Loi Travail , avant la manif de jeudi un long week-end dans un amphi occupé à l’université de Lille 1

Loi Travail , avant la manif de jeudi un long week-end dans un amphi occupé à l'université de Lille 1

L’amphi est effectivement occupé jour et nuit. Nous avons même réveillé quelques étudiants, dimanche matin, en nous présentant dans ce bâtiment M1 et niché au c’ur de la cité universitaire scientifique, à Villeneuve-d’Ascq. «
Désolée, on s’est couché tard
», s’excuse Hind, 21 ans. Le temps de «
retrouver forme humaine
», elle nous explique alors combien cette occupation constitue un «
point d’ancrage visible
» permettant aux étudiants de «
se réapproprier les lieux
», sans signes distinctifs ni appartenances syndicales.

En ligne de mire : la loi El Khomri, qui fait l’objet d’une mobilisation nationale contre elle ce jeudi 31 mars. L’occupation, décidée mercredi, place la barre très haut. «
On ne bouge pas tant que le texte n’est pas retiré
», insiste Anicia, 19 ans, en licence socio-éco, qui anticipe sur les jours à venir : «
Il va falloir s’organiser pour les vacances qui arrivent. » Elle-même est bordelaise et ne renâclera pas à revenir à Villeneuve-d’Ascq plus tôt que prévu pour assurer la continuité du mouvement.

Chaque nuit, entre dix et vingt étudiants se relaient sur des matelas. Et une fois réveillée, la troupe organise la lutte : préparation d’affiches ; débats ; ateliers ; guitare et djembé aussi ; sans oublier révisions (car sur le campus, les cours continuent). Marie, 19 ans, en sociologie, prépare un docu qu’elle va propulser sur Youtube. On sait que le film Merci Patron sera diffusé mercredi. Julien, en master informatique, souhaite sensibiliser ses camarades à la protection de leurs données sur internet : «
On a des profils différents. Chacun en fait profiter les autres. »

Vers 15h, Steven passe un coup de balai : «
C’est le jeu, on fait attention aux locaux. » Côté hygiène, il y a les douches des résidences universitaires voisines. Une «
caisse de grève
» collective permet le ravitaillement. Et côté légitimité «
Je suis étudiant en sociologie du travail, se justifie Renaud, 23 ans. Et même si tout le monde n’a pas le bagage des experts, je connais beaucoup d’étudiants qui travaillent pour payer leurs études. » Hind en fait partie : «
Je sais ce que c’est, la précarité, les petites humiliations quotidiennes, les jours comptés avant la paye. » Jeudi, elle quittera l’amphi Archimède pour battre le pavé.

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