Macron droit dans ses bottes face aux attaques

Macron droit dans ses bottes face aux attaques

L’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle, mercredi, a valu à l’ancien ministre une pluie de critiques. Lui estime sa décision « irrévocable »

Le Monde
| 17.11.2016 à 06h50
Mis à jour le
17.11.2016 à 09h43
|

Par Cédric Pietralunga

Il disait s’attendre à de la violence. Il n’a pas été déçu. A peine sur la ligne de départ de la course à l’Elysée, Emmanuel Macron est devenu l’homme à abattre.

Depuis Cergy-Pontoise, où il prononçait, mercredi 16 novembre, un discours sur l’éducation  ‘ au moment même où l’ancien ministre de l’économie annonçait sa candidature à Bobigny ‘, le premier ministre, Manuel Valls, a fustigé « les aventures individuelles », estimant qu’« il faut de l’expérience [pour gouverner], une expérience qui a été éprouvée par le temps ». Comprendre : à 38 ans et sans passé d’élu, le haut fonctionnaire n’a pas l’étoffe.

« C’est le candidat des médias », a dénoncé, de son côté, Arnaud Montebourg, le voyant « un peu comme Monsieur X », une référence à la tentative avortée de Gaston Deferre de se présenter contre le général de Gaulle en 1965. Benoît Hamon a, pour sa part, souligné la « responsabilité historique » prise par M. Macron : « Sa candidature hors des primaires assure quasi mécaniquement que la gauche ne sera pas au second tour de l’élection présidentielle », estime l’élu des Yvelines.

L’unanimisme est le même à droite. « Candidat des banques », pour la présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, « incarnation de l’élite mondialisée », pour le président par intérim du parti Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez, M. Macron est « quelqu’un qui n’a aucune expérience, et surtout qui n’a rien démontré pour le moment », selon l’ancien premier ministre François Fillon.

« Il ne faut pas être naïf, Emmanuel Macron (‘) a totalement cautionné la politique économique menée depuis 2012, à commencer par la hausse massive des impôts », a également réagi le maire de Bordeaux, Alain Juppé, qui craint qu’une partie de ses électeurs n’aient les yeux de Chimène pour le nouveau venu.

Fossoyeur de la gauche ‘

Face à cette déferlante, l’entourage de l’ancien ministre se dit serein, voire conforté. « Si Emmanuel Macron mobilise autant, c’est qu’il est redouté », a réagi sur Public Sénat François Patriat, sénateur (Parti socialiste, PS) de la Côte-d’Or et soutien de la première heure.

L’accusation d’être le fossoyeur de la gauche ‘ « Je ne peux pas faire perdre la gauche, dans les sondages elle perd déjà », assène l’énarque dans un entretien à la presse régionale publié jeudi 17 novembre.

A écouter ses proches, le fusil utilisé par le créateur d’En marche ! n’est de toute façon qu’à un coup et aucune menace ou pression ne le fera renoncer. Invité mercredi soir sur France 2, l’intéressé a précisé lui-même que sa décision était « irrévocable ».

Pas question non plus de concourir à la primaire de la gauche, comme le réclament encore certains élus socialistes, qui attendent ce geste pour le soutenir officiellement. « Je ne vais pas aller dans une primaire dont je ne partage ni le fonctionnement ni l’esprit », a expliqué M. Macron sur France 2.

« Je ne parle pas à la gauche, je ne parle pas à la droite, je parle aux Français. » « Le système des primaires est fait pour reconduire toujours les mêmes candidats aux mêmes postes, explique aussi l’entourage de l’ancien ministre de l’économie. Emmanuel Macron ne se reconnaît pas dans cet exercice, c’est le contraire même de sa démarche. La porte est fermée. »

Les enquêtes d’opinion réalisées d’ici au 15 décembre, date butoir pour se présenter à la primaire de la gauche, diront si elle l’est à double tour.

Cédric Pietralunga

Une candidature « contre le système » Lors de l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle, mercredi 16 novembre, Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de « refuser » le « système », se plaçant hors de la logique des partis. Contre la fatalité d’une France « bloquée par les corporatismes de tous ordres », « en déclin », l’ancien banquier s’est dit « convaincu que notre pays a la force, le ressort, l’envie d’avancer ». « Nous sommes entrés dans une ère nouvelle : la mondialisation, le numérique, le changement climatique, les inégalités croissantes, les conflits géopolitiques, le terrorisme, la crise démocratique des sociétés occidentales, le doute qui s’installe au c’ur de nos sociétés », a-t-il égrené. « Cette grande transformation, nous ne pouvons y répondre avec les mêmes hommes et les mêmes idées. » Il défend, lui, « une France qui croit en ses chances, qui risque, qui espère (‘) une France entreprenante où chacun choisit sa vie. Et une France qui considère les plus faibles. »

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