Ligue des champions , le mystère Zidane

Ligue des champions , le mystère Zidane

Le Monde
| 26.05.2016 à 12h33
Mis à jour le
28.05.2016 à 13h48
|

Par Yann Bouchez (Madrid (envoyé spécial) et
Rémi Dupré

Sous un timide soleil printanier, l’endroit a le charme austère d’un bunker. Situé sur la commune de Valdebebas, aux abords de l’aéroport international Adolfo-Suarez, le centre d’entraînement du Real Madrid est entouré de friches à la végétation ­famélique. Une puissante Audi gris ­métallisé passe devant l’une des entrées de la forteresse. A son approche, la vingtaine de supporteurs présents s’égosille derrière des barrières, agitant des écharpes et des maillots blancs. « Carvajal ! Carvajal ! » Le défenseur du Real poursuit sa route, sans un regard.

Puis c’est au tour d’un 4 × 4 noir d’arriver en trombe. Nouveaux cris : « Keylor ! Keylor ! » Pas un seul salut aux socios de la part du gardien, Keylor Navas. Quant à savoir qui conduit la Lamborghini blanche dont le moteur vrombit déraisonnablement, difficile de le dire avec les vitres teintées. Une chose est sûre : Zinédine Zidane, 44 ans dans un mois, n’est pas dans l’un de ces bolides pétaradants. « Il vient souvent une heure plus tôt, un peu avant 9 heures. Et il n’utilise pas la même entrée que 90 % des joueurs », précise Ruben Martinez, un jeune supporteur, maillot du Real et grosses lunettes de soleil.

«’ Il a dû reprendre et remotiver une équipe démoralisée. C’est une idole ici. Et tous ceux qui l’ont critiqué voient ce qu’il se passe’ » Ruben Martinez, supporteur du Real Madrid

Ruben, 21 ans, n’a que des mots doux pour le nouvel entraîneur des Galactiques, un « señor », « sur et en dehors du terrain ». « Il a dû reprendre une équipe démoralisée, résume le fan. Il a su remotiver les joueurs. C’est une idole ici au Real, les joueurs le respectent. Et tous ceux qui l’ont critiqué voient ce qu’il se passe. »

« C’est du grand art »

Ce qu’il se passe ‘ Nommé le 4 janvier sur le banc de la Casa blanca par le président du club Florentino Pérez, en remplacement de l’Espagnol Rafael Benitez, Zidane l’apprenti a hissé les Galactiques en finale de la Ligue des champions. Samedi 28 mai, au stade San Siro de ­Milan, le « sphinx » tentera d’apporter aux Merengue une onzième « coupe aux grandes oreilles ». Sur sa route pavée d’or se dresse le frère ennemi, l’Atlético ­Madrid, entraîné par l’ombrageux argentin Diego Simeone et emmené par la ­pépite des Bleus, Antoine Griezmann.

Arrivé au chevet d’une équipe surclassée (4-0) par le FC Barcelone, en novembre 2015, l’ex-milieu des Galactiques (231 matchs avec le Real entre 2001 et 2006) n’a fini, le 14 mai, qu’à un point du leader catalan en Liga. En avril, ses protégés se sont même payé le luxe de battre (2-1), à dix contre onze, les Blaugrana dans leur antre du Camp Nou. « C’est son match de référence. C’est du grand art, ­insiste Guy Lacombe, membre de la ­direction technique nationale (DTN), et qui a encadré Yazid’ lorsqu’il a passé ses diplômes d’entraîneur avec la Fédération française de football (FFF). Ce jour-là, le coaching de Zinédine fut très pertinent, remarquable. Sa formation s’est transformée dans la maîtrise du ballon. Depuis, le regard posé sur lui par ses joueurs et ses observateurs a changé. »

Face aux journalistes, pas de débordements, ­jamais un mot plus haut que l’autre.

Au bord du terrain, le visage perlé de sueur, le natif de Marseille est souvent démonstratif. Lors du clasico victorieux à Barcelone, il manque de tomber complètement, sur une galipette. Battu (2-0) à l’aller, le quadragénaire au crâne glabre ­déchire la jambe droite de son pantalon, après un geste trop brusque, lors de la remontada (3-0) de ses joueurs contre Wolfsburg, le 12 avril, en quarts de finale retour de Ligue des champions. Mais face aux journalistes, pas de débordements, ­jamais un mot plus haut que l’autre.

Car si l’aura de l’ancien meneur de jeu et son bon bilan comptable lui épargnent pour l’instant la moindre critique de la part des aficionados, Zidane entraîneur, c’est avant tout un grand mystère. Savamment entretenu. Et pas question de le dissiper lors des conférences de presse insipides, durant lesquelles il jongle habilement ­entre réponses sans saveur, regards magnétiques et sourires adressés à son auditoire en dévotion.

« Sa com’est sublime, s’enthousiasme pourtant Jean-Pierre Karaquillo, cofondateur et directeur du Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges, où l’ancien meneur de jeu des Bleus a obtenu, en janvier 2014, son diplôme de manageur général de club sportif professionnel. Il ne se fait pas piéger et dit ce qu’il doit dire. » « Il a dû bosser cet aspect-là, note Guy Lacombe. Tout le monde l’attendait sur ce terrain. »

Dix-huit coachs en vingt ans

A l’image d’un club qui a verrouillé sa communication à l’extrême, l’ancien numéro 5 des Merengue, insondable, cultive une certaine discrétion. Le Monde s’est vu opposer une fin de non-recevoir lors de sa demande d’interview du coach. Rien de vraiment surprenant : Zizou n’accorde aucun entretien ­individuel à la presse. Depuis sa nomination, il ne s’est confié qu’au journal sportif mexicain Récord pour parler, notamment, du football’ mexicain.

En outre, les socios enamourés ne peuvent pas assister aux entraînements, qui se déroulent toujours à huis clos, sauf en début d’année, le jour de l’Epiphanie. Les journalistes, eux, sont royalement tolérés lors des séances de veille de match. Mais seulement lors des quinze premières ­minutes, avant d’être évacués fissa. Comment deviner, dans ces conditions, quel type d’entraîneur est Zidane ‘

« C’est très difficile à imaginer, convient Ruben. Je ne le vois pas crier sur les joueurs. Mais il a connu les vestiaires du Real Madrid, et de cela, il te reste forcément quelque chose. »

Recruté contre 75 millions d’euros en 2001 par Florentino Pérez, le Français a évolué sous les ordres de six entraîneurs différents lors de son quinquennat sous le maillot blanc. Un chiffre en forme de rappel : à Santiago-Bernabeu plus qu’ailleurs, le banc se transforme souvent rapidement en siège éjectable. Au sein du club le plus riche au monde, où l’argent coule à flots (577 millions d’euros de revenus à l’issue de l’exercice 2014-2015), le coach peut quasiment tout s’offrir, sauf du temps. Depuis 1996, la Casa blanca a connu vingt changements sur le banc de l’équipe première, et ­essoré pas moins de dix-huit coachs Vicente del Bosque et Fabio Capello ayant effectué deux passages chacun. Hormis del Bosque (1999-2003), José Mourinho (2010-2013) et Carlo Ancelotti (2013-2015), aucun n’a tenu plus de deux saisons.

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Zidane, lui, bénéficie du soutien sans faille du magnat des BTP Florentino Pérez, dont il fut le zélé conseiller et directeur sportif. « Zinédine a un lien personnel avec Pérez, au regard de la place qu’il a au Real depuis des années, précise son avocat Carlo Alberto Brusa. Il n’a plus d’agent attitré qui gère ses intérêts. » ­Rémunéré à hauteur de 2,5 millions d’euros par an, selon la presse ibérique, le champion du monde 1998 reçoit parfois, à titre amical, les conseils de son ancien imprésario Alain Migliaccio, condamné, en 2012, par la justice espagnole, à cinq ans de prison ferme et à 9,2 millions d’euros d’amende pour fraude fiscale.

« Un entraîneur différent »

La relative inexpérience de « ZZ » pour un poste aussi exposé interpelle : personne, depuis le siècle dernier, n’avait entamé sa carrière d’entraîneur de haut ­niveau sur le banc du Real. L’ancien maître à jouer des Bleus a certes été l’adjoint de l’Italien Carlo Ancelotti lors de la saison 2013-2014, conclue par la dixième victoire des Galactiques en Ligue des champions, déjà face à l’Atlético (4-1 après prolongations).

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Chargé des relations avec les joueurs, il a alors pu peaufiner son contact avec le vestiaire madrilène. De juillet 2014 à janvier 2016, la star a tenu les commandes du Castilla, l’équipe réserve du Real, où évolue son fils Enzo, 21 ans. « Il a mis les mains dans le cambouis au Castilla, assure Guy Lacombe. Ce passage de dix-huit mois fut un bon retour sur investissement pour Florentino Pérez. Là-bas, Zinédine a développé une approche relationnelle forte avec les joueurs. Il veut être un entraîneur différent. C’est pour ça qu’il fait ce métier. » « Il a élargi sa boîte à outils, estime Jean-Pierre Karaquillo. Il est généreux, rigoureux, d’une grande humilité, et il sait poser un regard sur les autres. Contrairement à beaucoup d’observateurs du foot, je ne suis pas surpris par ce qu’il réalise depuis cinq mois. »

Avant « Zizou », le dernier technicien en date à avoir pris les rênes de l’équipe première sans expérience notable est l’Espagnol Vicente del Bosque, éphémère entraîneur des Merengue en 1994, après avoir été à la tête, lui aussi, du Castilla.­Celui qui dirige désormais la Seleccion espagnole avait toutefois attendu 1999 pour vraiment prendre les rênes des ­futurs Galactiques, et remporter deux ­Ligues des champions (2000, 2002).

« Le Real, c’est l’équipe la plus difficile pour commencer une carrière d’entraîneur, estime Gerardo Torino Perez, président de la peña [association de supporteurs] La gran ­familia. On te demande toujours plus, on exige des titres, il faut sans cesse obtenir des résultats. Bien sûr que Zidane manque d’expérience. Il compense par le fait qu’il a été un grand joueur. Son simple nom en ­impose, et ça lui donne une force suffisante pour contrebalancer son inexpérience. »

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Du charisme, un passé glorieux qui inspire le respect, et ce mystère qui colle à ses élégantes chaussures marron les soirs de match ; à écouter les fans madrilènes, l’aura de Zidane suffirait à le parer de toutes les vertus nécessaires à sa nouvelle fonction. « Je pense qu’il ne peut y avoir de meilleur entraîneur, il a joué dans les plus grands clubs », résume Ada Bosca Clari, une petite brune de 32 ans, venue de Valence avec sa famille pour ­encourager les Merengue.

« Son atout maître est d’avoir été un grand joueur. Si vous parlez à Ronaldo, il ne vous écoutera pas comme il écoute Zidane. Zinédine incarne l’institution Real Madrid. Il connaît tous les rouages de ce club » Guy Lacombe, membre de la direction technique nationale

« Son atout maître est d’avoir été un grand joueur, confirme Guy Lacombe. Si vous parlez à Cristiano Ronaldo, il ne vous écoutera pas comme il écoute Zidane. Zinédine incarne l’institution Real Madrid. Il connaît parfaitement tous les rouages de ce club, son environnement et ses joueurs. »

« Il incarne ce club, confie au Monde l’ex-international tricolore Claude Makelele, qui a passé ses ­diplômes d’entraîneur avec Zidane, après avoir évolué durant deux saisons avec lui au Real (2001-2003) et décroché, à ses côtés, la Ligue des champions en 2002. Le Real est une institution au-dessus de n’importe quel joueur, et il a eu l’intelligence de comprendre les valeurs que vous devez transmettre quand vous devenez l’entraîneur de ce club. Zizou a ravi les fans quand il était joueur, et il sait mieux que quiconque ce qu’il faut faire pour diriger cette équipe. »

« Tout simplement exceptionnel »

« Institution », « incarnation », « valeurs » : trois mots qui reviennent aussi comme un slogan dans la bouche du publicitaire Jacques Bungert, patron de Courrèges et ami de Zidane : « Le Real ­Madrid est une institution. Et les institutions sont renforcées quand elles sont ­capables de raconter’ de belles histoires de fidélité, d’engagement, d’excellence, ­d’illustrer leurs valeurs : Zidane en est une incarnation, dans sa génération, comme le fut Di Stéfano. Son élégance, son exigence, son rapport au travail et à l’humilité, son parcours, son palmarès, lié intimement au Real’ tout cela entre en résonance positive’, génère la fierté des socios et renforce le statut de la marque’ Real. »

Parfait connaisseur de la Casa blanca, « ZZ » sait aussi se muer en paratonnerre. Il couve d’ailleurs son compatriote Karim Benzema quand il est mis en examen dans l’affaire du chantage à la « sextape » et a tenté, en vain, de convaincre Didier Deschamps, son ex-coéquipier à la Juventus (1996-1999), de convoquer son buteur pour l’Euro 2016.

A l’heure d’affronter l’Atlético Madrid, le quadragénaire sait plus qu’aucun autre ce qu’une victoire en Ligue des champions signifie. D’une magnifique reprise de ­volée du pied gauche sur un centre de ­Roberto Carlos qui ressemblait à tout sauf à un cadeau c’est lui qui marqua, en 2002, le but décisif (2-1), en finale face au Bayer Leverkusen. « Je serai à Milan pour le soutenir ; ce serait une belle histoire qu’il remporte la Ligue des champions comme entraîneur, après celle que nous avons remportée en 2002 avec un but extraordinaire, sourit Makelele, aujourd’hui directeur technique à l’AS Monaco. Ce que fait Zizou est tout simplement exceptionnel. Prendre en main l’équipe en cours de saison, et arriver à la relancer pour atteindre la finale de la Ligue des champions, montre qu’il a pris toute la mesure du poste d’entraîneur. Il suffit de voir l’envie qui anime les joueurs sur le terrain pour comprendre qu’il a su fédérer autour de lui. »

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Vocation tardive

Paradoxalement, le CV doré de Zidane n’a pas toujours été présenté comme un atout, encore moins comme une garantie. La légende, tenace, voudrait que les joueurs d’exception fassent rarement de grands entraîneurs. Hormis Cruyff, quatre fois champion d’Espagne et vainqueur de la Ligue des champions en 1992 avec le Barça, Pelé, Maradona ou Platini ont tous raté leur deuxième vie de coach. Contrairement à ses coéquipiers de France 98, Laurent Blanc et Didier Deschamps, devenus sélectionneurs des Bleus, Zidane n’a pas toujours donné l’impression d’avoir un avenir tout tracé sur le banc. « Quand nous étions joueurs, je ne le voyais pas comme entraîneur », a confié au journal espagnol As, Raul, l’ex-prodige du Real (1994-2010).

« Zizou n’avait pas le profil, ni la passion. La vocation, ça lui est venu sur le tard », confirme Rolland Courbis, qui l’a dirigé à Bordeaux (1992-1994). Le principal intéressé l’a lui-même reconnu en juin 2015, au micro de RTL : « Quand j’ai arrêté, je ne voulais pas faire entraîneur. Pas du tout même. » Il faudra attendre six ans après la fin de sa carrière ponctuée par un funeste coup de boule asséné à l’Italien Marco Materazzi lors de la finale du Mondial 2006 perdue par les Bleus pour qu’il affiche ses intentions. « Je me suis posé la question : Est-ce que tu as envie d’entraîner  » La réponse est oui », déclare-t-il en forme de coming out à L’Equipe, le 14 octobre 2012, reconnaissant par ailleurs son ambition de devenir, « un jour », sélectionneur de l’équipe de France.

Gernot Rohr, qui a eu le « sphinx » aux pieds d’argent sous ses ordres à Bordeaux, atteignant avec lui la finale de la Coupe de l’UEFA en 1996, reconnaît que sa reconver­sion sur le banc ne sautait pas aux yeux. « Sans être encore dans la peau d’un entraîneur, c’était quelqu’un de curieux, se souvient-il. Un joueur un peu timide, mais toujours très attentif lorsque l’on parlait du match, de la stratégie. Il ne posait jamais beaucoup de questions, mais se renseignait sur l’utilité de tel ou tel exercice. » Aujourd’hui, le technicien franco-allemand salue les « grands débuts » de Zidane : « Il a réussi à gérer les caractères forts de cette équipe, avec l’avantage d’être un ex-grand joueur, ce qui lui offre une ­crédibilité : son arrivée est passée comme une lettre à la poste. »

Suspendu trois mois

Cette dernière affirmation apparaît un brin optimiste. Car Zidane a dû aussi faire face à son lot de polémiques, avant même d’arriver sur le banc du Real. Alors qu’il vient de prendre les rênes du Castilla, il lui est reproché, à l’automne 2014, de passer ses diplômes en France et de se servir d’un prête-nom pour entraîner l’équipe réserve du Real. En octobre 2014, il est suspendu trois mois par la Fédération espagnole, avant d’être blanchi par le tribunal administratif du sport local. « C’est quand même hallucinant qu’il y ait aussi peu de monde pour me défendre et expliquer que je n’ai pas eu de passe-droit », s’indigne-t-il, avant de décrocher, en mai 2015, le diplôme d’entraîneur UEFA et sa licence pro européenne.

Le 27 février, après une défaite (1-0) à Bernabeu face au rival local, l’Atlético Madrid, les attaques se font moins directes. Mais la presse espagnole relaie les rumeurs de l’arrivée, à l’été, d’Ernesto Valverde, ­l’entraîneur de l’Athletic Bilbao. Sous-entendu : Zidane ne ferait pas l’affaire. Révoltés, certains supporteurs demandent alors le départ du président Pérez. La balance a depuis clairement penché en faveur du Français. Depuis l’intronisation de « ZZ », le Real s’est imposé vingt et une fois en vingt-six matchs, pour trois nuls et seulement deux défaites.

L’ami et adjoint, David Bettoni

A l’heure d’expliquer les débuts réussis de coach Zidane, Guy Lacombe souligne l’importance de son adjoint au Real, David Bettoni. Lui et Zidane se connaissent ­depuis près de trois décennies. Tous deux ont été formés à l’AS Cannes, à la fin des années 1980. Crâne aussi glabre que celui de son illustre boss, Bettoni, 44 ans, est un ancien milieu de terrain qui a écumé les clubs de deuxième division française ou des échelons inférieurs en Italie. Quand Zidane est parti jouer en Italie, Bettoni l’a suivi.

Rebelote quand l’international a ­rejoint le Real Madrid : Bettoni se rend alors en Espagne pour faciliter son intégration. Et lorsque Zidane prend en charge le Castilla, en 2014, c’est son ami qu’il veut comme adjoint, déjà. Lacombe explique :

« David a entamé sa carrière d’entraîneur en travaillant avec les catégories de jeunes, il a acquis une connaissance du jeu. Il a su résoudre pas mal de situations complexes sur le plan tactique. Yazid avait beaucoup à apprendre de lui. Il y a une alchimie entre les deux, une amitié sincère, c’est plus que de la fidélité. Ils ont joué ensemble et sué sang et eau ensemble. Ils ont des compétences complémentaires, et sont très liés l’un à l’autre. »

« Dans ce milieu propice aux trahisons et aux coups de poignard, Zinédine a besoin de travailler avec des gens en qui il a confiance », ajoute l’un de ses proches.

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Aux côtés de son discret adjoint, Zidane n’est désormais qu’à un match de son premier trophée, le plus beau que puisse remporter un entraîneur de club. « S’il ­gagne, il va être lancé, et aura certainement les pleins pouvoirs pour faire l’équipe l’année prochaine et imposer son style de jeu », prévoit Gernot Rohr. Oui, mais pour quel style de jeu, dans une équipe plus connue pour ses talents individuels que pour sa force collective ‘ Difficile de répondre, tant Zidane s’exprime peu sur le sujet.

Au fil des témoignages s’esquisse l’image d’un meneur d’hommes plus que d’un maître tacticien. Un entraîneur qui en impose plus par son charisme que par de longs discours. « Je pense qu’il aura envie de faire jouer son équipe de façon offensive, technique, tente tout de même Rohr. S’il prônait autre chose que ce qu’il a pratiqué, il ne ­serait pas crédible. Il ne va pas faire du Diego Simeone. » « Je ne suis pas vraiment surpris par sa réussite, et il peut aller ­encore plus haut, ajoute Claude Makelele. Je pense que le meilleur est à venir. »

Les dates

2013 En juin, Zinédine Zidane devient l’adjoint de l’entraîneur du Real Madrid, Carlo Ancelotti.

2014 Le tandem apporte au Real sa dixième Ligue des champions en battant en finale l’Atlético ­Madrid, en mai. Zidane sera ­ensuite nommé à la tête du Castilla, la réserve des Galactiques.

2015 Début mai, l’ex-numéro 10 des Bleus obtient sa licence pro européenne d’entraîneur.

2016 Le 4 janvier, Zidane est nommé entraîneur du Real par son président, Florentino ­Pérez. Il succède à Rafael Benitez. Le 2 avril, les Merengue battent (2-1) le FC Barcelone au Camp Nou. Le Real Madrid affronte, à Milan, son frère ennemi, l’Atlético en ­finale de la Ligue des champions, samedi 28 mai.

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