Les victimes des attentats de Paris reçues par les juges d’instruction

Les victimes des attentats de Paris reçues par les juges d'instruction

Plus de mille personnes se sont constitué parties civiles, dans le dossier des attentats du 13 novembre 2015. «
Et ce n’est pas terminé, d’autres m’ont contactée et vont se constituer prochainement
», dit Me Blandine Lejeune, l’avocate lilloise qui défend plusieurs personnes de la région. «
Uniquement des gens qui étaient ce soir-là au Bataclan, pour l’instant.
» Et leurs proches, aussi : «
Il y a chez eux des séquelles psychologiques très profondes, qui atteignent aussi les familles. Certains se sont vus mourir’
»

L’attitude d’Abdeslam

Depuis six mois, c’est par la presse qu’ils apprennent les quelques avancées du dossier. Ou par ce que les juges ont transmis du dossier à leurs avocats. Un dossier déjà volumineux, dont les dizaines de tomes comportent des éléments très délicats. Des témoignages cruels, des photos, des enregistrements que tous ne souhaitent pas voir ou entendre, mais dont le juge Christophe Tessier pourra dire quelques mots.

C’est lui qui a reçu deux fois Salah Abdeslam. Le jour de son transfert d’abord, pour un simple contrôle d’identité et pour lui signifier sa mise en examen, puis vendredi dernier, quand le jeune homme a refusé de s’exprimer. Le juge expliquera sans doute qu’il n’a même pas pu poser une seule question, et ce sera un moment de rage contenue dans son auditoire.

Ce mardi après-midi, Christophe Tessier reçoit les personnes concernées par les mitraillages des terrasses, puis mercredi et jeudi, celles qui étaient au Bataclan et les familles des quatre-vingt-dix victimes de la salle de concert. Blandine Lejeune accompagnera donc ses clients ce mercredi : «
Ils sont animés de sentiments parfois contradictoires. Certains trouvent réconfortant de se retrouver ensemble, de pouvoir faire face collectivement à ce qu’on leur dira. D’autres angoissent à la simple idée de retourner à Paris.
» Elle souhaite pour l’instant les préserver : «
Il y a une profonde fragilité chez eux, en ce moment. Certains, qui se sont exprimés dans les médias, ont reçu des menaces, à la suite de leurs témoignages, et souhaitent désormais le plus de discrétion possible.
»

Toujours un flou sur les objectifs d’Abdeslam

Il va donc leur falloir affronter la cruauté des constatations de la police scientifique (certains comptent demander les résultats des autopsies qui n’ont pas encore été communiqués) et ce que contient le volet belge de l’enquête. On sait qu’à Bruxelles, Abdeslam avait expliqué qu’il devait être le dixième homme du commando, mais qu’il avait renoncé à se faire exploser au Stade de France avec ses trois comparses. Il a ensuite raconté avoir roulé au hasard dans Paris, avant d’appeler ses deux amis de Molenbeek venus le récupérer.

Deux hommes dont la justice française a également récemment demandé l’extradition.

Une plainte contre l’état belge’

Plusieurs familles françaises de victimes, qui suivent les travaux de la commission parlementaire belge et connaissent donc l’existence d’un rapport très critique du Comité P (la « police des polices » belge) envisagent de déposer plainte contre l’état belge. Ce rapport dénonce l’utilisation qui a été faite de renseignements concernant notamment les frères Abdeslam. Des renseignements qui ont été classés sans suite, faute de moyens humains pour les traiter, notamment. Les avocats cherchent pour l’instant le moyen juridique de mener à bien cette action.

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