L’école le chantier inachevé de François Hollande

L'école le chantier inachevé de François Hollande

« La grande priorité, c’est la jeunesse. » Lorsqu’il était candidat à la présidentielle, François Hollande avait annoncé les grandes lignes de ce qui devait être l’un des piliers de son quinquennat : 60 000 nouveaux postes dans l’enseignement, réforme des rythmes scolaires, réduction du décrochage scolaire’ Un chantier ambitieux, d’autant que la France était déjà en bas de tableau dans les classements internationaux évaluant la réussite scolaire. Pis, l’école, censée jouer le rôle d’ascenseur social, reproduit les inégalités.

60 000 emplois dans l’éducation’ pérennes

C’est la mesure phare du candidat. Voulant rompre avec la présidence Sarkozy, qui avait vu une forte baisse des effectifs dans l’éducation, François Hollande plaidait pour la création de 60 000 emplois d’enseignants . Quatre ans plus tard, le 2 mai 2016, il a confirmé cet objectif pour la fin du quinquennat alors que 35 200 postes avaient été créés à la rentrée 2015.

Pourtant, comme l’expliquait Le Monde, ces créations sont davantage des « jeux d’écriture », car la majorité des créations depuis 2012 concerne des stagiaires. « Or, depuis 2012, il n’y a pas de miracle. Le recrutement des stagiaires est savamment calibré pour compenser les départs en retraite des professeurs, à peine plus. La préoccupation n’est ni d’offrir des moyens d’enseignement sur le long terme aux 12,3 millions d’élèves ni de réellement transformer l’école primaire, comme promis « , avançait le quotidien.

Le retour de la formation des enseignants

Le rétablissement de la formation théorique et pratique des enseignants supprimée sous la présidence Nicolas Sarkozy a été mis en uvre dès la rentrée 2013, avec la création des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) pour remplacer les défunts IUFM.

En 2013, le ministre de l’éducation, Vincent Peillon, avait promis d’aller plus loin en modifiant la rémunération des professeurs des classes préparatoires , jugée trop élevée, pour dégager 20 à 30 millions par an, au profit des ZEP. Après une grève particulièrement suivie, le ministre de l’éducation, il a finalement fait machine arrière.

Une grande loi sur l’école

Spécialité numérique au bac , création d’un cours de morale laïque , langue vivante obligatoire dès le CP : toutes ces mesures figuraient dans le grand projet de loi sur la refondation de l’école  adopté en 2013 après une concertation des professionnels.

L’une des priorités de cette loi était la réduction du décrochage scolaire. Si François Hollande promettait de la diviser par deux , la réussite de ce chantier est difficile à évaluer, tant les indicateurs diffèrent pour mesurer cette réalité. Le chiffre le plus récent, fourni par la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, fin 2015, fait état d’une baisse de 20 % du phénomène entre 2010 et 2014. Le gouvernement annonce de son côté consacrer, depuis 2015, une enveloppe de 50 millions d’euros à ce sujet.

Le dernier avatar de ce chantier est l’annonce, en avril, d’une aide ponctuelle de 1 000 euros pour quelque 12 500 jeunes qui reprendraient leurs études.

Rythmes scolaires : la semaine, mais pas les vacances

Comme prévu pendant la campagne, François Hollande a réformé les rythmes scolaires en rétablissant la semaine de quatre jours et demi, en allégeant la journée de travail et en développant les activités périscolaires, à partir de la rentrée 2013. Pour des raisons financières et pratiques, le gouvernement a accepté de repousser l’application de la réforme à la rentrée 2014 pour certaines communes, qui déploraient le manque de moyens alloués par l’Etat pour faire face à leur nouvelle charge périscolaire.

S’il a allongé les vacances de la Toussaint à deux semaines, le gouvernement a toutefois renoncé à réduire la durée des congés estivaux, comme l’avait suggéré en 2012 l’équipe de campagne de François Hollande.

La petite enfance, un terrain délaissé

Durant la primaire socialiste, le candidat Hollande s’était engagé à 500 000 places d’accueil supplémentaires pour accueillir les jeunes enfants . Après sa désignation comme candidat du Parti socialiste, l’ancien premier secrétaire du PS avait toutefois fait valoir qu’il ne comptait pas s’engager sur des objectifs chiffrés, au risque de « venir dans cinq ans vous dire que j’ai échoué ». Une précaution salutaire au regard des résultats cinq ans plus tard : selon le Haut conseil de la famille (HCF), seules 14 000 places ont été créées en 2013, et 11 000 en 2014.

Par ailleurs, selon le même HCF, la scolarisation des moins de 3 ans, que le candidat voulait multiplier par trois , continue de stagner.  En 2016, 11,7 % des enfants de moins de 2 ans étaient scolarisés. « Nous progressions, mais à un rythme trop lent », a reconnu Najat Vallaut Belkacem, qui a pourtant ouvert 1 100 classes spécifiques et créé 3 000 postes pour la préscolarisation. L’augmentation est en revanche un peu plus rapide dans les quartiers populaires jugés « prioritaires » , où 20,7 % des moins de 3 ans étaient scolarisés en maternelle en 2015, avec un objectif de 30 % en 2017.

Quand à la « loi Baby Loup » sur la neutralité religieuse dans les structures accueillant les enfants , elle est toujours perdue dans les méandres du calendrier parlementaire, après son adoption en première lecture par les députés en mai 2015.

Les filières professionnelles revalorisées

Lors de sa campagne, François Hollande annonçait une vaste réforme pour revaloriser les filières professionnelles . Objectif : garantir un « quota de places significatives en IUT et en BTS » pour les titulaires du baccalauréat professionnel. Une réforme votée en 2013 qui semble avoir porté ces fruits, avec une augmentation à la rentrée 2014 de 12,5 % des propositions d’entrées des bacs pro en BTS, et de 7 % des bacheliers technologiques dans l’ensemble de l’enseignement supérieur.

L’idée un temps envisagée de créer une filière professionnelle spécifique dans l’enseignement supérieur a toutefois été abandonnée.

Les parents d’élèves bientôt reconnus

En mars 2012, François Hollande promettait aux parents d’élèves de leur accorder de nouveaux droits par décret , « sans attendre que l’Assemblée soit renouvelée » lors des législatives de juin. Ledit décret n’a finalement été sorti de l’oubli par Najat Vallaud-Belkacem que fin 2015. Il devrait s’appliquer à la rentrée 2016, et prévoit notamment une indemnisation pour les parents qui participent à des réunions.

Le financement du privé maintenu

La loi Carles de 2009 et sa circulaire d’application, prise quelques semaines avant la présidentielle de 2012, avait suscité les foudres de la gauche, qui jugeait qu’elle favorisait l’enseignement privé au détriment du public en facilitant son financement par les communes.

Mais contrairement à ce qu’il avait promis, François Hollande n’a finalement pas révisé les modalités d’application de cette loi , jugeant qu’elle n’avait finalement pas modifié l’équilibre entre le public et le privé.

Dylan Gamba

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