Les pétitions en ligne , un nouveau moyen de se faire entendre

Les pétitions en ligne , un nouveau moyen de se faire entendre

Avec plus d’1,3 million de signatures, dont plus d’un million en deux semaines, la pétition « Loi travail : non, merci ! », mise en ligne en février, a battu tous les records de l’histoire de la pétition 2.0 en France.

Change.org
, premier site du genre, lancé en France en 2012, compte aujourd’hui 150 millions d’utilisateurs dans 196 pays, 7 millions dans l’Hexagone. Pour autres exemples, avaaz.org en enregistre 4,3 millions ; mesopinions.com, 4 millions. Les Français seraient parmi les plus contributeurs au monde. À chaque jour, ou presque, sa nouvelle cause, à défendre d’un clic.

Les Français auraient trouvé là un nouveau moyen de s’exprimer, hors des partis, des syndicats, des associations, dans lesquels ils ne se reconnaissent plus forcément. Comme ils le font aussi à coups de hashtags sur Twitter ou de like sur Facebook’ La pétition 2.0 est un des outils de la famille des « civic tech », comme sont appelées dans le jargon les nouvelles technologies à disposition des citoyens.

Change.org argue de «
donner le pouvoir de créer le changement
». Sans aller jusque là, le sociologue Dominique Cardon et le chercheur Romain Badouard partagent l’idée d’«
un nouvel indicateur des mouvements d’opinions
», de signal d’alerte d’une opposition, sorte de thermomètre social. «
Les citoyens ont envie de s’exprimer et pas seulement en allant aux urnes tous les cinq ans.
» Les citoyens ne se satisfont plus de ne peser que le poids d’un bulletin de vote dans les urnes.

VICTOIRES

Et, parfois, ces mouvements d’opinion obtiennent gain de cause. En mars, le gouvernement reporte la présentation de la loi El Khomri. En janvier, le président gracie Jacqueline Sauvage, condamnée en appel à dix ans de prison pour avoir tué son mari violent. La pétition de soutien à Jacqueline Sauvage avait recueilli 435 000 signatures. Dans quelle mesure a-t-elle pesé dans la décision du chef de l’État Ou dans celle de la directrice de l’INA, Agnès Saal, épinglée pour ses notes de taxi, de démissionner

La ministre de l’Éducation nationale serait particulièrement en alerte sur ces sujets. Selon L’Express,
sur six alertes, la ministre a donné raison à quatre : sur le harcèlement à l’école, l’excision, la présence d’écrivaines dans la liste des auteurs au bac L et la diffusion d’un film sur la prévention du djihadisme à l’école.

Après les sondages, risque-t-on de céder aux sirènes des pétitions, avec la possibilité d’être manipulé Les entreprises seraient plus encore que les élus très soucieuses de ces pétitions, sensibles à la dégradation de leur image’ et de leurs éventuelles parts de marché.

Les ONG et les associations ne s’y trompent pas et se montrent très actives sur ce terrain, dénonçant ici et là des scandales environnementaux ou sanitaires, le risque d’atteinte aux lanceurs d’alerte, pétition lancée par la journaliste Élise Lucet. Mais pour combien d’autres pétitions sans intérêt public et au contraire très particulier Toutes n’ont pas le succès de celle contre la loi El Khomri et charrient le n’importe quoi aussi. Internet, pour le meilleur et pour le pire.

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