L’ex-star déchue de la police Michel Neyret jugé à Paris pour corruption

L'ex-star déchue de la police Michel Neyret jugé à Paris pour corruption

La question des relations ambiguës entre policiers et « indics » sera au centre des débats, Michel Neyret ayant justifié ses pratiques par le souci «
d’obtenir des résultats (grâce) à une politique offensive de recueil de renseignements qui sous-tendait l’existence d’informateurs de haut niveau
». Et de fait, pendant ses 32 ans de carrière, le policier, adulé de ses équipes et de ses supérieurs, a multiplié les performances dans des enquêtes sensibles visant des braqueurs, trafiquants de drogues ou terroristes qui ont bâti sa légende et lui ont valu la Légion d’honneur.

Ironie de l’histoire, l’un de ses faits d’armes fut l’arrestation en 1990 d’un gang de braqueurs où sévissaient des flics ripoux. Il incarnait alors l’honneur de la police.

Mais le 29 septembre 2011, tout bascule lorsqu’il est interpellé à son domicile avec sa femme par la police des polices. Mis en examen pour corruption, il sera écroué huit mois avant d’être révoqué de la police et mis à la retraite.

Lundi, l’ex-commissaire divisionnaire, habitué des salles d’audience où il a souvent présenté les résultats de ses enquêtes, se trouvera cette fois sur le banc des prévenus. Poursuivi pour huit délits dont corruption et trafic d’influence passifs et détournement de scellés de stupéfiant, il encourt 10 ans de prison et 7,5 millions d’euros d’amende.

« Les menottes au commissaire »

Parmi les huit autres prévenus : son épouse Nicole, l’ex-patron de l’antenne de Grenoble de la PJ Christophe Gavat, et deux anciens des « stups » de Lyon, Jean-Paul Marty et Gilles Guillotin. Trois membres présumés du milieu lyonnais, Gilles Benichou, son cousin Stéphane Alzraa et Cyril Astruc seront également jugés, ainsi qu’un avocat, David Metaxas. Stéphane Alzraa, en fuite, sera représenté par Me David Olivier Kaminski.

L’affaire Neyret a débuté en février 2011 par des écoutes réalisées dans le cadre d’une enquête sur une saisie de drogue en région parisienne.

Les policiers tombent des nues lorsqu’ils entendent un inconnu, qu’ils identifieront comme étant Gilles Benichou, connu pour des affaires d’escroqueries, se vanter d’avoir dans sa poche un ponte de la police : Michel Neyret.

L’enquête judiciaire démontrera que le policier est intervenu à plusieurs reprises en faveur de Benichou et de ses proches, dont Alzraa et Astruc. Le policier leur a fourni des informations confidentielles et n’a pas hésité à plaider leur cause auprès de collègues et de magistrats.

Selon l’accusation, l’ex-super flic aurait bénéficié en échange de séjours au Maroc et sur la côte d’Azur dans de luxueux hôtels, de montres de prix et de remises d’espèces, avant la création d’une société suisse au nom de son épouse avec un compte à Dubaï où il aurait dû percevoir des commissions, selon Benichou.

Une version contestée par Neyret qui met en avant sa volonté d’obtenir des informations et l’amitié qui le liait à Benichou. Mais qui manipulait l’autre

Pour prouver à l’un de ses contacts à quel point il tenait le commissaire, Benichou avait proposé de lui envoyer une photo prise sur le tournage du film d’Olivier Marchal « les Lyonnais », où Neyret et Benichou sont intervenus, raconte le journaliste Richard Schittly dans un livre sur l’affaire. Le cliché représentait l’indic déguisé en policier s’amuser à passer les menottes au commissaire.

«
Que Michel Neyret ait commis des maladresses, des imprudences, c’est indéniable
», concède son avocat Me Gabriel Versini, tout en contestant que «
ces éléments soient sources d’infractions
». Il appelle à «
faire taire les hypocrisies de façade
» sur des pratiques policières anciennes. Le procès est prévu jusqu’au 24 mai.

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