Les Aubrystes tentent un retour sur le devant de la scène

Les Aubrystes tentent un retour sur le devant de la scène

Après une première tribune au canon dans Le Monde en février, Martine Aubry relance donc son initiative, par le truchement d’une invitation à une rencontre à Montpellier juste avant l’université d’été du PS, assortie d’un texte politique, exercice qu’elle affectionne, qui sortira la semaine prochaine selon François Lamy, son bras droit.

«
Ce qui est prévu, c’est une rencontre avec ceux qui avaient signé la tribune de février pour commencer à réfléchir ensemble à la réinvention de la gauche. Nous faisons partie de ceux qui pensent que les gauches et les écologistes ne sont pas irréconciliables. D’ailleurs, nous ne pourrions pas gagner sans ce rassemblement
».

Daniel Cohn-Bendit devrait en être, Christiane Taubira a été approchée mais ne devrait pas venir et les frondeurs sont les bienvenus peut-on lire chez nos confrères de Libération. Reste qu’on peut se demander ce que pèse encore l’« Aubrysme » à gauche alors que nombreux sont ceux qui au PS ont appris à faire sans la maire de Lille. Le rendez-vous de Montpellier, proche de celui donné par Arnaud Montebourg à Frangy-en-Bresse permettra de d’évaluer les forces.

Une « fédé bis » dans le Nord

En attendant, dans l’ex-bastion du Nord où les Aubrystes sont sortis perdants des élections internes de 2015 face aux « Kannériens », les troupes se mobilisent également pour «
faire vivre la sensibilité
» de la maire de Lille, au sein du mouvement « Réussir 59 », annoncé dès l’été dernier par Gilles Pargneaux, ex-premier fédéral du Nord. Même si là aussi on conteste formellement toute velléité de contourner le parti, voire de constituer « une fédé bis », ce dont les accusent les responsables fédéraux aujourd’hui dans L
e Canard Enchaîné, suite à une réunion qui s’est tenue le 6 juin. Martine Filleule, nouvelle première fédérale ne veut pas croire en une structure concurrente localement, et le député lillois Bernard Roman, proche de François Hollande, parle de «
fractionnisme
», «
indigne des enjeux du moment
».

«
Je ne comprends pas pourquoi la fédé et Martine Filleul surréagissent sur Réussir 59. On a même tenu une AG fin mars dans les locaux de la fédé à Lille, ça se fait en toute transparence
», indique le maire de Lomme Roger Vicot, qui a démissionné de son rôle de nº2 de la fédé cet automne. «
Les sensibilités au PS, ça n’a rien de nouveau, il y en a d’autres
», poursuit-il, évoquant par exemple le pole réformateur de Gerard Collomb, à droite du parti.

«
L’idée c’est vraiment de se réunir entre personnes qui ont des idées communes sur un certain nombre de sujets, comme la Loi travail, mais aussi l’intégration, la fin de vie’ Martine Aubry n’est pas dans une visée destructrice, au contraire, elle veut apporter sa pierre. Et elle ne nous a jamais demandé de nous structurer
», témoigne à son tour Anne-Lise Dufour, député-maire de Denain. «
Ça va plus loin qu’un simple courant puisqu’il s’agit d’un lieu de débat ouvert aux syndicalistes, aux membres de la société civile’
».

Pourquoi ne pas porter ce débat dans les instances fédérales «
Il l’est
», assure François Lamy. Reste que des témoignages font état de conseils fédéraux houleux, où le débat est rendu impossible, notamment par des interventions musclées de sections très favorables à Manuel Valls, comme celle de Wattrelos.

Pas de « fédé bis », pas « d’université d’été bis », promis juré disent les Aubrystes. Mais personne de ce côté pour nier que, quel que soit le résultat de la présidentielle, il faut dès aujourd’hui repenser la gauche. «
Nous ne pensons pas comme Manuel Valls que les gauches sont irréconciliables, ou qu’il y a deux gauches. Il y a la gauche, qui doit s’unir sur des valeurs communes
», conclut Roger Vicot. L’après est dans toutes les têtes. Et les Aubrystes entendent y jouer un rôle. En reprenant le parti en 2017

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