Les journalistes d’i-Télé votent une motion de défiance envers leur direction

Les journalistes d'i-Télé votent une motion de défiance envers leur direction

Le Monde
| 10.06.2016 à 18h30
Mis à jour le
10.06.2016 à 19h50
|

Par Alexandre Piquard

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Surtout, toujours selon la SDJ de la chaîne, ce proche de Vincent Bolloré a ouvert la porte à des formes de publirédactionnel. « La régie doit pouvoir se positionner sur des programmes. i-Télé doit participer davantage à des opérations de partenariat. Il va falloir que les mentalités changent », a dit M. Nedjar, selon ce compte rendu. Le directeur aurait ensuite pris l’exemple d’un chanteur Universal, propriété de Vivendi : « Vous le prendrez, il sera invité dans la matinale et ce sera comme ça. (‘) S’il faut parfois faire venir des patrons, on le fera. »

« Il y a un risque d’abîmer l’image d’indépendance de la chaîne, qui fait aussi sa valeur », s’alarme Olivier Ravanello, président de la SDJ. Cette dernière ne voit toutefois pas de problème si la chaîne diffuse des publireportages labellisés comme de la publicité et réalisés sans la rédaction. Ou des émissions sponsorisées comme « Ambitions d’entrepreneurs », payée par la banque Palatine et réalisée en externe.

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« Il ne s’agit pas de contenu éditorial mais de formats qui seront différenciés de l’info dans la grille », a expliqué lors de la réunion Gérald Brice-Viret, directeur général des antennes du groupe Canal+.

« Il n’y a jamais eu la moindre directive aux équipes éditoriales pour favoriser tel ou tel produit », assure au Monde Maxime Saada, directeur de Canal+, qui ajoute : « Quand on perd 400 millions d’euros (sur les chaînes Canal+ en France), et 20 millions sur iTélé, il est nécessaire de se poser des questions sur les modèles économique et éditorial. »

Les journalistes craignent de voir leur chaîne encore déclassée par rapport à sa rivale BFM-TV en raison de la baisse des moyens humains. De plus, Serge Nedjar est un ancien dirigeant de Direct -Matin, le quotidien gratuit du groupe de Bolloré. Le support est un exemple des « synergies » favorisées par l’industriel : le journal a ainsi interviewé Laura Domenge, comique Universal, à l’occasion d’un spectacle à l’Olympia (propriété de Vivendi). Ou présenté le dispositif télévision pour l’Euro 2016 en ne citant qu’i-Télé.

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La prochaine étape cruciale est désormais la présentation du projet de la chaîne et de sa nouvelle grille, réclamée depuis plusieurs mois par les salariés. Elle est attendue avant l’été. Et devra prendre en compte les départs des animateurs Bruce Toussaint et Laurent Bazin. La vente de la chaîne, qui a été souhaitée par certains cadres de Vivendi, est, elle, exclue par Vincent Bolloré.

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