Les stations-service du Nord-Pas-de-Calais toujours à flux tendu

Trois grosses gouttes de gazole s’écrasent sur le bitume. «
Oh non, je vous parle et je ne fais pas attention à ce que je fais
», s’excuse presque cet homme à la pompe. Les automobilistes derrière leur volant lancent des regards noirs : ces jours-ci, pas question de gaspiller la moindre goutte de carburant.

Surtout que dans cette station Total de la rue Jean-Jaurès, à Villeneuve-d’Ascq, l’embellie est de courte durée. Approvisionnés à 16 h, les stocks sont presque épuisés à 17 h 30.

Dans la file de véhicules, Christine s’estime maudite. Infirmière à temps partiel, elle ne peut pas faire le plein dans la station réquisitionnée de l’autre côté de la rue. De passage à Villeneuve-d’Ascq, le réservoir presque vide, elle s’est empressée de faire demi-tour quand elle a vu le camion-citerne réapprovisionner la station-service. «
Mais je me suis trompé de file. Je me suis mis dans celle pour les paiements par carte et devinez : je ne l’ai pas sur moi !
» Et difficile de savoir où elle pourra trouver une autre station ouverte, même s’il y en a plus que durant le week-end.

Automates bloqués

«
Il y a moins de tensions dans la région : de petites stations-service rurales comme celles de grandes villes sont réapprovisionnées. Les fournisseurs essaient de répartir le carburant sans privilégier tel ou tel groupe. Pour éviter que les gens ne fassent des stocks et bravent les interdictions d’utiliser des bidons, plusieurs stations bloquent leurs automates la nuit
», confie Xavier Martin, directeur du syndicat des négociants en combustible du Nord – Pas-de-Calais. «
Mais la situation reste instable tant que les raffineries seront bloquées : les dépôts peuvent encore fournir du produit, mais ça ne durera pas.
»

Dépôts pétroliers : la situation se débloque

Enfin des bonnes nouvelles pour l’approvisionnement des stations-service de la région. Il ne reste plus que le dépôt pétrolier d’Haulchin, dans le Valenciennois, à être bloqué par des syndicalistes de la CGT et de SUD. Même s’ils ne semblent plus se faire guère d’illusions sur le temps qu’il leur reste à passer sur le site. Dans le Dunkerquois, il n’y a plus de situations compliquées.

À l’Établissement des Flandres de Total Mardyck, dépôt le plus important d’Europe, les salariés ont voté ce mardi la reprise du travail. Alors que pour les deux dépôts de Saint-Pol-sur-Mer, la situation est aussi revenue à la normale.