Les éleveurs sambriens ont vidé les rayons de leurs produits laitiers contre Lactalis

Les éleveurs sambriens ont vidé les rayons de leurs produits laitiers contre Lactalis

«
Même un chien ne mord pas la main qui le nourrit. Les producteurs ont droit à un minimum de respect, si on n’était pas là pour lui fournir les matières premières, il n’aurait aucune raison d’exister.
» Dans le viseur de Jean-Christophe Rufin, ce samedi matin matin, le géant laitier Lactalis.

Remonté suite au déplacement d’une délégation d’éleveurs nordistes à Laval, le vice-président de la FDSEA a appelé les troupes à venir pousser un coup de gueule et donner un coup de main. «
On n’est pas là pour emmerder Auchan, mais pour retirer tous les produits de la marque des rayons.
» La paille et les pneus ne partiront pas en fumée, cette fois.

Face à lui, une dizaine d’agriculteurs sont venus en renfort. Il est un peu plus de 10 heures quand le cortège d’éleveurs et de chariots pénètre à l’intérieur du centre commercial. Prévenu la veille, le directeur du magasin s’est engagé à ne pas remettre les articles en vente, l’espace de 24 heures. «
On laisse faire, on a eu des consignes
», lâchent les agents de sécurité. «
On les soutient, on va afficher une note, pour expliquer que les produits sont momentanément indisponibles
», précise Sébastien, chef du secteur alimentaire.

« Tout le monde prend des marges sur notre dos »

Lait, fromage, crème fraîche’ Un à un, les étals sont vidés de leur marchandise, remisée en réserve. «
On est conscients de la valeur de ce que l’on produit, on n’est pas là pour gaspiller
», insiste Jean-Christophe Rufin. À ses côtés, François, éleveur à Prisches, attire l’attention sur le prix du litre, qui flirte avec l’euro, pour quelque 20 grammes de matières grasses (demi-écrémé). «
Nous, pour être payés 24 centimes le litre, on est obligés de livrer à 38 grammes de matières grasses. Lactalis en enlève près de la moitié et fait du beurre avec.
» Aurélien, producteur à Élesmes, enfonce le clou. «
Tout le monde prend des marges sur notre dos, et Lactalis met déjà un peu en plus pour nous soutenir (trente euros pour les mille litres, en juillet) », mais si c’était à refaire, le trentenaire ne se lancerait pas dans l’élevage. «
On demande juste à pouvoir vivre de notre métier
», appuie Jean-Christophe Rufin.

«
Il faut les soutenir, on est tous escroqués, peste Nathalie, une cliente roséenne qui repose à la hâte des produits Lactalis sur les gondoles. Je vais prendre une autre marque, ils méritent de gagner un peu plus.
» Gérardine, de Jeumont, paraît du même avis. «
Ce n’est pas normal qu’ils ne soient pas assez payés. Ils ont raison de faire ça.
»

Les agriculteurs promettent d’autres actions. «
Il faut qu’on tienne.
» La lutte, pour la survie de leurs exploitations.

La revendication des éleveurs

«
Nous, notre revendication, c’est d’être payés 300 les 1 000 litres.
» Dans un communiqué, la FDSEA rappelle qu’en 2014, les 1 000 litres étaient rémunérés 365,40 . L’année suivante, c’était près de 60 de moins. «
Nos exploitations ont subi une nouvelle baisse sur le premier semestre 2016 de l’ordre de 10 %
», (270 / 1 000 litres).

La proposition de Lactalis

Lors des négociations engagées suite au mouvement à Laval (siège de Lactalis), l’industriel laitier a proposé une hausse de 15 pour mille litres (soit 1,5 centime de plus par litre). «
Le mépris à notre égard
», s’indigne Jean-Christophe Rufin.

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