L’éco de l’Euro , les résultats sportifs en adéquation avec les performances économiques ‘

L'éco de l'Euro , les résultats sportifs en adéquation avec les performances économiques '

Les Éc(h)os de l’Euro est une série de billets consacrée à l’EURO 2016 en France. Dans ce second opus, nous nous penchons sur les performances sportives des protagonistes de l’Euro entre 1960 et 2012′ et examinons conjointement leurs performances économiques.

Après avoir, dans le premier billet, établi des hiérarchies entre les 24 participants à l’Euro selon des critères démographiques et économiques, tentons maintenant d’établir une hiérarchie sur le critère de leurs performances lors des 14 éditions passées de l’Euro. Puisque les premières phases finales de l’Euro ne regroupaient que 4 équipes, on se contentera d’attribuer un score aux 4 demi-finalistes de chaque édition. Choisissions d’attribuer 8 points à chaque vainqueur, 6 points à chaque second, et, lorsqu’un match pour la troisième place a eu lieu, 4 points au troisième et 2 points au quatrième. En l’absence de match pour la troisième place, on accordera 3 points à chacun des demi-finalistes malheureux. Ainsi, 20 points sont attribués pour chaque Euro s’étant disputé entre 1960 et 2012. Le cumul des points obtenu par chaque nation est complexe à établir en raison des bouleversements géopolitiques intervenus à la suite de la chute du mur de Berlin. Nous ferons les choix arbitraires suivants : les performances de la RFA seront additionnées avec celles de l’Allemagne, celles de l’URSS avec celles de la Russie et celles de la Tchécoslovaquie avec celles de la Tchéquie.

Ce classement à la performance sportive nous rappelle que les pays du bloc soviétique (URSS, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Hongrie) furent, dans la période 1960-1976, de grands acteurs des championnats d’Europe de football. L’URSS fut même finaliste en 1988, quelques mois avant son démembrement. L’Euro aura ainsi été, contrairement à la Coupe du Monde, un terrain propice à l’épanouissement du football socialiste, comme en témoignent les victoires soviétiques (1960) et tchécoslovaques (1976), sans oublier les deux finales yougoslaves (1960 et 1968). L’Euro aura aussi longtemps été le seul terrain témoin d’une victoire de la Roja, l’équipe nationale d’Espagne (en 1964) : si le Real de Madrid et le FC Barcelone gagnaient déjà sur tous les terrains d’Europe, la sélection nationale peinait à se construire un palmarès. Avec l’incroyable série des victoires en 2008, 2010 (en Coupe du Monde) et 2012, le palmarès de la Roja a trouvé un rang plus conforme au niveau du football espagnol. En revanche, pour la sélection des three lions, l’équipe nationale anglaise, l’Euro laisse des souvenirs amers. Seules deux demi-finales (1968 et 1996) ont été atteintes, ce qui classe l’Angleterre derrière la Grèce ou le Danemark (vainqueurs inattendus en 1992 et 2004) et même derrière le Portugal (finaliste en 2004).  A l’autre extrémité du classement se trouve l’Allemagne (considérée ici comme le prolongement de la RFA) qui a disputé 6 finales en 14 éditions, raflant 3 titres. Mais cette suprématie allemande ne s’est construite qu’à partir de 1972, avec un leadership ne s’affirmant définitivement qu’à partir de 1992.

La France, dépassée par l’Espagne puis l’Italie

Dans ce classement à la performance, la France, devenue 4ème après son sacre à l’Euro 2000 s’est dernièrement faite déborder par l’Espagne puis l’Italie. Elle se classe ainsi désormais 6ème, « pas tout à fait ex aequo » avec les Pays Bas (elle a en effet remporté 2 titres contre 1 seulement pour les néerlandais).

Ce déclassement français est-il en phase avec les performances économiques du pays ‘ Au prix d’un parallèle héroïque, comparons l’évolution des PIB par tête de ces 6 pays depuis 1960  :

Ce graphique a pour première vertue de rappeler que, en dépit de quelques succès sur le terrain sportif, le système soviétique ne fournissait pas de bonnes incitations aux acteurs des économies concernées. Se réinsérer dans le concert des autres puissances est une tâche longue et difficile. Du côté des nations de l’ouest, on note tout d’abord qu’il existe une certaine ressemblance entre les profils économiques et sportifs allemands : les succès sportifs semblent accompagner l’inexorable progression de l’économie allemande. A l’inverse, la bonne santé sportive espagnole depuis 2008 est corrélative à un décrochage économique sévère. La France, quant à elle, fait l’expérience d’une parfaite adéquation entre ses stagnations économique et footballistique depuis le début du millénaire’ Au risque d’enfoncer le clou, profitons de ce petit billet pour souligner quelques réalités économiques impitoyables.

Une façon simple d’apprécier les performances économiques respectives de deux pays (et donc la qualité de leurs législations et de leurs institutions politiques et sociales) est de comparer les évolutions de leur PIB par tête sur période longue. En observant le ratio du PIB par tête français sur celui du Royaume Uni, un constat sans appel peut-être effectué :

Alors que le PIB par tête français était 9,45 % supérieur au PIB par tête du Royaume Uni en 1981, il est en 2014, 14 % plus faible. On objectera qu’il s’agit peut-être là d’un simple retour à la normale puisque nous retrouvons là le niveau de 1964 ! Mais l’examen du même ratio entre la France et l’Allemagne n’est pas de nature à conforter les plus optimistes : depuis 2005, le décrochage est vertigineux !

Au vu de ce double constat impitoyable, la question pourrait se poser de l’opportunité d’une relance de l’économie par la dépense publique. De très nombreux élèves et d’étudiants ont appris que, en cas de panne de l’activité, il convient d’envisager une relance keynésienne de l’économie. Avant de se lancer dans une telle aventure, examinons si le décrochage français est imputable à un trop faible niveau de la dépense publique :

Non seulement la dépense publique française a déjà dépassé tous les stades de l’obésité (record des pays développés), mais c’est plutôt la réduction de la dépense publique qui semble corrélée avec la retour de la croissance. Rappelons enfin que la dépense publique française qui représente 57,2 % du PIB en 2014, n’en représentait que 35,5 % en 1960, année du premier Euro de football (et qu’elle n’est aujourd’hui que de 38,2 % aux États-Unis)’

Lors de l’Euro 2016, la Mannschaft prendra-t-elle le dessus, comme en 2014, sur l’équipe de France Si l’issue de la compétition sportive demeure incertaine, celle de la compétition économique est, en revanche, déjà parfaitement connue : les bleus ont été battus à plate couture par leurs voisins d’outre-Rhin. Comment ne pas rappeler que ces derniers ont,  il y a déjà plus de 10 ans, voté leur propre loi « Travail » et entamé un processus de réduction réelle de la dépense publique (réformes Hartz)’ L’actualité économique et sociale rejoint toujours l’actualité sportive (à moins que ce ne soit l’inverse).

A suivre Les Éc(h)os de l’Euro (3) : Quel est le véritable « groupe de la mort » issu du tirage au sort des groupes de l’Euro 

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