Marie-Francine  , 50 ans mode d’emploi

 Marie-Francine  , 50 ans mode d'emploi

Sur les écrans ce mercredi, Valérie Lemercier filme des quinquagénaires que les aléas de la vie ramènent chez leurs parents.

Le Monde
| 30.05.2017 à 06h36
Mis à jour le
30.05.2017 à 14h04
|

Par Isabelle Regnier

L’avis du « Monde » à voir

Une comédie romantique avec des protagonistes âgés de 50 ans. A partir de ce petit défi scénaristique, Valérie Lemercier a imaginé les situations de Marie-Francine et Miguel, forcés l’un comme l’autre de retourner vivre chez leurs parents après s’être successivement fait plaquer par leurs conjoints et virer de leur boulot.

Interprétée par la réalisatrice elle-même, Marie-Francine est une chercheuse en biologie issue d’une famille de la haute bourgeoisie parisienne qui rallume, en la voyant revenir au bercail, son moteur de machine à reproduction sociale. Aussi accueillants qu’insensibles au cataclysme qui la frappe, bien décidés à la voir lever le camp le plus vite possible, les parents (Hélène Vincent et Philippe Laudenbach) activent tous leurs réseaux pour lui trouver un nouveau Jules et la poussent à ouvrir une boutique d’e-cigarettes plutôt qu’à attendre un hypothétique rebond dans son secteur.

Chef cuisinier qui a vu sa femme le quitter pour une autre, Miguel (Patrick Timsit) a atterri, après avoir dû fermer son restaurant, dans un de ces bistrots faussement chics où l’on étale du glacis marron sur le bord des assiettes pour rehausser le standing de poissons surgelés. Le soir, il dort lui aussi chez ses parents, un couple de concierges portugais pas bien riches, mais le c’ur sur la main.

Un élan joyeux

Tandis que Marie-Francine touche le fond derrière son comptoir, enchaînant les vraies cigarettes sans réussir à vendre les fausses, Miguel tombe sous le charme de cette grande dépressive. Du jeu de séduction, qui se matérialise dans le ballet de petits plats qu’il lui fait livrer jour après jour, aux quiproquos et autres situations cocasses nées des petits mensonges qu’ils se font l’un à l’autre aucun des deux n’osant avouer qu’il est retourné vivre chez papa-maman , la dynamique de la comédie romantique se met en place.

Loin d’en gâcher la fraîcheur, l’âge des personnages vient redynamiser le genre en lui offrant un nouveau terrain somme toute très contemporain. Car s’il reflète une certaine réalité socioculturelle, l’alliage de précarité et de disponibilité à la vie qu’incarnent ces deux quinquagénaires est surtout porteur d’un élan joyeux, que les deux acteurs rendent particulièrement touchant.

L’âge des personnages redynamise la comédie romantique en lui offrant un nouveau terrain très contemporain

Sans plus de prétention que celle de faire un film à la fois personnel et populaire, Lemercier soigne les détails de sa mise en scène comme on polirait un bijou fantaisie les larmes de Marie-Francine qui tombent sur la lame du microscope et emplissent soudain tout l’écran, la reprise lyrique des Parapluies de Cherbourg par Nana Mouskouri’ Sa réussite tient à cette approche d’artisan, qui se traduit bien aussi dans l’attention accordée aux rôles secondaires, tous excellents.

Mention spéciale à Denis Podalydès, dont le burlesque mou fait merveille pour exprimer la veulerie du mari de Marie-Francine et, par extension, de toute la misogynie patriarcale , et d’Hélène Vincent, parfaite en grande bourgeoise qui maintient le cap en passant ses déjeuners dans l’arrière-boutique du charcutier après s’être fait dorer les fesses dans son nouveau solarium. Mignon.

Film français de Valérie Lemercier avec Valérie Lemercier, Patrick Timsit, Hélène Vincent, Denis Podalydès (1 h 35). Sur le Web : www.gaumont.fr/fr/film/Marie-Francine.html

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