Mali , au moins un mort dans une manifestation contre les forces étrangères à Kidal

Mali , au moins un mort dans une manifestation contre les forces étrangères à Kidal

Le Monde.fr avec AFP

Le 19.04.2016 à 10h44

Mis à jour le 19.04.2016 à 11h50

Des soldats tchadiens de la Minusma, en juillet 2015 à Kidal.
Crédits : © Adama Diarra / Reuters / REUTERS

Un civil au moins a été tué, lundi 18 avril, lors d’une manifestation contre les forces françaises et de l’ONU à Kidal, dans le nord-est du Mali, illustrant les tensions entre troupes étrangères et populations, trois ans après le lancement de l’intervention internationale dans ce pays.

Les manifestants protestaient contre des arrestations « jugées arbitraires et abusives » effectuées par des soldats de l’opération « Barkhane », qui traque les djihadistes à travers le Sahel, selon une source de sécurité africaine au sein de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), une ex-rébellion à dominante touareg. La source de sécurité africaine parle d’au moins un civil tué tandis que la CMA, à travers un communiqué, évoque « deux morts et plusieurs blessés dont un cas grave parmi les manifestants ».

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La CMA déplore ces violences et appelle au calme, tout en exigeant de la Minusma « une enquête immédiate pour identifier les auteurs de tirs mortels contre les manifestants et attend la suite qui en résultera, car rien ne saurait justifier les tirs à bout portant sur des manifestants ».

L’importance de cette piste

La Minusma a précisé que les informations sur d’éventuelles victimes étaient « en cours de vérification ». « Des manifestants se sont introduits par effraction vers 10 heures sur la piste de l’aéroport, zone d’accès restreint, saccageant et mettant le feu aux installations sécuritaires », selon un communiqué de la Mission, soulignant l’importance de cette piste « pour l’approvisionnement de l’aide humanitaire, le soutien aux populations locales, ainsi que pour les opérations de la Minusma et des forces partenaires ».

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Le 27 janvier 2015, trois manifestants avaient été tués par des policiers de la Minusma à Gao, la plus grande ville du nord du Mali, lors d’une violente protestation contre la force de l’ONU, accusée par les participants de favoriser la rébellion. Un calme précaire régnait à Kidal après la manifestation de lundi, ont rapporté des témoins.

Selon un militaire guinéen de la Mission des Nations unies au Mali joint par l’AFP, « les manifestants demandaient la libération de trois Touareg arrêtés par les Français de l’opération Barkhane’, accusés d’être complices des terroristes qui ont récemment posé des mines ayant tué trois militaires français ».

Les autorités française avaient en effet annoncé la semaine dernière que trois soldats français avaient été tués au Mali par l’explosion, le 12 avril, d’une mine au passage de leur véhicule blindé près de la ville de Tessalit, au nord de Kidal.

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L’attaque a ensuite été revendiquée dans un communiqué par le groupe djihadiste Ansar Dine de l’ancien chef rebelle touareg devenu islamiste Iyad Ag-Ghaly, actif dans la région de Kidal.

Trois membres du CICR portés disparus

Par ailleurs, trois membres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sont portés disparus depuis samedi dans le nord du Mali, a déclaré lundi Valery Mbaoh Nana, un porte-parole de l’organisation. Au moment de leur disparition, les trois employés se trouvaient près du village d’Abeïbara, sur le chemin du retour à leur base à Kidal.

En 2015, un membre du CICR a été tué lors d’une attaque, revendiquée par un groupe djihadiste, d’un camion d’aide humanitaire près de Gao, dans le Nord malien. En 2014, cinq membres de l’équipe du CICR avaient été enlevés dans le nord du pays, avant d’être libérés deux mois plus tard.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida, après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée. Les djihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai et en juin 2015 d’un accord de paix entre le gouvernement et l’ex-rébellion, censé isoler définitivement les djihadistes.

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