasins spécialisés du Mylar ou de l’AstroSolar. Ces deux matériaux se présentent sous la forme d’un film de résine couvert d’un dépôt d’aluminium. Celui-ci réfléchit 99,99 % du rayonnement solaire et protège efficacement vos yeux. La souplesse de ce film vous permet de le fixer simplement devant les objectifs de vos jumelles ou à l’entrée du tube optique de votre instrument (chercheur compris). Il est ensuite possible de grossir plus ou moins pour détailler la surface solaire. Attention ! Certains emballages alimentaires ressemblent à du Mylar/AstroSolar, mais ils n’en ont pas la qualité et ne doivent surtout pas être utilisés pour observer le Soleil.

Le Mylar/AstroSolar permet de fabriquer aisément des filtres pour des instruments optiques divers.© Guillaume Cannat

Filtre pleine ouverture

Le filtre pleine ouverture permet d’observer à forts grossissements et de réaliser des vidéos ou des photographies détaillées du transit de Mercure. Il se fixe devant l’objectif, à un endroit où il ne s’échauffe pas plus que s’il était posé sur une table au soleil, et il ne peut donc en aucun cas éclater. Le prix d’un tel filtre est conséquent puisqu’il est réalisé en verre optique recouvert de fins dépôts métalliques, mais il a l’avantage de ne pas s’abîmer, ce qui n’est pas le cas de l’AstroSolar ou du Mylar. Remarquez sur l’image le cache fixé sur le chercheur de l’instrument pour éviter les accidents.

L’image du Soleil obtenue avec un filtre pleine ouverture est bien plus détaillée et contrastée qu’avec du Mylar/AstroSolar. Cela permet de photographier ou de filmer le transit avec une très bonne résolution.© Guillaume Cannat

Instrument H-Alpha

Il existe à présent une large gamme d’accessoires et d’instruments astronomiques spécialement conçus pour l’observation solaire. Ils sont équipés d’un filtre qui ne laisse passer qu’une infime fraction du rayonnement solaire. Ce filtre est centré sur la raie principale de l’hydrogène (raie H-Alpha) et permet d’observer ou de photographier à fort grossissement et sans aucun danger la chromosphère solaire avec ses taches, ses protubérances et ses filaments. La vision du petit disque de Mercure glissant lentement devant la surface bouillonnante du Soleil devrait être magnifique !

Les lunettes solaires spécialisées permettent d’observer le Soleil en continu et sans aucun danger.© Lunt/Guillaume Cannat

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